L'Architecte

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La nuit est claire et sans nuage. La fraîcheur de la brise caresse mon visage et, comme chaque soir, accoudé à la rambarde du balcon, je lève mes yeux vers le ciel, admirant en silence les étoiles, ces astres lointains et si mystérieux. Elles brillent dans le ciel, j'arrive à les compter, à les distinguer, toutes, une par une et ensemble. Elles sont là, elles brillent de mille feux, ces miracles de l'univers, insondables et impénétrables. En tout cas, c'est ce que je crois.

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 - ...... Maaaaaaaaatt !

J'entrouvre les yeux. La lumière du soleil inonde la pièce et m'aveugle. Au bout de quelques secondes, je vois mieux, ils se sont habitués, comme à chaque fois, et on appelle ça l'évolution. Après autant d'années, ces foutus globes oculaires ne sont toujours pas capables de comprendre que cette lumière est celle du soleil et qu'à part nous sortir du sommeil, et nous brûler la peau en plein mois de Juillet, elle est I-NO-FFEN-SI-VE. Difficilement, j'étends mes bras, mes jambes, j'étire ma nuque en arquant ma colonne vertébrale, ses habituels grincement de remerciement, ou gémissements de douleur,  je me pose la question parfois...

- Monsieur Maaaaaaaaatt !

Oui, oui, je sais, il est 14h10 et je suis toujours dans mon lit. Est-ce que ça dérange quelqu'un ? En tout cas, elle, ça la dérange de toute évidence. La porte en chêne massif s'ouvre et va s'écraser contre le mur avec violence. Aïe. Je sens sa présence sur le seuil de la porte, son visage entamé par la colère pose sur moi ses yeux accusateurs. Je sens la chaleur de son regard mitrailler mon corps sans défense de toutes les flammes de l'enfer, enfin, c'est ce qu'elle ferait si elle le pouvait.

- Savez-vous quelle heure est-il ? Deux heures passé ! Vous vous rendez compte ? Allez ! Arrêtez de révasser et préparez-vous !

Toujours sous la couette j'attends en silence. 5 secondes, 10 secondes, 20 secondes. C'est bon, la tempête a passé son chemin, j'entends son pas colérique s'éloigner. Désespéremment, je m'extirpe de cette bienheureuse prison ensoleillée. Par le plus grand des miracles, mes jambes arrivent à me soutenir et me guident vers la garde-robe. Elle est vraiment vieille cette garde-robe, je devrais penser à en changer, un de ces quatre elle va finir par me tomber dessus. J'attrape un vieux pull et un pantalon noir qui mourraient sur une étagère, je les enfile et tourne ma tête vers le miroir.

- Bonjour... Mmmh, intéressant...

Une tête de Siamois, un cigare dans la bouche, en train de me faire un clin d'oeil avec une bulle de BD qui dit : "R u Meowing me, mate ?". Vraiment intéressant ce pull. J'esquisse un sourire, il me va plutôt bien, enfin, je crois. Je passe ma main dans l'amas improbablement noir sur ma tête et tente, sans conviction, dans faire quelque chose. Après quelques secondes, j'abandonne. Je baisse rarement les bras, mais il faut se rendre à l'évidence, il y a 2 choses impossibles dans l'univers : voyager dans le temps, et mes cheveux. Et encore, j'ai un doute sur le voyage dans le temps, mais bon c'est une autre histoire. 

En sortant, j'attrape mon Pad.

- Bonjour Monsieur Matt. Comment allez-vous aujourd'hui ?

- Salut Psi, pas mal, pas mal... Date du jour. Météo. Agenda. S'il te plaît.

Sur l'écran, la jolie silhouette disparaît un instant et une barre de téléchargement commence à se remplir. Je suis en train de descendre les escaliers. La barre est remplie. Je suis à la dernière marche. C'est beaucoup trop lent.

- Date : 29 Février 2016. Météo : Quelques averses hivernales sont à prévoir dans le courant de l'après-midi mais dans l'ensemble il fera ensoleillé. 11h30 : Visioconférence avec l'autorité parentale. 13h30 : Repas avec l'Autre. 16h00 : Entretien d'embauche à la BiblioTech Corporation.

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