PROLOGUE
Nous pensons que fuir n'est pas la meilleure façon de réagir en situation de crise...
Mais à y repenser, tout comme la gazelle fuit le lion ou la souris fuit le chat, c'est l'instinct de survie qui prend le dessus.
Fuir ne veut donc pas dire être faible ou lâche ; nous fuyons seulement sans avoir conscience que c'est la meilleure solution. La dernière. C'est lorsque notre corps juge bon de prendre à pleine mains les rênes du cerveau pour éviter de finir dans les griffes des prédateurs, de nos prédateurs.
Alors je cours pour fuir, les fuir. Je suis la petite crevette prise en chasse par une dizaine de requins aux dents acérées.
Je n'ai pas besoin de les entendre ni de les voir pour savoir qu'ils sont dans les parages. J'ai la sensation que leur présence irradie la forêt d'obscurité, qu'elle suinte de la terre boueuse, de l'écorce des arbres, que leurs souffles se mêlent au vent soulevant mes cheveux.
Mes jambes griffées par les ronces et maculées de boue soutiennent avec difficulté le reste de mon corps, pourtant léger.
ma respiration siffle à la manière d'un animal agonisant, mais a bien y repenser, c'est exactement ce a quoi je dois ressembler.
Je pense à toutes les choses atroces que l'on m'infligera s'ils me rattrapent, mais ce doit être le risque à prendre pour être enfin libre, n'est-ce pas ?...
Le sol boueux, jonché d'une épaisse couche de feuilles mortes, aspire mes pieds à chaque pas et rend ma course encore plus fastidieuse.
Quelle idiote tu fais ! Il te suffisait de rester dans les rangs, de ne pas te poser de questions et de te contenter de vivre sous les ordres... Au lieu de cela, tu t'est enfuie, en signant par la même occasion ton arrêt de mort.
De toute façon, il est trop tard à présent...
Le froid crispe mes doigts et mord mon visage.
Mais cela n'empêche en rien cette boule de feu de brûler dans mon ventre sans jamais se consumer. Elle est ma peur, mon angoisse. Elle se liquéfie en moi comme du métal au milieu d'un brasier, une potion enflammée qui s'écoule dans mes veines. Elle électrise mes muscles et paralyse mes pensées.
A présent, ce n'est plus seulement une impression, ils sont tout près. Je peux entendre leurs pas cadencés frapper le sol en rythme.
J'accélère le mouvement. L'adrénaline me le permet.
Mon gladiateur intérieur cours en hurlant dans l'arène, coursé par un lion.
Ils s'approchent. Je scrute les alentours à la recherche d'un éventuel échappatoire, une chance inattendue se présente.
Le passage entre deux arbres serrés sur le côté droit du chemin me fait de l'œil. Il est situé à environ cinq mètres devant moi. L'ouverture est étroite mais je devrais arriver à passer de côté.
Pour utiliser l'effet de surprise, je fonce, tête baissée, droit devant. Quand je juge le moment propice, je plonge sur le côté effectuant un pas chassé vers la droite, me faufilant de profil entre les deux arbres.
L'écorce déchire la peau de mon dos, m'arrachant un grognement de douleur.
Je me débats légèrement et m'extirpe de la fente. Je repars aussitôt dans ma course. Sans un regard vers l'arrière, je fais abstraction de la douleur traversant mon dos. Plus aucun son ne parvient à mes oreilles, excepté le doux bruissement des feuillages; je les ai semés.
Mon gladiateur intérieur à assommé le lion avec son bouclier et fait des courbettes au public.
A présent, il fait sombre. J'observe cette forêt dans laquelle je me suis introduite. Les arbres sont serrés, un mètre les sépare les uns des autres. Leurs branchage et feuillage poussent essentiellement en leur point culminant, formant un plafond filtrant la lumière du jour.
Je zigzague entre les arbres pendant un temps qui me parait infini avant de pouvoir enfin apercevoir la lueur du jour. Elle forme une tâche circulaire, s'accroissant à chacun de mes pas.
Je suis sale, fatiguée et blessée. Chaque muscle et chaque cellule de mon corps se bat contre mon état de faiblesse. L'espoir et le soulagement courent à une vitesse folle sous ma peau.
Je franchis la sortie de la forêt tel un coureur passerait la ligne d'arrivée à la fin de son marathon.
Mais au lieu d'applaudissements, je suis gratifiée de gifles que m'assènent les branches.
A l'extérieur, le soleil réchauffe ma peau. Je savoure ce contact de chaleur si agréable. J'incline un instant mon visage vers le ciel, yeux fermés, tout en terminant ma course.
Je ressens ce soulèvement si caractéristique dans mon cœur comme si une marche se dérobait sous mes pieds.
Et lorsque mon corps plonge brutalement vers l'avant, j'ouvre les yeux d'un mouvement rapide. Le gouffre d'une pente ouvre sa gueule sous mon corps. Voyant le sol venir à mon encontre, je me recroqueville sur moi-même tel un nourrisson dans le ventre de sa mère. Mes membres battent dans les airs comme ceux d'une poupée désarticulée.
Dans un lourd fracas, j'atterris. Le choc contre ma colonne vertébrale m'arrache un rugissement. Mes os s'entrechoquent, craquent mais je n'ai pas le temps de me stabiliser que j'ai déjà rebondis dans les airs poussant un second cri rauque. Je flotte un court instant, avant de retomber en effectuant à la fois une roulade et un plongeon.
J'entame une dernière roulade aérienne, battant des cils, j'aperçois une masse grise irrégulière se matérialiser devant moi. Un rocher ? il envahit à présent mon champ de vision. De toute évidence, nous allons entrer en collision. Chaque parcelle musculaire de mon corps se crispe ; mon crâne se fracasse littéralement contre la roche.
Un vrombissement infernal inonde mon cerveau. il est tel que je ne peux plus réfléchir.
Il n'y a plus que l'obscurité qui m'enveloppe dans son néant brumeux....
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Merci de m'avoir lu. En espérant que cela vous a plu ! ;)
premier chapitre à paraître bientôt !
PS: le média de ce prologue est censé être la première de couverture de cette histoire, mais l'image ne rentre pas dans le cadre... Donc regardez-la bien, elle représente tout ce roman. <3
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|Hard Reality| (en pause pour cause de réécriture)
Science FictionElle nous surplombe, ses yeux sont dans les foyers, sur les façades. Sa grande main se referme sur les jeunes de downtown. Nous sommes du même peuple, mais downtown est comme de la poussière sous leurs meubles. Et moi, j'aurai aimé m'être mieux cac...