La première chose qu'il sentit en ouvrant les yeux fut la douleur, aiguë et intense, qui lui vrillait le crâne. Désorienté, il bougea légèrement les doigts, cherchant un point de repère quelconque qui l'informerait sur la situation. Les draps étaient lisses sous sa peau, sans imperfections. Il huma l'air et une forte odeur d'antiseptique le prit à la gorge, le faisant tousser faiblement. En tendant l'oreille, il pouvait entendre le *bip* incessant d'un moniteur non loin de lui, et un *ploc* agaçant et répétitif qui le fit frémir. Enfin, il ouvrit les yeux... Pour se rendre compte que, pour une quelconque raison, ce geste lui était impossible. Il prit une profonde inspiration et fit un second essai, tout aussi infructueux que le premier.
Une grimace déforma son visage abimé, et il sentit alors la chose autour de sa tête, qui comprimait ses yeux et bloquait sa vue. Lentement et avec précaution, il souleva sa main et la dirigea à l'aveuglette en direction de son visage. Quand enfin il parvint à toucher sa tête, après de longues secondes d'efforts pour faire bouger son membre, il pût sentir sous ses doigts le bandage rêche qui entourait ses yeux. Il le tâta précautionneusement, une ride d'incompréhension se formant progressivement sur son front.
- Ah, M. Cioban. Loukas, n'est-ce pas? Je peux vous appeler Loukas? Je suis le docteur Alfonso, je suis en charge de votre dossier.
Loukas, la bouche pâteuse et la voix enrouée, peina à lui répondre. Il se racla la gorge à plusieurs reprises, tentant de reprendre un timbre de voix normal, mais il ne parvint qu'à se provoquer une crise de toux incontrôlable. Aussitôt, un verre fut porté à ses lèvres et il but avec délectation le liquide frais à petites gorgées, prenant garde à ne pas s'étouffer. La voix toujours faible, il parvint néanmoins à prendre à son tour la parole:
- O-Oui... J'suis où?
- Vous êtes à l'hôpital Loukas, dans le service de réanimation.
-C-Comment...
Il se racla à nouveau la gorge avant de poursuivre.
- Comment je suis arrivé ici? Qu'est-ce qui s'est passé? Enlevez le bandeau, ça me met mal à l'aise d'être dans le noir... Pourquoi vous m'avez mis ça d'ailleurs?
- M. Cioban... Loukas... Restez calme, vos blessures ne sont pas encore totalement guéries et vous avez besoin de calme et de repos. Je vais tout vous expliquez.
Loukas sentit un vent de panique monter en lui. Des blessures? Quelles blessures? Il sentait la douleur dans tout son corps, comme s'il sortait d'une séance de sport intensive, mais il était pourtant bien incapable de la situer précisément tant elle était étendue. Et pourquoi cette pimbêche beaucoup trop familière avec lui ne daignait pas répondre à ses questions?! Sa respiration s'emballa et en quelques secondes, il commença à hyperventiler.
A côté de lui, il entendait le *bip bip* du moniteur s'affoler, s'emballer à l'unisson avec son coeur qu'il sentait pulser dans son crâne. Sa migraine empira.
- Loukas! Calmez-vous. Vous faites une crise de panique. Vous devez respirer calmement.
La femme posa sa main sur le poignet de son patient et se mit à inspirer et expirer profondément, tentant de forcer son patient à se calquer à son rythme.
- Allez Loukas, faites comme moi, vous pouvez y arriver. Respirez calmement. Inspirez profondément et expirez.
Le jeune garçon, sourd aux tentatives de la doctoresse de le calmer, continua à suffoquer, incapable de reprendre un rythme cardiaque normal. Le noir. L'incompréhension. La douleur. Les bruits alentours. Tout cela le perturbait, provoquant sa petite crise d'angoisse. Et, en cet instant, il se sentit bien incapable de se calmer. Il entendit la porte s'ouvrir et plusieurs autres voix bourdonner autour de lui. Après un dernier halètement, Loukas s'évanouit.
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L'Effet Papillon (BoyxBoy)
Ficção AdolescenteVous savez ce qu'est l'effet papillon? Cette théorie peut s'expliquer en une seule et unique question: "Un simple battement d'ailes d'un papillon peut-il déclencher une tornade à l'autre bout du monde?" Loukas l'apprend à ses dépends à ses 15 ans, j...