Eulire

Se sentir observé toute la journée, c'est la vie que je n'ai pas choisi de mener.

Je suis Eulire, le petit frère chéri de la Reine Luvi d'Ashune. À la mort de notre mère, il y a trois ans, elle est montée sur le trône, comme le veut la tradition, et comme le voulait tout le monde.

Je ne suis qu'un homme. J'ai beau être le fils de l'ancienne Reine et le frère de la Reine actuelle, je n'ai pas de rôle à Ashune.

Je ne m'en plains pas vraiment, je ne supporterais pas le stress qui va avec la position de dirigeante.

Ma soeur m'adore et m'a toujours protégé d'aussi loin que je me souvienne. Cela ne me dérangeait pas. Jusqu'à ce qu'elle m'affecte un garde personnel après une tentative de régicide contre nous deux, alors qu'on se baladait en ville.

Là, c'était trop. J'ai l'habitude d'être surveiller en permanence, par des courtisans ou des braves gens du peuple. Ils s'assurent discrètement que je vais bien et que je n'ai besoin de rien. C'est agréable mais ce garde personnel me dérange fortement.

Je ne lui ai pas demandé son nom depuis une semaine, que ma soeur l'a affecté à ma protection. Et je ne le ferai jamais, car il va repartir rapidement.
Il serait temps que Luvi se rendent compte que je ne suis pas une petite chose fragile.

Je ne suis même pas tranquille dans mes appartements ou dans ma salle de danse. Je ne suis seul que dans ma chambre et dans ma salle de bain. Les seules pièce que ma soeur lui a interdites d'accès. Et je suis soulager à chaque fois que je le vois s'arrêter sur le seuil et que je peux fermer entièrement la porte. Le tout sans recevoir de : "Je dois veiller sur vous votre Majesté", à tout bout de champs.

Je suis actuellement dans ma salle de danse et je suis gêné. Ma tenue de danse est fluide et révélatrice. Normalement je suis seul ici, mais pas aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, le garde est là juste à la porte. Et il m'observe un peu trop, je trouve. Pas que cela me dérange d'être observé, j'aime plaire aux femmes et aux hommes. Mais que ce garde sorti de nulle part m'observe, cela me dérange. Il doit me protéger, pas baver sur ma silhouette.

Bon j'avoue, j'ai bavé devant la sienne. Mais ! Cela n'excuse rien !

Je ne suis pas très grand, juste dans la moyenne, mais mon corps a décidé que j'aurais des courbes. Oui oui je suis un homme et j'ai des courbes. Il y a deux ans, je pensais que ma croissance était terminé, et du jour au lendemain mon bassin a commencé à s'élargir un peu et mes fesses et mes cuisses ont récupéré toute la graisse de mon corps. Donc depuis deux ans, j'ai des formes féminines.

C'est une marque de noblesse sur un homme, mais ça attire aussi beaucoup de regards. Et là c'est le regard de mon garde personnel qui me fixe. Ça ne me laisse pas indifférent.

Je continue de danser. Mes fesses bougent un peu trop d'après moi. J'ai l'impression de l'aguicher. Je déteste cette sensation donc je finis par m'arrêter. Il n'a toujours rien dit, c'est étrange. Alors je me lance :
-Comment tu t'appelle ?

Je suis plus jeune que lui, sûrement, mais je préfère le tutoyer. Pour qu'il comprenne mon mépris pour le symbole qu'il représente, c'est à dire la sur-protection de ma grande soeur.
-Okylu, Votre Majesté.
-Hum...

En réalité, cela m'intéresse un peu quand même, il m'intéresse un peu. Il est beau. Je hoche la tête et le détourne de lui.
-Depuis une semaine que je suis à votre service, vous ne m'avez jamais demandé mon prénom. Pourquoi maintenant ?
-Tu n'es pas à mon service, tu es au service de ma soeur. Et je ne l'ai pas fait car tu ne sera bientôt plus ici.

Il a l'air choqué par mes mots. Pourtant ce n'est que la vérité. Je n'ai fait qu'énoncé des faits. Je hausse les épaules et me dirige vers mon vestiaire. Il me suit bien évidemment mais au moment où je retire les premiers voiles de ma tenue, il se retourne face au mur. C'est bien il a un minimum de pudeur, après m'avoir déshabillé du regard pendant ma danse. Je lui dis que j'ai terminé et on s'en va. Je me dirige vers le bureau de Luvi. Elle va m'entendre cette folle.