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- Putain, je siffle.

En sous-vêtements devant ma valise, en essayant de trouver quelque chose à mettre, j'ai l'impression que mon cerveau va exploser. Je n'ai pas de tenue qui fasse décontracté et chic en même temps et je finis par opter par un chemisier en dentelle noire et un pantalon kaki. Ça fera l'affaire, de toute façon. Ayant été conviée ce matin par message à une dernière réunion avant la grande journée de demain, je me dis que je vois presque la lumière au bout du tunnel. Après que le psychiatre soit parti hier matin, j'ai passé la journée en observation à l'hôpital que j'ai pu quitter vers dix-sept heures ; j'ai pris un taxi, je suis rentrée à mon hôtel, j'ai pris une bonne douche et j'ai appelé Hakim. Apparement, l'état de Kira se serait stabilisé même si elle n'est pas sortie de réanimation. Je lui ai promis de le rappeler dès que j'aurais mon billet d'avion, j'ai raccroché et on m'a apporté un plateau-repas. J'ai mangé en fixant l'horizon sur le petit balcon de ma chambre, et je suis allée dormir parce que j'en avais besoin, et que je voulais arrêter de penser à mille à l'heure. Lorsque je me suis réveillée ce matin, j'allais mieux physiquement et psychologiquement alors j'ai profité entièrement de cette journée : d'abbord pour dormir assez tard puis pour prendre un copieux petit déjeuner, avant d'aller acheter des souvenirs pour mes amis. Aucun pour moi, non, car il va falloir que je laisse cette histoire derrière moi.

J'ai mangé dans les rues de Palerme pour la dernière fois avant le grand jour, et j'ai profité du soleil en rentrant à l'hôtel et en allant à la gigantesque piscine qu'il comportait. Après un bain de soleil et de détente, je suis remontée pour prendre ma douche et me changer : j'avais d'ailleurs dû rendre le 4x4 à mon ancien hôtel et j'ai écopé ici d'une petite BMW bleue électrique. Et après avoir passé deux jours sans aucun contact avec l'organisation et les gens y sont, je peux attester que j'avais vraiment besoin de ces petites vacances : malheureusement, il est l'heure d'y retourner. Pour être honnête, ça ne m'enchante pas trop, mais je n'ai pas le choix et j'essaye de me dire que c'est l'une des dernière fois que j'y vais pour me motiver. Une fois que j'ai pris toutes mes affaires, je claque la porte derrière moi, les clés de la voiture de location dans la main, salue le réceptionniste et me dirige vers le parking de l'hôtel. Je prend quand même le temps de mettre de la musique avant de démarrer et prend la route habituelle ; centre ville, puis la troisième sortie au rond-point, la nationale jusqu'a la petite route de campagne. Lorsque je tourne à droite et que j'aperçois le portail noir impénétrable, un petit stress m'envahit. Le portail s'ouvre, de même que les grilles un peu plus loin, et je vais me garer sur le petit parking, entre deux Mercedes noires aux vitres teintés.  Je fais le tour de la maison, frappe, rentre et aperçois Alberta qui fait la poussière dans le salon. 

- Mio caro ! crie t-elle. ( ma chérie

J'ai le droit à un câlin très sérré et à un tourbillon de mots italiens que je n'arrive même pas à traduire. En riant, je frotte son dos ; elle aussi a été une de mes plus fidèles alliées ici, par sa bonne humeur, par cette figure maternelle qui me rappelle ma tante, par sa cuisine, juste par sa présence.  

- Dépêche-toi de monter, tout le monde est arrivé. 

- Tout le monde ? je questionne.

Elle me répète de me dépêcher et je m'exécute en me ruant dans les escaliers, sachant très bien que Di Casiraghi déteste lorsqu'on a le plus petit retard. J'arrive essoufflée au deuxième étage devant les gardes qui me laissent passer en me jetant un regard mépris, traverse le petit couloir et frappe à la porte. C'est Victoria qui vient m'ouvrir, et elle me prend elle aussi dans ses bras. Je lui rends faiblement son câlin, un peu surprise que tout ce petit monde me montre des signes d'affection, puis elle se décale pour me laisser passer. Dans la pièce, près de la fenêtre, discutent deux hommes ; Di Casiraghi et un autre. 

ULTRAVIOLENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant