63 ~ Tentation

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– Putain Rose, tu fais chier ! beugle Jean.

J'explose de rire lorsqu'il se retourne vers moi, hors de lui, mais surtout complètement trempé car je viens de lui renverser un seau d'eau sur la tête. Le caporal Livaï n'a pas apprécié notre petite soirée clandestine et, de ce fait, nous avons tous écopé de corvées lors de cette dernière semaine avant la fatidique expédition qui aura lieu demain. Jean et moi sommes donc contraints de nettoyer le grand hall, seulement nous mettre tous les deux dans une même pièce avec des seaux d'eau n'est probablement pas la meilleure idée qu'ait eue le caporal.

– C'est le hall que tu devais nettoyer, pas cet abruti, soupire une voix blasée dans mon dos.

Jean devient aussi rouge qu'une tomate, vexé que le caporal le traite d'abruti, mais n'ose cependant pas protester. Je me tourne vers le caporal et lui lance un sourire faussement chaleureux.

– Vous m'avez dit de nettoyer la crasse, rectifié-je, je n'ai fait qu'appliquer vos ordres.

Je vois Jean serrer les poings et je sens que l'envie de m'en coller une le démange sévèrement. Cependant, avec le caporal en face de nous, il n'ose pas aller au bout de son idée et reste simplement stoïque. Livaï lève les yeux au ciel, peu réceptif à ma blague, et pousse un long soupir exaspéré.

– Retrouve-moi au sous-sol dans cinq minutes, c'est l'heure de notre séance.

Après avoir prononcé ces mots, il tourne les talons et prend la direction des sous-sols. Je le regarde s'éloigner, absorbée par sa démarche féline, et étouffe un grognement lorsque je reçois une claque à l'arrière de la tête. Je me retourne vers Jean, furieuse, et le fusille du regard.

– C'est toi la crasseuse, espèce de demeurée ! s'énerve-t-il.

– Ouais bah moi au moins je ressemble pas à un putain de poney !

Je saute sur Jean et l'immobilise sans difficulté avec une clé de bras. Il serre les dents et étouffe un cri de douleur lorsque je tords son bras dans un angle douteux. Je me délecte de ses cris de fillette pendant quelques instants avant de hoqueter de surprise lorsque son pied vient percuter mes côtes. Surprise, je lâche ma prise et le laisse ainsi se relever.

– Ne fais pas attendre ton prince charmant, il attend avec impatience de pouvoir te démonter.

En temps normal, je lui aurais probablement sauté dessus pour lui faire ravaler ses paroles. Malheureusement, il a raison et le caporal doit probablement s'impatienter en m'attendant dans les sous-sols. Alors je pousse un long soupir frustré et traine les pieds en prenant la direction de la salle d'entrainement. Je ne manque pas de donner un coup de poing dans les côtes de Jean lorsque je passe devant lui, lui arrachant une nouvelle plainte.

– Dans tous les sens du terme, précise-t-il, ou même dans tous les sens tout court.

Je lui adresse un salut du majeur sans même prendre la peine de me retourner et accélère le pas, bien que je sois déjà en retard. Dès que je suis hors de la vue de Jean, je me mets à trottiner pour ne pas éveiller les foudres du caporal plus que nécessaire. Je cavale dans les couloirs, à présent à l'aise avec ma nouvelle jambe, et atteins rapidement la salle d'entrainement souterraine.

Je m'apprête déjà à déblatérer des excuses pour mon retard mais m'interromps lorsque je remarque que la salle est vide. Non mais c'est une blague ou quoi ? Cet abruti me donne rendez-vous dans les sous-sols et ne prend même pas la peine de se pointer ! Je tourne plusieurs fois sur moi-même, le cherchant du regard, et pousse un long soupir en ne le trouvant pas. Est-il donc si petit qu'il est parvenu à se dissimuler dans un recoin sombre de la pièce ? Pourquoi pas. Après tout, le connaissant, il est capable de tout.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant