Chapitre 7 : Le retour

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Trop de lumière. Putain que quelqu'un me remette dans le noir. La douleur sourde me reprit. Où suis je ? Une présence. De la chaleur. Cody ?

"Cody ?"

C'est ma voix ça ? Geignarde et rocailleuse. Faible.

J'entends un grognement. J'entrouvre les yeux pour découvrir la truffe de mon loup. Un soupir de soulagement m'échappe. Je vois très flou.. Je cligne des yeux et tourne la tête. Sur le sol non loin, il y a l'oiseau. Déchiqueté. Le loup a dû le tuer.. Je sens quelque chose sur mon bras. Le loup lèche mes plaies. Je gémis de douleur.

Je remarque alors que ma peau retrouve sa couleur normale là où il a léché. Et les plaies disparaissent. Ce loup est fabuleux.. Mais la douleur est toujours là et je m'évanouis.

~~~

"Alexis.. Quand vas tu te décider à ouvrir les yeux ? S'il te plait.. La lumière de tes yeux si noirs me manquent.. Le son de ton rire me manque.. S'il te plait ouvre les yeux."

Des mots chuchotés près de moi. Des mots doux. Des mots qui me courent sur la peau. Des mots qui affolent mon cœur. Des mots qui assèchent les miens. Des lots qui me rassurent avant que je ne replonge dans l'inconscience.

~~~

J'ouvre les yeux. Les siens sont clos. Je suis allongée dans un lit. Il est à côté de moi. On est face à face et il a sa main dans mon dos. J'observe son visage pendant un long moment. Je suis un peu perdue encore. Comme si ça n'était pas réel.

J'ai une technique pour vérifier si je suis dans un rêve. Chanter du Hendrix intérieurement. Je ferme les yeux et je me passe "The Wind Cries Mary" dans la tête. Je finis toujours par chanter tout haut. Mais là, après m'être assurée que c'est bien la réalité, j'arrête. Je suis trop faible pour ne serais-ce qu'esquisser un semblant de geste. Je reste silencieuse à le regarder dormir pendant peut-être une demi-heure. J'entends sa douce respiration, je sens le mouvement de son torse. Je sens son odeur.

La première fois que j'ai frôlé la mort, quand je suis tombée à mes dix ans, j'ai pas eu le temps de réaliser que j'allais mourir. C'était trop rapide. Mais quand l'oiseau m'a attaqué, j'ai réaliser que je pouvais mourir. Et je n'avais qu'un visage en tête : Cody. Et maintenant il est là, endormi. Je ressens le besoin de le sentir plus que ça.

Je prends toutes mes forces et je soulève mes bras pour les glisser autour de sa taille. Une fois placés, je me mets contre lui, ma tête dans le creux de son cou. Je soupire d'aise. Il m'a tellement manqué.

"Alexis ?"

Sa voix. Elle résonne dans mon corps. Littéralement, vu que nous sommes l'un contre l'autre. Je ne veux pas qu'il entende ma voix dans cet état. Alors au lieu de répondre, je tourne ma tête vers son visage et pose un baiser léger sur sa joue. Il me serre contre lui, son visage dans mon cou. Je sens sa tension. Je passe mes doigts dans ses doux cheveux. Il a un soupir.

Il finit par sortir sa tête de mon cou et me regarde. On dirai que c'est la première fois qu'il me voit. Il caresse ma joue. Je ne peux pas m'empêcher de sourire du coin des lèvres. Je dois être rouge comme une tomate. Je veux dévier les yeux par reflex, mais il me tient. Ses grands yeux me retiennent..

Il s'avance et nos nez se touchent. Je perds l'usage de mes cellules grises. Je suis hors service. Je dois ressembler à un lapin pris dans les phares d'une bagnole. Ressaisis toi ma vieille !

Nous sursautons tous deux violemment en entendant frapper à la porte. Cody se redresse. Il sort du lit où je suis allongée et va à la porte.

Où suis je, au fait ? J'observe la chambre. C'est une chambre de l'infirmerie. C'est logique en fait.

J'essaye de me redresser mais ça me fait trop mal, je lâche un gémissement et retombe. Ça doit être mes côtes. J'ai du me les casser en tombant. Je passe ma main sous mon t-shirt pour me rendre compte que j'ai des bandages. Elles sont bien cassées.

"Tu t'es cassé deux côtés, tu as des griffures sur les bras et les jambes et tu as perdu du sang par une plaie à l'arrière de ta tête."

Je relève les yeux pour voir que Cody et en face du lit, accoudé au mur à me regarder les bras croisés. Il a l'air fatigué.

"Tu as l'air fatigué.."

Ma voix n'est pas si terrible. Un peu faible c'est tout. J'ai sûrement pris froid.

Cody éclate d'un rire nerveux. Pourquoi il rit ?

"Tu es quasiment en miettes et tu t'inquiètes pour moi ?
- Je vois pas en quoi c'est drôle .."

Il me fixe puis vient s'assoir au bord du lit.

"Tu es là depuis deux jours, et moi aussi. Et je dors mal quand je sais que tu es encore inconsciente.. Maintenant ça ira mieux, alors dors."

Je lui tiens la main avant de me rendormir.

TinkerbellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant