Chapitre 28

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J-0

Après avoir lu et pris connaissance de tous les éléments ci-dessus, vous vous posez sûrement tous cette même foutue question : qu'est-ce qui s'est passé lors du J-0 ? Vous vous imaginez peut-être que tout a débuté avec une vague de violence et de chaos au sein de l'Unité fantôme qui s'est ensuite propagée dans le reste du pays. Eh bien, désolée de vous décevoir, mais ça n'a pas vraiment été le cas. Le J-0 a pris place lors du 14 décembre 2030, et tout commença très tranquillement. Le calme avant la tempête, si vous voulez.

C'était une matinée comme les autres, autour de 10h. Je venais de revenir d'une mission en Inde, et avais plus hâte que jamais de revoir mes amis et collègues après le travail. Mais avant de faire cela, j'avais choisi de prendre ma moto jusqu'à un des étangs du domaine autour de la base. Je m'y rendais assez souvent, au petit matin, et m'y posais pendant une heure ou deux. Je m'allongeais tranquillement sur l'herbe légèrement humide, faisais face aux branches des arbres et apercevais la lumière du soleil passant à travers, avant de fermer mes yeux. J'écoutais le son des oiseaux chanter, ainsi que l'eau de l'étang qui s'écoulait lentement.

J'appréciais ce calme, cette sérénité. À chaque fois que je revenais de mission ou avais besoin d'un endroit pour réfléchir, je m'y rendais sans aucune hésitation, sachant que personne ne viendrait m'y déranger.

Tout semblait juste si bon, si paisible, lorsque j'entendis quelque chose qui y mit subitement fin. Il s'agissait d'une série de détonations venant du nord, là où se trouvait la base. Ce son était fort, bruyant et faisant écho partout au point de faire fuir les animaux, comme si un feu de forêt venait de s'allumer.

J'étais à peine sur mes pieds mais me ruais d'ores et déjà vers ma moto qui était équipée d'un talkiewalkie :

« Allô ? Allô ? demandai-je rapidement avec inquiétude. Ici le major Tessa Kaufmann, est-ce que vous me recevez ? Allô ?! Je répète, ici le major Kaufmann, est-ce que vous me recevez ? »

Je suis plus ou moins sûre d'avoir répété ces mots une bonne dizaine de fois, toujours dans le vide, avant d'écouter le son que j'obtenais en retour : un grésillement constant et à intensité variable, provenant du haut-parleur. Il n'y avait personne d'autre de l'autre côté de la ligne. C'était comme si tous nos réseaux de communications avaient été coupés.

Je n'attendis pas plus longtemps pour sauter sur ma moto et me diriger à toute vitesse vers la base, sans savoir ce qui se passait, ou ce que j'allais y trouver. En me rapprochant, je pouvais percevoir de la fumée noire sortant de certaines parties du bâtiment, que n'importe qui pouvait repérer à un kilomètre à la ronde.

Une fois que j'eus atteint l'entrée, j'éteignis de suite les engins et me ruai à l'intérieur, sans oublier de prendre mon arme avec moi. J'entrais dans le bâtiment et traversais quelques couloirs, tous emplis de ce même silence morbide et terriblement lourd. Je continuai à marcher avec assurance, jusqu'à ce que je repère plusieurs tâches de liquide rouge sur le sol. Je ne voulais pas exprimer de conclusions hâtives, mais j'avais bien peur de savoir de quoi il s'agissait : du sang.

Je suivais la trace de celui-ci, qui me mena jusqu'au corps d'un homme, un agent, à terre, mort. J'étais horrifiée, mais fis de mon mieux pour rester silencieuse et continuer à marcher. Je priais en espérant que ce serait le seul cadavre que je verrais, mais je réalisai, un couloir plus tard, que ça serait difficilement le cas. Le corridor était empli de corps sans vie, tous allongés dans des mares de sang, un charnier représentant plusieurs dizaines de personnes ! La plupart avait encore leurs armes dans les mains, mais ça ne semblait pas avoir été d'une réelle utilité : ils étaient tous recouverts de sang, soit le leur, soit ceux de leurs collègues.

Vert, comme un uniforme militaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant