Chapitre 29

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Julian

Cette rencontre n'a rien d'un hasard, je l'avoue. Me pointer dans ce bar n'est pas ce qu'on peut qualifier de fortuit. Pourtant Louna et moi avions tout planifié pour que ces face à face ressemblent à des coïncidences, mais je crevais d'envie de la revoir. Cassandre fout le bordel dans ma tête depuis que j'ai posé les yeux sur elle. Elle alimente mes nuits de rêves salaces, qui titillent douloureusement l'intérieur de mon caleçon. Une semaine sans croiser ses magnifiques yeux noisettes, sans effleurer sa bouche pulpeuse, et sans me délecter de ses formes affriolantes. Je suis à la limite de ce que je peux supporter. Toute résistance a disparu, me laissant avec un sentiment tout nouveau dans la poitrine. Putain, mais qu'est-ce qu'elle m'a fait ? Jamais je n'ai senti mon palpitant battre avec autant de véracité entre mes côtes. Jamais une nana ne s'est accaparée mes pensées comme elle se permet de le faire. Il fallait que je lui parle, alors j'ai débarqué ici, la fleur au fusil. Qu'importe ce qu'il se passe ! Le souvenir de notre dernière conversation me hérisse encore le poil. Elle a beau m'avoir bafouillé des conneries, son regard braqué sur moi en ce moment même, me prouve que je ne la laisse pas indifférente. Elle s'approche lentement, ses yeux rivés aux miens, comme pour y chercher une quelconque raison de faire demi-tour. Je n'ai pas l'intention de lui montrer que les mots qu'elle m'a débité m'ont atteint en plein cœur. Je lui offre en retour mon plus beau sourire, histoire de lui prouver que cette discussion est derrière nous. Sous mes airs de vaillant garçon, je n'en mène pas large quand elle s'installe en face de moi. En sa présence, toute ma virilité se casse sans demander son reste.

— Salut ! je lance d'un air goguenard.

—Salut Julian !

Mon prénom, qui meurt sur ses lèvres, me donne la chair de poule.

Voilà le retour du puceau en rut, dont la queue frétille comme une anguille dans son froc.

Cassandre fixe la table en jouant nerveusement avec ses mains. Je ne tiens plus, il faut que je renoue le contact. Je pose ma main sur ses doigts entrelacés, ce qui me donne droit à un timide sourire. Sa peau est douce et chaude, mais j'en veux beaucoup plus. D'un geste tendre, je caresse sa joue. Elle penche une micro seconde la tête pour apprécier le contact de ma main, les yeux fermés, puis elle se ressaisit :

— Tu ne devrais pas être là. Si on nous voit ensemble...

Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase, je suis en rogne contre ce connard qu'elle fréquente :

— Si il nous voit, je continue en insistant grossièrement sur le « il ».

Le regard lourd de sens qu'elle me lance est plutôt mauvais signe, j'aurais dû fermer ma gueule. Mais c'est plus fort que moi. Le fait de penser à cet enfoiré engendre aussitôt une sale envie de meurtre. Cassandre retire ses mains et se redresse vivement sur sa chaise, comme si elle venait de se faire piquer. Je me sens soudain con d'avoir réagit avec autant de rancoeur :

— Désolé ! je lance pour me faire pardonner.

Mon air de pauvre gamin n'obtient pas l'effet escompté, Cassandre est maintenant furax.

— Les nouvelles vont vite. C'est Louna qui t'a tout raconté, n'est-ce pas ?

Je ne vais pas jouer l'innocent, ça ne servirait à rien. Autant plaider coupable tout de suite, en espérant obtenir sa grâce.

l'emprise des sensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant