2 - Annonce inédite

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     Nathan

     Bordel, il a fallu que je me domine sacrément tout à l'heure quand Nina a léché sa lèvre, tellement c'était provocant. J'étais déjà moitié en érection et cette petite débridée au visage d'ange qui n'a même pas conscience de l'aura de sensualité qu'elle dégage ! Sa personnalité me plaisait au travers de MB.Y, mais les photos, bien que réalistes, ne laissaient en rien entrevoir l'énergie sexuelle qui émane de tout son être. Heureusement que j'ai réussi à résister. Impossible qu'une fille partage plus d'une nuit chez moi !

     Certes cette petite brune n'est pas dans les premiers prix de beauté, mais elle a tout ce qu'il faut là où il faut. Totalement mon type de femme : menue avec des formes voluptueuses. Et je ne vais pas me mentir, c'était une véritable alchimie cette nuit, voire jusque tôt au petit matin... Bon pas le temps de savourer, je dois la déposer à la gare et rejoindre Thomas, mon coéquipier, pour le débriefing du match de dimanche dernier.

     Alors que j'allume la télévision tout en sortant la poêle et l'indispensable pour préparer œufs brouillés et bacon pour ma Princesse d'un soir – marrant comme ce surnom m'est venu naturellement –, une journaliste d'une de ces chaînes à infos non stop répète au moins quatre fois dans sa phrase le terme « confinement ».

     Ah oui ! Il me semble qu'hier le président, Emmanuel Macron, devait faire une allocution au sujet du fameux virus qui sévit en Chine et en Italie, et un peu en France, je crois. C'est vrai qu'il a annoncé la fermeture des écoles récemment et j'espère qu'il ne va pas nous obliger à rester enfermés chez nous ? Je suis en période de partiels et je n'ai aucune envie de louper mon année pour ça.

     Tout en cuisinant et en repensant à ma nuit torride, j'entends en fond sonore que ce confinement, prévu pour deux semaines, est mis en place depuis ce dix-sept mars 2020, midi, et vise toute la population. Les sorties sont dorénavant soumises à autorisation et ne concernent que des déplacements bien précis, comme se rendre au travail, si télétravail impossible, achats alimentaires, santé.... Je n'écoute plus et réfléchis à ma Princesse d'un soir.

     Dans quoi travaille-t-elle déjà ? Préparatrice en pharmacie... euh, non... auxiliaire vétérinaire... Oui c'est ça !

     — Des chats et des chiens malades, il y'en aura toujours, c'est sûr, et le télétravail est impossible dans cette profession, pensé-je à voix haute, histoire de rendre son départ concret.

     Le resto et la nuit étaient parfaits, mais je n'ai pas envie qu'elle reste dans mes pattes trop longtemps. Pas envie que quelqu'un s'immisce dans ma vie personnelle. Une communication à distance, agrémentée de pauses torrides, c'est le parfait combo.

     — Non, c'est évident, répond subitement l'apprentie vétérinaire dans mon dos.

     Je me retourne et découvre une Nina éblouissante. Ses cheveux de jais, encore humides, sont relevés sur le haut de son crâne par une pince. Son visage aux faux airs de Scarlett Johansson, que transpercent deux yeux noisette paraissant totalement inquiets, est ravissant. Incroyable ce qu'elle est sexy malgré sa soudaine pâleur !

     Elle a troqué sa parure de soirée sophistiquée contre une plus adaptée au climat du sud de la France qu'à celui habituel de Paname : jupe blanche, courte et fluide, qui fait virevolter les petites fleurs imprimées à chacun de ses mouvements. Un chemisier foncé, style flamenco, épouse parfaitement sa poitrine ; des baskets Nike, noir et or, finalisent sa tenue. Elle ne porte aucun bijou ; le rayon de soleil qui pénètre par la fenêtre et illumine sa silhouette mince me donne l'impression que le printemps est entré dans mon salon.

     Irrémédiablement aimanté par son corps, je ne résiste pas au désir de me rapprocher d'elle, de la dominer de toute ma taille. Un léger parfum fleuri – fruité ? – m'enveloppe aussitôt. Sans ses douze centimètre de talons, elle ne doit pas mesurer plus d'un mètre soixante et, forcément, du haut de mon mètre quatre-vingt, notre différence de taille est encore plus flagrante. Je la presse tout contre mon torse et l'enlace une dernière fois, histoire de clore agréablement ce date qui prend fin.

     À peine ai-je amorcé mon étreinte qu'immédiatement elle se recule. Un flot incessant de paroles sort de sa jolie bouche.

     — J'ai appelé ma sœur, débite-t-elle d'un ton haché. Cette histoire de confinement, c'est du sérieux, il y a déjà de nombreux décès liés au Coronavirus et l'épidémie se propage à une vitesse galopante. C'est pour éviter la contagion. Élise n'est même pas sûre que les trains circulent encore et que je puisse rentrer sur Bordeaux. Non, mais c'est super flippant ! Hier, au restaurant, on en parlait comme d'une banale grippe et voilà qu'aujourd'hui...

     Elle se met à trembler, m'expliquant qu'elle souhaite rejoindre immédiatement sa sœur et sa meilleure amie, les seuls soutiens qui lui restent depuis que ses parents sont partis vivre à La Réunion, il y a cinq ans.

Confinement torride - Publié aux éditions SHARON KENA (21.02.2023)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant