Chapitre 7 - Retrouvailles

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Les anciens. On pouvait deviner qu'au sens où l'entendait le vulgaire, qu'ils étaient des gens qui avaient réussi dans la vie, des exorcistes affirmés et non des ratés. Cependant, certains d'entre eux devaient avoir assuré leur réussite en faisant le mal et ne la maintenaient qu'en répétant leurs forfaits. Ceux-là n'avait pas la paix du cœur, ils étaient plutôt des anxieux, des vaincus. Ce qui montait de leur poitrine quand ils faisaient face à l'inconnu et à fortiori, un inconnu qu'ils ne contrôlaient pas, peut-être n'était-ce que la terreur de la mort prochaine, le vain regret de leur printemps disparu, la cupidité qui les poussait à penser qu'ils seraient remplacés et que leur ère était terminée. Peut-être y avait-il aussi le remord de la dépravation de leurs actes passés. Il était possible qu'il n'y ait pas pour ces vieillards de Bouddha qu'ils puissent prier à genoux, s'étant habitués à être eux-mêmes adulés - ils en avaient oublié l'existence des êtres supérieurs. Une jolie femme qui résistait à leur pouvoir et ils versaient des larmes glacées, s'abîmaient en bruyants sanglots de peur et gémissaient. Ils n'en éprouvaient nulle honte, leur vanité n'en souffraient nulle blessure. Pour se mettre à l'abris et sécher leurs larmes, ils l'avaient exilé dans cette pension ridicule de Tokyo, dans un lieu où elle serait en sécurité tant qu'elle ne mettrait pas un pied dehors et si le moindre orteil quittait la zone, elle serait scellée. Purement et simplement. Cela s'était déjà produit, Sukuna lui-même n'y avait pas résisté. Comment le pourrait-elle ? Misérable insolente.


Levée plus tôt que les autres, Hisae s'était promenée dans un bosquet de bambous. Les feuilles brillaient comme de l'argent au soleil levant et frissonnaient dans le vent. Elles étaient fines et tendres et les tiges semblaient faites du même métal. En bordure du bosquet, des chardons et des herbes-de-rosées étaient en fleurs. Encore qu'il lui sembla que les bourgeons s'étaient trompés de saison pour naître. Vêtue de ses propres vêtements, car ses nouveaux colocataires avaient consenti à aller les lui chercher dans son appartement, elle gambadait entre les broussailles et s'émerveillait du monde qui s'éveillait doucement sous ses yeux. Au milieu des herbes encore humides du matin, une coccinelle voltigea jusqu'à un camélia pour y dévorer le puceron destructeur de nature ; un corbeau, oiseau le plus répandu dans la région, s'était posé en haut d'un érable dont les feuilles rougiraient en automne pour nettoyer ses ailes et préparer sa journée ; elle croisa la route d'un renard dont la queue zigzaguait nerveusement entre des pierres, équilibrant le corps de l'animal qui s'apprêtait à partir en chasse pour nourrir sa portée.


Si l'on devait juger objectivement l'école d'exorcisme, cette dernière était située au milieu d'un petit coin de paradis. Au bas d'une montagne, profitant d'une meilleure température que la ville et d'une verdure chatoyante, sans limite, apportant aux poumons un air que l'on ne trouvait nul part ailleurs, elle regorgeait aussi de nombreux jardins privés, d'une piscine d'entraînement, d'équipements sportifs, d'une literie extraordinaire. Tout avait été conçu de sorte à ce que chacun se sente à la fois chez lui et dans une école. Les chambres étaient personnalisables, mais gardaient toutes les mêmes dimensions. La cuisine était spacieuse, bien équipée, mais il fallait se préparer ses repas soi-même. Les élèves, qui se comptaient sur les doigts de la main, étaient libres de vagabonder comme ils l'entendaient dès qu'ils n'avaient pas classe. Oui, l'école d'exorcisme avait tout pour plaire et faisait de son mieux pour contenter les gens qui y habitaient, mais rien n'y faisait.

Hisae se sentait en prison. Une prison dorée, certes, mais une prison malgré tout.

Ici, pas de terres à modeler, pas d'équipement de peinture, pas de carnet de croquis, de four ou quoi que ce soit qui puisse l'aider à développer sa créativité. La jeune femme passait la plupart de son temps à l'extérieur, évitant soigneusement les terrains où les adolescents s'entraînaient puisque son aura avait le chic pour les effrayer et les déconcentrer. Gojo lui-même avait dû venir lui en parler, lui demandant non sans lui faire une plaisanterie au passage, de bien vouloir garder ses distances avec eux.


Jujutsu Kaisen - Inumaki Toge x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant