Chapitre 24 : Ticket to Heaven.

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Narancia ouvrit les yeux. Il se trouvait avachi sur un banc, sans vraiment savoir où il était. L'aube apparaissait et il ne faisait pas très chaud. Narancia se leva du banc, regardant un peu partout cette ville sans personne dedans, sauf un bus au loin qui était arrêté. Devait-il y monter ?
Les poings sur les hanches, Narancia réfléchissait.
C'était l'indécision qui l'envahissait.
Partir ou rester ici ? Telle était la question.
Ses jambes le guidèrent en direction du bus.

« Mmh... je n'ai pas d'argent sur moi. Tant pis, je vais frauder. »

Des bruits de pas coururent vers lui et Narancia fit volte-face. Il cligna simplement des yeux.

« Vanina ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu sais où sont les autres ? »

La jeune fille, mains sur les genoux, soufflait, comme si elle venait de courir un marathon.

« Ne va pas au bus...

- Hein ? Mais pourquoi ?

- Tu n'as pas réalisé où tu étais n'est-ce pas ? »

Vanina se tint droite devant son ami. Elle avait les yeux assombris.

« Euh... non pas vraiment, dit Narancia, craignant la réponse.

- Tu te trouves à la frontière entre la mort et la vie, c'est aussi simple que ça.

- La mort et la... »

Narancia laissa sa phrase en suspens. Du temps que tout fasse sens dans sa tête, son expression s'était figée, il n'arrivait pas à y croire. Il frémissait.

« Attends, quoi... ?

- Le bus que tu dois prendre, c'est celui qui est derrière moi. »

Vanina l'indiqua du bout du doigt, se tournant de moitié.

« L'autre là-bas, ne te mènera nulle part. Ce que je veux dire, c'est que tu vas mourir définitivement. »

Narancia était dans tous ses états. Gérer ses émotions ? Il en était incapable. Ses lèvres battaient comme des ailes de papillons. 

« Et là est le problème. Tu ne dois pas mourir.

- Qu'-qu'est-ce que je dois faire alors ?

- Juste prendre le bus derrière.

- Tu viens avec moi alors ? »

Vanina baissa les yeux, se tenant fermement le bras à présent.

« Non, ça... c'est impossible.

- Pourquoi ? Tu-...

- C'est une vie contre une vie, Narancia. C'est comme ça. »

Même si Vanina gardait un air et un ton se voulant indifférents, à l'intérieur, la tristesse la submergeait.

« J'ai décidé de sacrifier ce sursis qu'Iron Maiden m'a permis pour sauver ta vie. Tu n'as que 17 ans Narancia, si tu peux retourner à l'école, ou même juste manger une Margharita au restaurant, tu devrais prendre l'opportunité de rester en vie. »

Narancia secouait la tête négativement, les larmes aux yeux.

« Et si tu pleures, je t'en colle une, ajouta Vanina sur une pointe d'humour.

- Je ne veux pas que tu meures à ma place ! »

Vanina abattit ses mains sur les épaules de Narancia pour le secouer comme un prunier.

« Redis encore ça et je viendrais te hanter jusqu'à la fin de tes jours !

- Lââââche-moiiiiii ! »

Vanina arrêta d'agiter Narancia mais garda ses mains sur ses épaules.

« Reste au moins en vie pour tes amis. Tu comptes beaucoup pour eux.

- J-je sais... m-mais...

- Garde-toi de dire le contraire. Alors, qu'est-ce que tu choisis ?

- Je suis terrifié..., avoua Narancia. Je... Je veux que tu choisisses pour-...

- Hors de question, le coupa violemment Vanina. C'est uniquement ma volonté que tu vives, mais je ne vais pas te forcer à retourner au près des vivants. »

Et si tu meurs, je mourrais aussi alors ça ne va pas changer grand-chose, se retint d'ajouter Vanina mais elle le pensa fortement.

« J-je...

- Si tu choisis de vivre, je t'ai laissé un dernier cadeau dans ta poche de jupe. Je suis gentille, je veux bien t'accompagner juste devant le bus, mais après, tu monteras, comme le grand que tu es. »

Narancia ne répondit rien, reniflant juste. Pleurer le rendait malade et enrhumé.

« On y va ? »

Un signe de tête pour dire oui. Vanina sourit et prit la main de son ami pour l'aider à avancer. Le contact était chaud comparé à la légère brise froide qui venait de se lever.
Ils restèrent tous les deux silencieux. Ils s'approchèrent du bus, et Narancia prenait de moins en moins conscience de ce qu'il se passait ; tout devenait flou, les paroles semblaient être un écho à ses oreilles et diffuses. Des bras entourèrent brièvement le corps frêle de Narancia avant que tout ne devienne noir, sans chaleur.
Narancia ouvrit ses yeux difficilement. Est-ce qu'il pleuvait ? Ses joues étaient toutes mouillées et glacées. Narancia y passa ses doigts. Oui, il pleuvait bien. Son cœur était d'orage, et ses yeux, le déluge. 

orange ✿ jjba 🤍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant