Trois frères

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Il y a des éons, bien avant le déluge, et du temps où les hommes se dénommaient par le nom de leur père, où le visible était ancré dans l'invisible. C'était après la naissance du pays d'Hyperborrée, gouverné par ses rois à la peau pâle. C'était après les guerres qui menèrent à la ruine d'Irem, la cité des piliers, c'était après qu'Ilé-Ifẹ̀ fut déchu et fuit de ses dieux, après la funeste chute du pays de tartare en-dessous des terres. C'était après engloutissement de la paradisiaque Mù, dont il ne reste alors que de gigantesques sculpture, guettant les étoiles dans l 'espoir du retour des dieux.Le monde marchait alors sur une seule jambe, et couraient à sa perte.                                                                                              

 C'était dans cette univers là, que vivait Adon, Shem et Yého.  Ils étaient des fils du glorieux pays d'Issacar, maintenant détruit par la rage et la violence des tempêtes de sable lancées contre eux.  Tout trois étaient d'une intégrité sans faille, sauf Shem auquel il manquait un bras suite aux guerres contre Gomorrhe la décadente. Les trois frères vivaient donc de rien, marchant vers le nord pour fuir le souvenir de leur patrie dévastée. Leur périple les mena à travers le royaume de Stygie, où ils ne trouvèrent à nouveau que ruines et désolations. Ils errèrent dans d'immenses rues vidées de toutes vie, uniquement peuplées d'ombre rampantes.                                                           Puis ils atterrirent dans les sombres contrée qui bordent une mer plus noire que la nuit. Des villes aux noms étranges venaient s'abreuver de ces eaux impurs, et partout suintait l'odeur infecte de la maladie. Les trois frères fuirent bien vite les abords de cette mer maléfique, toujours en regrettant le souvenir de leur patrie dévastée. En contournant la mer, ils s'approchèrent d'une ville en proie à un incendie digne des enfers les plus ardents. Trop habitués aux règles de la guerre, Adon, Shem et Yého se tinrent éloignés de cette ville où des hommes alimentaient leur propre bûcher, où des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, tenant encore leurs enfants à leurs mamelles sanglantes, où partout des êtres à demie morts se battaient, cédant à la folie engendrée par la perte de leur nation. Leurs yeux endurcis ne défaillaient plus devant ces visions, mais devant le fait qu'elles étaient devenues monnaie courante. Après avoir traversé le détroit, les choses se calmèrent ; ils entraient désormais dans les empires Magyars. Personne n'habitait plus ici, seul quelque hommes aux regards vides, qui gardaient encore des cités sans habitants, sur des murailles recouvertes d'armure sans personne dedans. Ils marchèrent jusqu'en Itlos, où ils virent la ville des pères des prières livrées à la luxure et aux plus immondes débauchent. Cette vue les attrista, et ils repartirent, toujours regrettant leur patrie dévastée. Les fils d'Issacar traversèrent le pays Tysk, où régnait la dictature décadente d'une minorité, qui poussait grâce à de beaux discours la majorité à s'entre-tuer. Ils continuèrent, toujours sans un mot et regrettant leur patrie, à marcher vers le Nord. Leur périple s'arrêta après des années de marche, dans une presqu'île où poussait un unique pommier, aux fruits abondants. Les fils d'Issacar savaient ce qu'ils avaient à faire, eux qui avaient vue toutes les infamies possibles, et qui, en trois ans de voyages, avaient eu le temps et le loisir de trouver la solution à leurs problèmes. Alors pour la première fois depuis trois ans, Yého pris la parole et dit :«Mes frères, ils nous faut, à l'ombre de ce pommier, afin de nous prévenir des malheurs et de la nécessitée, cultiver notre jardin. »

Et ils cultivèrent un jardin qui aujourd'hui encore persiste, au deçà de l'influence humaine.

Trois frèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant