Oh solitude, Que je t'aime !

36 6 4
                                    

"Elle est déjà partie", soupira intérieurement Scarlett, lorsqu'elle arriva dans le salon encore en pyjama.

La jeune fille avait déjà lu plusieurs articles sur sa mère, il y a très très longtemps, avant qu'ils ne déménagent : "la femme a la poignée d'argent", Lisa Hart, qui dirigeait son agence de pub avec brio, gagnait plusieurs millions en une journée...
Mais, ce n'était pas en étant pleins aux as que l'on pouvait être heureux.

Plus on était haut dans le rang des affaires, moins on arrivait à garder la place. C'est pourquoi sa mère travaillait d'arrache-pied, et cela surtout, depuis six ans.

" Ce sera soirée pizza", en concluait la jeune fille avec un sourire triste.

Le pire, c'était Scarlett. Quand sa mère rentrait, en elle, elle voulait la prendre dans ses bras, la harceler de questions,...mais rien. Comme prit d'un malaise, elle saluait sa mère d'un signe de tête, ne lui parlait que si nécessaire, ne démontrait aucun signe d'affection.
En fait, Scarlett n'était tout bonnement ni chaleureuse ni tactile.

La jeune fille se demandait comment certaines personnes arrivaient à réchauffer une pièce avec un simple sourire alors qu'avec elle, son sourire avait tout l'effet inverse et faisait fuir bien du monde.

Aujourd'hui, comme tous les autres jours, elle allait dessiner, fabriquer des maquettes de planètes, prendre une sieste qui sait et réviser.

Elle ne suivait plus ses cours au lycée depuis l'année dernière, après l'accident. À présent, elle se postait derrière son écran d'ordinateur et discutait avec son professeur particulier par webcam, celui-ci souvent trop occupé pour venir directement.

Dehors, il y avait Trevor et Travis, les jumeaux, des gosses qu'elle ne connaissait que de sa fenêtre, âgés dans les huit ans, qui se bagarraient.
Il y avait les rires de ce groupe habituel de comères, des roues des voitures qui circulaient sur la chaussée... À force de rester à la maison, elle avait remarqué ces petits détails et même ses oreilles l'aidaient à comprendre les scènes sans qu'elle ne les voie.

Elle ne sortait jamais, au point que sa peau bronzée qu'elle avait hérité de Los Angeles-jusqu'à ce qu'ils déménagent-ne vire à une peau plus pâle.

Mais le fait d'être seule la rassurait. Au lycée, on la harcelait. Enfin, peut-être. Elle sentait des tonnes de paires de yeux braqués sur elle, des petits rires par-ci par-là, et puis, il y a eu cette Jessica, et sa joyeuse petite bande qui l'avait encerclé.

"Te parler", avait-elle expliqué.

Mais la distance entre elle et Jessica se réduisait, sa main s'approchait, le ciseau que Scarlett avait utilisé pour découper la petite Saturne qu'elle avait dessiné était encore dans sa main.

SCHLAK

Un bruit sec. Court. Mais qui avait fait taire tout le monde. Y comprit cette pétasse de Jessica. Scarlett avait voulu rire en voyant son air abasourdi, mais elle se rendait compte qu'elle était bien dans la mouise, a avoir coupé au moins quarante centimètres de mèches de cheveux.

Et la longue mèche couleur châtain était restée dans sa main, même jusqu'au bureau de madame la proviseure, même quand sa mère est arrivée et même pendant la discussion pour sa suspension.

Mais elle ne voulait plus revenir.

Oui, être seule était la meilleure idée qu'elle avait eu depuis.

Under the MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant