Jujutsu Kaisen - Inumaki Toge x OC

Chapitre 8 - Õ-sama

La bande s'était installée à table sans attendre, regardant avec appétit le fruit de leur travail. Ils avaient préparé tant de garnitures pour leur donburi qu'ils se demandèrent un instant s'il n'en resterait pas pour le lendemain. Installée entre les deux inconnues, Hisae observait avec curiosité les anciens camarades de son ami. Du bout de ses baguettes, elle attrapa quelques fines lamelles de bœufs cuisinées avec des oignons, des poivrons, des algues marinées et des pommes de terres pour les mélanger à son riz. Un sourire coincé au bord des lèvres, elle écouta Maki Nobara et Yuji qui se remémoraient avec enthousiasme le temps qu'ils avaient passé au sein de l'école, énumérant nombre de missions, tournois et autres activités scolaires auxquels ils avaient tous participé. Il lui arrivait de hausser les sourcils lorsqu'ils l'impressionnaient par leurs prouesses ou de les froncer à la mention des nombreuses blessures et pertes qu'ils avaient dû essuyer. Si la vie qu'ils menaient semblaient être choisie, elle ne lui parut pas des plus simples et elle s'imagina avec quelques difficultés l'enfance difficile qu'ils avaient tous eu. Le ton qu'ils employaient avait beau être chaleureux, elle ne pouvait s'empêcher d'y déceler une part de mélancolie et de peine. Et rapidement, il devint évident que leur vie était plus volage que le reste de l'humanité.

Absente un instant de la conversation, elle laissa son regard dévier vers Toge qui dînait avec une grâce insoupçonnée - manières qui lui avaient sans doute été instaurées dès son plus jeune âge par sa noble famille. Était-il lui aussi condamné à cette vie de rebondissements continus qui ne lui permettrait peut-être jamais de construire le moindre projet sur le long terme ? Les exorcistes ne possédaient pas le luxe du repos, ne possédaient généralement que très peu de biens à cause de leur vie de nomades et ne créaient que très peu de liens amicaux à cause de leurs différences avec le reste de l'humanité. Ils étaient encore jeunes, mais qui pouvait prétendre, à leur âge, n'avoir jamais pensé à fonder une famille, devenir une star de renommée ou même désiré faire le tour du monde ? Lui arrivait-il parfois de maudire sa condition et de rêver à une existence plus simple, plus normale ?

_ Owakudani, que faisais-tu avant d'atterrir ici ?

Tous les yeux se posèrent sur l'intéressée, y compris ceux du garçon qu'elle épiait depuis un moment déjà. Se redressant et détournant le regard en faisant comme si de rien n'était - elle espérait néanmoins qu'il n'avait pas remarqué qu'elle l'avait fixé tout ce temps - Hisae prit une gorgée de bière et retrouva son éternel sourire.

_ Je suis céramiste-potière. A vrai dire, je travaille toute la terre que je trouve. Je suis spécialisée dans l'art du kintsugi, mais généralement je préfère créer des pièces. Mon atelier et ma boutique se trouvent près d'Asakusa, vous n'aurez qu'à passer me voir lorsque j'y retournerais, je vous offrirais une pièce, répondit la brune.

De ses paroles s'écoulèrent un flot de questions incessantes et entretenues par Yuji, qui se montra grandement intéressé par sa profession. N'étant pas très délicat, il s'avérait extrêmement mauvais en ce qui concernait les travaux manuels, aussi nourrissait-il un profond respect à l'égard des personnes capables de façonner des objets par la simple force de leurs deux mains. Subitement, la jeune femme se retrouva au centre de l'attention et leur conta de nombreuses anecdotes de travail. Elle leur parla de sa première vente ; une cliente qui la suivait sur les réseaux sociaux avait voulu lui acheter une pièce et, ne s'attendant pas à ce que l'on s'intéresse à son art, elle avait paniqué devant son téléphone et mis plus d'une semaine avant de parvenir à évaluer son travail et lui donner un prix. Il avait été dérisoire et avait à peine remboursé les matières premières, mais elle avait été si heureuse ce jour-là qu'elle avait fêté sa victoire. Elle avait dix-sept ans à l'époque, mais elle s'en souvenait encore parfaitement.