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- Non sei italiano. ( Vous n'êtes pas italienne )

Je souris. 

- Inglese. ( Anglaise )

- J'aurais dit Irlandaise ou Canadienne, continue t-il dans un anglais parfait.

- Vous y étiez presque.  

C'est à son tour de sourire. Il me complimente sur ma robe et je fais le compte de toutes les personnes qui m'ont dit que j'étais jolie ; très objectivement, je crois que ce n'est pas faux. Finalement, j'ai bien fait de choisir cette pièce plutôt que la robe blanche.

- Qu'est-ce que vous faite ici, en Italie ? 

- Je suis ici pour une affaire, je dis.

- Quel genre d'affaire ? questionne t-il. 

- Le genre d'affaire que l'on fait avec les gens qui sont dans cette pièce.

Il me fixe et je ne saurais pas identifier ce qu'il pense à ce moment même. Le barman nous jette des petits regards mais je ne m'en préoccupe pas et le goût du premier verre s'étant déjà dissipé, je décide d'attraper le deuxième et de le boire cul-sec aussi. Il faut absolument que j'arrive à me détendre, et je sens que ça ne va pas être facile. À ma gauche, je vois Claudia et Victoria qui discutent avec deux femmes et un homme sur des canapés ; Oxan est à la table de poker avec ses amis, et moi je suis là, à boire seule. Parce que je n'ai rien à faire ici. Parce que ce n'est ma place, ce n'est pas l'endroit où je dois être, parce que je n'appartiens pas à ce monde, parce que je ne suis pas faite pour lui. Alors qu'à côté de moi, l'inconnu attend une réponse en silence et que je cherche quelque chose à dire, nous sommes interrompus par quelqu'un qui arrive au bar. Je lève les yeux pour tomber sur ceux de Di Casiraghi, qui serre la main de l'italien, et me jette un petit regard. 

- Permet-moi de te présenter. Leo, voici Violence. 

- Violence ? C'est un prénom, ça ? 

Je serre les dents en entendant ce qu'il vient de dire. Toujours la même réaction, toujours les mêmes mots, les mêmes phrases, avec les mêmes intonations. 

- Violence, voici Leo Bonilla. 

Sans décrocher un mot à Di Casiraghi, je tourne à nouveau la tête pour ne plus lui faire face et me met à gratter distraitement la surface vernie du comptoir. Honnêtement, j'en ai déjà marre et ça ne fait que un quart d'heure que je suis là : comment est-ce que je vais faire pour tenir encore quarante-cinq minutes ? 

- Vous travaillez pour qui ? me demande Leo. 

- Oh, elle ne travaille pour personne, sourit Thaddeus. 

- J'ai une bouche, je sais parler, je réplique plus qu'énervée. 

Leo se tait, je me tais, et Di Casiraghi se tait. Pendant quelques secondes, j'ai l'impression d'avoir envoyé une bombe nucléaire sur les Etats-Unis, et l'enfer se déchaîne très vite. Avec un léger sourire ( qui me glace au plus profond de mon âme), l'homme aux yeux verts me demande de le suivre et m'empoigne par le coude. N'ayant pas d'autre choix et ne cherchant à faire une scène, je me laisse faire, il me traîne dans la salle et plus précisément vers une porte au fond de la salle, qu'il pousse. Nous entrons dans un petit couloir éclairé, et j'y vois deux portes ; les toilettes des hommes et les toilettes des femmes. Pas très inclusif tout ça... Quand enfin il me lâche, je recule, sur les nerfs. 

- Puisque tu as une bouche, ouvre-la donc. 

Je reste de marbre devant son visage. Il a l'air plutôt détendu, et ses yeux se plantent dans les miens. Après plusieurs secondes, il répète lentement : 

ULTRAVIOLENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant