La nuit, les pensées m'envahissent.

VIVRE SANS PASSION

VIVRE. C'est quoi, vivre ?

Sur internet, il est dit de la vie qu'il est question d'exister, et que la vie dure plus ou moins de temps. Mais de quoi parlent-ils, au juste ? Vivre, ce n'est pas qu'une question d'existence, n'est-ce pas ?

Sommes-nous passifs d'exister ? Ou vivre est-ce également avoir, mener, quelque chose de plus actif ?

Qu'est-ce qui constitue la vie ? Sommes-nous tous égaux face à « elle » ?

Tant de questions, peut-être est-ce un nouvel intérêt qui se forme : s'interroger sur tout, sur la vie, l'essence même de mon existence et celle des autres.

Je ne peux concevoir la vie sans quelque chose qui l'anime : la passion.

Je considère qu'une vie passionnée est comme une bougie allumée d'une belle flamme, qui vit grâce à ce qui l'entoure, et qui ne mourra jamais à moins d'en être privée.

Mais alors comment vit-on sans passion ? Comment la flamme d'une bougie peut-elle continuer de vivre si elle n'a plus de quoi poursuivre son existence ?

La flamme dansante de mon être s'éteint, peu à peu, comme une fleur qui se meurt, qui fane, qui rend l'âme. Je me meurs, je me remplis de vide, et le vide ne part plus. Il prend toute la place.

Reste-t-il un peu de lumière dans ce trou noir ? Un dernier recours ?

Oh, c'est l'espoir, que je vois au loin.

J'ai l'impression que la passion peut être liée de près ou de loin à l'espoir, car comme la passion, l'espoir anime.

Peut-être est-ce pour cela que je m'accroche autant à la vie, parce que j'ai l'espoir d'être à nouveau animée par quelque chose, et parce qu'au final, l'espoir est une flamme plus puissante que la passion, elle me brûle de l'intérieur, elle comble l'attente d'une vie passionnée, elle vit en moi depuis si longtemps, peut-être depuis que je ne suis plus animée justement, et aussi triste soit-il, cet espoir est la plus belle passion que je n'ai jamais eue.

L'espoir m'a guidé à travers mes passions naissantes d'adolescente, il m'a animé lorsque plus rien ne le faisait, et depuis, il ne me quitte plus.

Peut-être est-ce pour me protéger que l'espoir est venu se coller à moi, et pour me permettre de rêver encore un peu ?

Sans l'espoir, je ne serai plus.

Alors vivre sans passion, qu'est-ce que ça fait ?

C'est d'un calme plat, d'un silence de funérailles, c'est vide et presque lugubre.

Vivre sans passion c'est s'ennuyer, avoir des joies et envies, mais jamais assez pour que cela dure, c'est avoir des pulsions, des envies soudaines, qui partent aussi rapidement qu'elles sont venues, me laissant seule avec moi-même.

Vivre avec soi, c'est dur au fond. Pour ma part, c'est comme si j'étais locataire de mon enveloppe charnelle, et que je me demandais quand s'arrête le bail. Je suis obligée de me coltiner ma chair, et je me la traine. En vrai, je devrais en être reconnaissante, c'est elle qui me traine.

Vivre sans passion, c'est peut-être se poser des questions sur tout, vu que mon esprit n'est plus occupé par rien. Vivre sans passion, c'est comme une nouvelle vie, c'est s'autoriser à voir de nouveaux horizons sans l'engagement de l'activité, vivre sans passion c'est peut-être aussi ne pas se mettre dans la case de « je suis passionnée par ci », « je suis passionnée par ça ».

Vivre sans passion, c'est mourir et se laisser l'occasion de revivre à tout moment.

C'est comme un corps, qui attend que la vie vienne à lui.

Ça pourrait être beau de vivre sans passion, être vide dans l'impatience d'être comblé, et en attendant, l'espoir me berce, me câline, et s'impatiente avec moi.

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