Chapitre 3

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Mes talons résonnèrent dans la rue. Le brouhaha de la ville n'était plus à cette heure-ci. En montant dans la voiture je m'autorisais quelques secondes pour me reprendre. Je n'arrivais pas à retirer la sensation de ses mains sur mes seins ou du goût de sa langue sur la mienne. Je démarrais et rentrais chez moi au plus vite. Je ne repris une respiration normale qu'en refermant la porte de mon appartement. Les larmes me montèrent aux yeux. J'étais perdue. Il me plaisait c'était indéniable mais on ne jouait pas dans la même catégorie. Je n'étais surement qu'une distraction, un morceau de viande intéressant pour lui. Il pouvait avoir toutes les filles qu'il voulait, à commencer par miss Barbie, sa secrétaire, alors pourquoi moi ?

« - merde, je ne suis pas un jouet ! » m'écriais-je

Remontée comme un coucou suisse j'allais prendre une douche pour effacer toute trace de ce qu'il s'était passé dans l'ascenseur et pris comme résolution de ne plus lui laisser le champ libre. Il devra se battre s'il me veut vraiment. Ce qui n'arrivera jamais j'en suis sure.

Lorsque le réveil sonna j'avais l'impression d'avoir dormi à peine deux heures, tant ma nuit a été mouvementée. Je n'ai fait que penser à lui, à ses lèvres sur les miennes et ses mains laissant une trace brulante sur ma peau. J'hésitais de longues minutes à aller travailler et prétendre une quelconque maladie soudaine. On était vendredi et avoir un weekend prolongé me plaisait fortement. Puis je me souvins de ma résolution et me levais prestement. Je m'habillais en faisant un peu plus d'effort que la vielle et laissais mes cheveux détachés. Je me regardais dans le miroir avant de partir et me trouvais juste potable. Je devais être, un minimum, attirante s'il voulait me toucher me dis-je pour me motiver.

J'entrais la tête haute dans les locaux de Global Tech, plusieurs de mes collègues arrivèrent en même temps que moi et nous décidions de nous prendre un café avant de monter nous mettre au travail. J'appréciais leur compagnie ce qui me fit me détendre un peu. C'est le sourire aux lèvres que je rejoignis mon bureau où une nouvelle pile de dossier s'était amoncelée durant la nuit.

« - tu veux jouer, pas de soucis, tu vas le regretter ! » Marmonnais-je.

J'étais plus que motivée maintenant à l'ignorer, à devenir la parfaite petite employée. Mais il ne mettra plus un doigt sur moi. Ce qu'il me donnait à faire n'était en aucun cas difficile mais très fastidieux. J'en vis enfin le bout vers 18h. Je ne m'étais pas arrêté pour manger et ma journée de travail aurait déjà dû s'arrêter il y a plus d'une heure. Tout le monde était parti, il ne restait que moi et Mme Gallagher. J'allais la saluer et allais attendre devant l'ascenseur en lisant distraitement mes messages. J'entrais dans l'ascenseur sans lever les yeux de mon téléphone. Je lançais un bonjour à la personne déjà présente dans la cabine sans même la regarder et m'apprêtais à appuyer sur le bouton rez-de-chaussée lorsque je vis qu'il était déjà enclenché.

« - vous êtes vraiment très efficace » dit alors mon compagnon d'ascenseur.

Cette voix, je l'aurais reconnue entre mille.

« - Mme Gallagher vous l'a dit. Je suis la meilleure ! » répondis-je en regardant droit devant moi.

« - elle n'a pas menti. » admit-il.

Un silence pesa sur nous avant qu'il ne reprenne la parole.

« - vous avez l'air épuisée ! » constata-t-il

« - j'ai eu une semaine chargée ! » lui ai-je répondu simplement avec un petit ton de reproche.

Il se rapprocha de moi et essaya de me prendre la main. D'un geste je l'esquivais toujours sans le regarder. Je mis les mains dans mes poches et accrochais mon regard aux chiffres des étages qui défilaient. Je sentais son regard sur ma nuque mais décidais de l'ignorer.

Mon téléphone sonna. Mes collègues, avec qui j'avais prévu d'aller boire un verre, devaient m'attendre depuis un moment maintenant.

« - je suis dans l'ascenseur, j'arrive d'ici 5 minutes grand max ! » répondis-je.

Je me mis à rire à une remarque de mon collègue ce qui énerva Monsieur Hale. Il attrapa mon téléphone raccrocha et me regarda durement.

« - qu'est-ce qui vous prend ! rendez-moi mon portable ! » m'exclamais je hors de moi.

« - ne m'ignorez pas ! » siffla-t-il entre ses dents.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, il m'attrapa par le bras et m'entraina vers le sous-sol. Par chance, le vendredi était le seul jour où tout le monde rentrait chez lui à l'heure. Ainsi, nous ne croisions personne jusqu'au sous-sol.

« - lâchez-moi ! » m'écriais-je en retirant violemment mon bras de son emprise.

Il se retourna surpris. En effet, la veille je m'étais plutôt laissée faire, il ne s'attendait surement pas à ce que je lui résiste autant.

Il se reprit vite et ses yeux devinrent froids.

« - rendez-moi mon portable ! » répétais-je aussi calmement que possible en levant la main devant moi pour qu'il y pose l'objet en question.

Je bloquais mon regard au sien, ne sourcillant pas. La tension était palpable entre nous.

« - monsieur, la voiture est prête ! » nous interrompit son chauffeur.

Aucun de nous ne détourna le regard.

« - montez dans la voiture ! » m'ordonna Hale.

« - mon portable ! » répondis-je simplement.

Aucun de nous ne bougea d'avantage, nous défiant mutuellement. Je me mis alors à sourire, son visage se détendit.

« - gardez-le si vous voulez. » dis-je en haussant les épaules.

Je tournais les talons et m'éloignais de mon tourment. Alors que je m'attendais à ce qu'il me poursuive rien ne se produisit.

« - bonne soirée monsieur Hale ! » lançais-je par-dessus mon épaule avant de passer la porte qui donnait sur la rue.

Tout est possibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant