Chapitre 3 - Yakimono

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Comment décrire un tel endroit, que les colonnes en bois surélevaient merveilleusement, que la lumière imprégnait, que la douce chaleur berçait. Une odeur d'argile, de peinture et d'huile planait. Une brume légère entourait le lieu, elle aussi délimitée par d'autres maisons luxuriante et fidèle à l'architecture traditionnelle japonaise. La jeune femme avait installé son atelier juste à côté de chez elle, au milieu des boutiques centenaires et des autres artisans ; l'endroit était féérique, idyllique. Ici pas de fenêtres, pas de portes. Les pièces étaient accolées les unes aux autres et changeaient de fonction à loisir. Le vide de la maison était organisé hiérarchiquement et logiquement pour suivre tout le processus de fabrication des poteries et céramiques. Le sol était constitué de couches de paille de riz superposées et compressées, puis recouvertes d'une paille tissée. Le tatami n'était présent qu'à l'entrée, dans toute la partie boutique, si bien que les clients se déchaussaient pour passer leurs commandes ou venir acheter quelques vaisselles et autres décors pour leur maison. 

Pour avoir accès aux zones de productions, il fallait ensuite passer par un engawa, sorte de véranda permettant une connexion entre toutes les pièces. Elle était protégée par un noki, auvent qui protégeait le patio du vent, du soleil et de la pluie. La première pièce possédait un sol en parquet non ciré. C'était sans doute la plus lumineuse de l'atelier. Les fenêtre y étaient ouvertes en quasi continu, été comme hiver ; elle renfermait toute la créativité de la jeune femme. A gauche, un immense plan de travail en bois, car la céramique et les poteries n'adhéraient pas à cette matière et permettait à l'artiste de pouvoir la travailler sans risque d'endommager son travail. On y apercevait deux tournettes, de nombreuses éponges emmanchées, des ébauchoirs en bois principalement, mais en acier trempé parfois aussi, des mirettes, une harpe à couper la terre, des estèques, des scrapers, de petits couteaux, des peignes, des poincons, des compas de potiers, des tournassins et une bonne cinquantaines de pinceaux, tous plongés dans un curieux mélanges de liquides qui permettaient aux poils de garder douceur, souplesse et maniabilité. 

Sous l'établi, de nombreux sceaux qui renfermaient les matières premières, à savoir des terres et matériaux minéraux divers qui servaient aux sculptures ; un maximum d'étagères sur lesquelles étaient minutieusement rangées du matériel, des bassines, ainsi qu'une radio un peu ancienne, mais tout à fait fonctionnelle et sur l'une des planches, des règles fonctionnelles avaient été accrochées. A la droite, un nouveau plan de travail toujours fait du même bois sur lequel reposait des emportes pièces, des pulvérisateurs et de petits outils pour faire des empruntes dans la terre. Enfin, un petit point d'eau pour nettoyer le matériel et les mains pleines de terre. 


La seconde pièce était dédiée à l'étape du séchages. Des centaines de pièces reposaient toutes sur d'autres étagères, attendant sagement d'être cuites, émaillées et parfois peintes. Enfin, le bout de l'atelier conduisait à la salle des fours. 

Un tablier noué autours de la taille, Hisae fronçait les sourcils, concentrée sur une boule de grès qu'elle tentait de former pour obtenir une tasse à thé. Ses doigts s'enfonçaient doucement dans la terre pour lui donner la forme d'une tour dans laquelle elle creusa un puis large de quatre doigts. Souvent, elle mouillait ses mains pour faire de la barbotine. Elle écrasa la matière avec sa main droite et l'étira vers le haut avec la gauche. Le travail était lent, mais cela ne la dérangeait pas. Lorsque sa pièce fut terminée, elle retira l'excédent de barbotine et coupa le verre à l'aide de sa harpe avant de le poser sur une étagère, accompagné d'autres tasses à thé qui attendaient bien sagement de sécher avant leur première cuisson. Alors qu'elle s'apprêtait à entamer la sculpture d'une autre tasse, un son de carillon lui fit relever la tête : un client venait d'entrer dans la boutique. D'une voix forte pour être entendue, elle annonça qu'elle arrivait immédiatement et essuya ses mains sur son tablier alors qu'elle changeait de pièce.

Jujutsu Kaisen - Inumaki Toge x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant