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Les chiffres et les phrases s'affichent devant mes yeux et j' appuie sur une des touches de mon clavier. Le programme se lance et au bout d'une dizaine de secondes d'attente, une lettre s'affiche au bas de mon écran. Je chuchote un petit " yes " et me prend la tête dans les mains, épuisée mais triomphante.  Victoria et Di Casiraghi relève la tête en même temps de leurs ordinateurs, et je me maudis d'avoir pris autant de temps pour obtenir juste une série de chiffres, mais je l'ai fait. J'ai réussi à moi-même décoder ce que j'avais codé par sécurité. 

-  Quarante-quatre degrés, trente-huit minutes, cinquante-cinq  virgule huit cent douze secondes Nord et dix degrés, cinquante-cinq minutes, douze virgule trois cent douze secondes Est. 

- Et c'est où, ça ? 

J'ouvre une fenêtre sur mon navigateur, ne pouvant plus contenir l'excitation qui m'envahit. Non seulement je suis fière, mais en plus de ça, j'ai fait mes preuves auprès de Victoria et Thaddeus, et c'est plus précieux que tout car maintenant ils savent que je n'ai pas menti. Je rentre bien entendu les coordonnés GPS dans le service de cartographie en ligne et patiente quelques seconde que ce dernier trouve la localisation précise. Et quand enfin cela arrive, je me tourne vers Di Casiraghi. 

- Modène. Il est à Modène. 

- Modène ? répète t-il. 

- Cet enfoiré se tape le musée Ferrari pendant qu'on est enfermés à bosser comme des chiens, crache Victoria. 

- On sait l'adresse précise ? demande Thaddeus. 

- Pas encore, je dis. Mais je sais que ses mouvements se sont arrêtés il y a deux jours. Donc il se terre là-bas. 

Il hoche la tête et m'ordonne de trouver l'endroit exact où se planque Corelli. C'est la partie la plus simple, je dirais. Il suffit juste de connecter la puce de géolocalisation à l'adresse IP, la carte d'identité de l'ordinateur, et ensuite de rentrer dans le réseau de connexion de l'ordinateur. Cela devrait nous mener à l'adresse exacte où il se trouve. Pourtant, après une dizaine de minutes et alors que je suis en train de pénétrer dans le système de l'ordinateur, le tout plante sous mes yeux et mon programme se réinitialise.

- Putain ! je crie de rage. 

- Qu'est-ce qu'il y a ? 

- L'Ipv4 vient de sauter. 

- Parle notre langue, demande Victoria. Je suis perdue. 

- C'est une adresse IP dynamique, ça veut dire qu'elle se réinitialise tout le temps. 

- A quelle fréquence ? demande Di Casiraghi. 

- Je n'en sais rien mais je dois recommencer. 

Je me retape donc le même processus durant dix longues minutes, et je prie intérieurement pour que l'adresse IP ne change pas en cours de route. Puis j'arrive à une adresse, mais il n'y a pas de numéro pour la maison, et j'arrive à obtenir une photo satellite avec le service de cartographie en ligne. 

- Il habite une maison non répertiorée, mais la rue la plus proche est Cavo Argine. 

Je monte une photo de la grande rue et lui pointe du doigt la maison dans laquelle doit habiter Corelli. Il s'est bien caché, honnêtement. C'était intelligent de rester en Italie mais dans une petite ville, et surtout d'habiter en lisière d'un  champ, à côté d'une route nationale qui pourrait lui permettre de rejoindre l'Est du pays en deux heures. Thaddeus prend une photo avec son téléphone et sors de son bureau pour passer un appel, pendant que j'explique à Victoria comment j'ai fait pour retrouver ça - même si elle ne comprend pas un mot de ce que je raconte. Elle me félicite et pour une fois, je me sens utile au plan et à cette traque sans relâche. Pour autant, j'en profite pour bloquer l'encodage de la position de l'homme que nous recherchons, parce que si il se remet à bouger, il est hors de question que je recommence à décoder pendant cinq heures. Je laisse mon logiciel ouvert en arrière plan pour être connectée à la balise de façon permanente et en être alertée si cette dernière détecte du mouvement. Après quelques minutes d'un interminable attente, Thaddeus revient dans la pièce et s'installe à son bureau, l'air grave. Nous le fixons, puis il nous annonce ce que nous allons faire maintenant. 

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