Point de vue extérieur ( seulement pour ce chapitre ).
La maison est silencieuse, il est bien tard déjà, près d'une heure et demi du matin, pourtant c'est la nuit que se jouent les plus gros enjeux. Ross Aderholt est assis en face de son client, dans la bibliothèque, là où ils font leurs séances comme d'habitude, dans une ambiance paisible. Depuis la dernière fois, il n'y a pas trop d'amélioration ; Thaddeus reste borné dans cette ultraviolence, quoi qu'il lui en coûte.
- Fermez les yeux, lui demande t-il. Si vous retournez à votre état d'enfant, où vous imaginez-vous être plus tard ?
Di Casiraghi, les paupières closes, se concentre. Il essaie de se souvenir d'un moment de son enfance où il a pensé à son avenir, et essaye de s'y transporter. Que voulait-il faire quand il était plus petit ? Pompier, oui, ça lui aurait plus, mais une autre image prédomine dans sa tête.
- Une maison sur la plage.
Ross note ces quelques mots sur son carnet et l'enjoint à continuer cette introspection. Son client inspire, l'air un peu dédaigneux comme toujours. D'autres secondes s'écoulent avant qu'il ne rouvre les yeux subitement.
- Pourquoi vous avez ouvert les yeux ? C'était trop étrange, trop dur à supporter ?
Di Casiraghi secoue la tête avec un petit sourire, car la réponse n'est pas si complexe que le pense son psychiatre. Simplement, il n'aime pas le noir. Il n'aime pas la nuit. Il n'aime pas dormir, et tout ce qui s'y rapporte.
- Je n'aime pas avoir les yeux fermés.
- Pourquoi ? questionne Aderholt.
- Parce que je m'ennuie.
Le médecin décide de diriger l'entretient vers un autre chemin et ignore son portable qui vibre dans la poche de son pantalon. Ça attendra, et si c'est vraiment urgent, ça rappellera. Avec Thaddeus, il a compris que le passé n'avait aucune importance et n'en avait jamais eu ; la cause de cette criminalité ne se situe pas dans cette partie de sa vie. Alors il décide de prendre les devants et de se concentrer sur le présent pour savoir si ce n'est pas plutôt son train de vie actuel qui cause cela, et qui l'entraine un peu plus sur ce terrain, comme l'effet boule de neige.
- Oxan est reparti ?
- Oui, répond Di Casiraghi. Ce midi.
- Et vous allez bien ?
- Pourquoi j'irais mal ?
- Parce que c'est votre frère de coeur, qu'il va être parti pour longtemps et que vous l'appréciez.
Il fronce les sourcils.
- Ce serait égoïste d'aller mal alors que c'est sa vie, qu'il en fait ce qu'il en veux.
Son client croise les bras et Ross Aderholt en reste pantois, assis sur le fauteuil. Pour la première fois depuis longtemps son client vient de s'exprimer sur ses émotions ; il va bien, il n'est pas triste, il ne va pas mal. Et il a donné son opinion sur ces sentiments que les gens normaux ressentent. Ce serait égoïste d'aller mal alors que c'est sa vie, qu'il fait ce qu'il en veux. Au fond, si Ross lâche sa blouse blanche de médecin et pose sur sa tête la casquette " humain ", Thaddeus n'a pas tort. Mais plus que tout, il comprend enfin peut-être pourquoi est-ce que l'homme en face de lui a tant de mal à avoir des réactions et des émotions.
- Mais on ne décide pas de ressentir, monsieur Di Casiraghi. Quand on ressent, même si c'est égoïste, même si c'est mal, on ressent.
Il ajoute :
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ULTRAVIOLENCE
RomanceViolence vit recluse à Carthage depuis trois ans, préparant le jour où elle ira à Palerme pour chercher des explications. Et ce jour est enfin venu. Thaddeus n'est pas le genre d'homme qui transpire la sécurité, la bienveillance ou l'amour. Plutôt...