Chapitre 58

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Une nuit, une simple nuit, c'est le temps qu'il a suffi à Raven pour monter le plan "Clexa". Je suis sérieuse, j'ai à peine eu le temps de me lever que la brune me fonçait déjà dessus en affirmant assez discrètement qu'il est temps pour moi d'avancer.

Et malgré que je lui ai bien fait comprendre que j'avance à mon propre rythme, elle n'en démord pas. Selon elle, ni Lexa ni moi ne sommes capables de faire le premier pas alors elle va s'en mêler. Et je suis prête à parier que si ça ne marche pas, elle appellera Luna en renfort, si ce n'est pas déjà fait.

- On est presque tout le temps ensemble. Si on voulait en parler, tu ne crois pas qu'on l'aurait déjà fait ?

- Vu que vous avez l'air de sortir du même moule, je dirais que non. Pas sans une aide extérieure en tout cas.

Et voilà comment je me suis retrouvée, je ne sais par quel moyen, avec une Lexa collée à moi pour toute la journée. Je ne suis pas stupide, je sais très bien que Raven a dû lui raconter quelque chose pour obtenir ce résultat. Non que la présence de la brune me dérange, au contraire, mais ne pas connaitre ce qui se trame dans sa tête est légèrement inquiétant. Surtout en sachant que cela me concerne très certainement. Sans oublier que c'est peut-être complètement faux. Mon amie est capable de tout pour arriver à ses fins. Autant je trouve sa persévérance assez incroyable, autant je n'aime vraiment pas en être la cible.

Résultat, j'ai été totalement incapable de lui parler de la journée, bien que ce ne soit pas les occasions qui ont manqué. Il y a un espèce de malaise qui s'est formé entre nous deux. Merci Reyes, c'est encore pire qu'avant. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?

- On va faire un tour rapide, annonce Luna.

Le soleil commence à se coucher, c'est étrange. Nous évitons tous de sortir une fois que l'obscurité s'installe. Et je ne suis pas la seule à le penser vu le froncement de sourcils de Lexa.

- Maintenant ? Ça ne peut pas attendre demain ?

- Raven doit marcher un maximum si elle ne veut pas se retrouver avec la jambe aussi rouillée que son ancienne attelle.

- Hé, s'insurge la concernée. Elle était très bien mon attelle.

- Mais oui bien sûr. On revient vite.

Et sur ces mots, les deux laissent la porte se refermer sur elles. On parie combien que la phase deux du plan Clexa est enclenchée ? Et puis d'abord, il sort d'où ce nom stupide ?

J'attrape Madi qui tente de se percher sur ses petites jambes pour monter sur le canapé et l'installe sur mes genoux. Elle tient de plus en plus facilement debout en se hissant mais on ne sait jamais. Surtout que la table basse n'est pas bien loin. Moi, protectrice ? Totalement.

- Clarke... Même si je n'ai pas vraiment eu un début de formation en médecine, j'ai quand même appris quelques gestes important pour ma couverture. Si tu as mal quelque part, tu peux me le dire.

La garce, elle n'a quand même pas osé lui dire ça ?

- Je vais bien, je me contente de répondre en empêchant ma fille de tomber. J'ai passé une batterie de tests il y a quelques temps je te rappelle.

- Oui mais... si la blessure est plus récente par exemple. Je me doute que tu as pris sur toi pendant des années, mais c'est fini tout ça. Et surtout ça ne me dérangera jamais de jeter un oeil, même par précaution.

Je vais la tuer, vraiment. Je pensais que tout ce dont on avait discuté allait rester entre nous.

Je redépose mon enfant par terre, laquelle n'arrête pas de gigoter. A peine a-t-elle touché le sol qu'elle repart dans son exploration des lieux. Elle ne s'en lasse absolument pas. Je la suis des yeux avant que Lexa ne m'interpelle à nouveau.

- Clarke ?

- Bon, tu sais quelque chose alors crache le morceau.

- Je ne...

- Pitié je ne suis pas aveugle. Tu es restée presque collée à moi toute la journée. Je croyais que la discrétion était une de tes spécialités ?

- Ça dépend des circonstances, elle marmonne à moitié.

- C'est-à-dire ?

C'est vraiment étrange de la voir aussi peu sûre d'elle, elle qui hésite si rarement.

- Ce n'est pas la question, elle se ressaisit. Et... enfin j'aimerai vraiment que tu n'aies pas peur de me demander de l'aide, même si ça peut te sembler superflus.

Je souffle. Quand je pense que jusqu'ici j'avais réussi à lui cacher.

- Ce n'est rien de grave, je murmure. D'ici quelques jours, ce ne sera déjà plus qu'un mauvais souvenir.

- Ou ça pourrait empirer. S'il te plait, elle me supplie presque.

- D'accord, je craque. Mais je te préviens que tu ne pourras rien y faire.

- C'est encore à moi d'en décider.

En maugréant, je me débarrasse de ma chaussure et relève mon pied.

- Je me suis certainement mal rattrapée l'autre jour en voulant sortir trop vite, je dis en détournant le regard.

Je la sens prendre ma cheville délicatement en main et la tâter doucement, sans doute de peur de me faire mal. Sauf que ce genre de douleur, il y a bien longtemps que je n'y fais plus vraiment attention.

- C'est légèrement enflé. Un peu de crème et une immobilisation ne fera certainement pas de mal.

Je hausse les épaules. Je vis avec depuis quelques jours sans que ça n'empire particulièrement. J'ai pris l'habitude de vivre avec la douleur.

La brune se lève avant de revenir quelques instant plus tard avec le matériel adéquat. Je l'observe tandis qu'elle bande mon pied.

C'est la première fois que je fais ça, je veux dire vraiment l'analyser, en quelques sortes, sans qu'elle ne s'en doute. Ses sourcils sont légèrement froncés et ses gestes sont doux, sans aucune pression. Généralement, je n'aime pas qu'on s'occupe de moi, j'ai toujours l'impression de déranger, la brune ne fit pas exception. Mais au final elle ne me laisse pas vraiment le choix et je ne saurais dire si ça m'embête ou si, au contraire, ça me réchauffe le coeur.

- Voilà, évite de trop forcer dessus pendant quelques temps. Et je suis sérieuse Clarke, sinon je trouverai un moyen de te coller à une chaise.

- Pourquoi tu fais tout ça, je demande du bout des lèvres.

- Tout ça quoi, elle m'interroge sans comprendre.

- T'occuper de moi, limite t'inquiéter. Raven dit que tu me regardes souvent quand j'ai le dos tourné. Je ne compte plus partir tu sais ?

Je vois comme une ombre passer dans son regard. Une ombre que je ne parviens à identifier tant elle a vite disparu.

- Je sais, elle souffle. Mais... je ne sais pas vraiment. Je tiens à toi, c'est la seule chose dont je suis sûre. Après le reste je dirais que c'est mon instinct. Ou peut-être est-ce simplement parce que j'ai cru te perdre plusieurs fois, par ma faute, que je m'inquiète ? Va savoir.

Elle se rapproche doucement, écartant une mèche récalcitrante de mon visage.

- Moi aussi je tiens beaucoup à toi Lexa, je murmure.

Depuis quand somme nous aussi proches ? Autant psychologiquement que physiquement parlant. Je peux littéralement sentir son souffle chaud sur mes lèvres. Mon estomac est en ébullition alors que mon cerveau à l'air complètement déconnecté de la réalité, ne ressentant que cette fille ainsi que notre proximité.

- Je... Je vais aller ranger tout ça.

Brusquement, la brune se recule et se relève

- Heu... D'accord.

Il vient de se passer quoi là ?

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