Cette fois, pas de doute possible. Il y avait bel et bien quelque-chose dans les ténèbres. Quand le bruit avait résonné, Sif s'était instantanément retourné, le bras armé et prêt à frapper tout ce qui pouvait surgir de l'ombre. Quelque-chose, ou quelqu'un, les attendait plus loin. La tension était palpable.
− Ça doit juste être quelque-chose qui est tombé quand on a ouvert la porte, avança l'une des deux sœurs, pas très rassurée.
− Je ne pense pas, répondit simplement Sif sans détourner le regard.
Il fit un pas prudent à l'intérieur, prenant le temps de vérifier qu'il n'était pas en danger.
− Vous comptez vraiment entrer la-dedans en sachant qu'il y a peut-être quelqu'un ? s'inquiéta Joan. Hors de question que je vous accompagne.
− Il n'y a que dix lits dans ce vaisseau. Un pour chacun d'entre nous. Donc ce n'est qu'une simple coïncidence, renchérit la seconde sœur.
Sif s'avança un peu plus pour observer la salle. Ils étaient sur une plateforme métallique légèrement en hauteur. La salle manquait cruellement d'énergie, si bien que les lumières ne s'allumaient que très rarement, et jamais plus d'une demi-seconde. La salle était remplie de grandes machines dotées de tuyaux qui leurs donnaient des allures d'antiquité. C'était loin d'être un terrain très avantageux. Sif s'approcha de l'escalier qui rejoignait le sol et scruta les ténèbres. L'une des deux sœurs poussa un soupir et passa devant Sif sans que celui-ci ait le temps de l'en empêcher.
− Il n'y a rien à craindre je vous assure. La porte peut s'ouvrir de l'intérieur, donc s'il y avait quelqu'un qui nous voudrait du mal, il nous aurait déjà attaqué !
− Hey, mais ça peut très bien être un animal qui s'est introduit ici par une brèche, par exemple !
− S'il y avait une brèche, on sentirait un courant d'air ou quelque-chose comme ça, répliqua la femme blonde en commençant à descendre les marches.
Sif se mit à se mordiller la lèvre. Elle faisait quelque-chose de totalement inconscient et il devait l'en empêcher. Mais tout son corps lui disait de ne pas se précipiter, de prendre son temps et de bien observer son environnement. Le temps qu'il mit à hésiter suffit à la femme blonde pour atteindre le sol et elle commençait déjà à regarder les alentour. Sa sœur passa à son tour à côté de Sif qui ne le remarqua que tardivement.
− Tu vois bien qu'il n'y a rien à craindre.
Sif ouvrit la bouche pour répondre et leurs dire qu'elles étaient complètement inconsciente, mais l'attitude de la première attira son attention. Son regard s'était figé alors qu'elle regardait quelque-chose sur la droite. Et ses yeux étaient écarquillés. C'était bien ce qu'il pensait il y avait quelque-chose ici. Il s'élança en avant, attrapa la sœur qui était encore dans les escaliers par le bras et la tira en arrière, lui arrachant un cri de surprise. Puis il s'élança vers la seconde, mais il eut à peine le temps de faire un pas que ce qu'il redoutait se produisit. Une forme noire fondit sur elle, l'entraînant dans sa course. Sif se figea immédiatement. La taille de la chose était bien plus grande que ce à quoi il s'attendait. Elle devait facilement faire deux mètres de haut et était dotée de nombreux tentacules. Il n'était clairement pas armé pour luter contre ça. Alors qu'il considérait les options qu'il lui restait, un liquide sombre éclaboussa le sol.
− Non !
Sif réagit juste à temps pour intercepter la seconde sœur alors qu'elle se précipitait vers l'étrange créature. Elle se débattit violemment pour échapper à l'étreinte de Sif, mais celui-ci n'était pas prêt à la laisser subir le même sort que sa sœur. Il serra les dents et abattit son poing sur la tempe de la femme blonde. Elle s'écroula alors dans ses bras, inconsciente.
Sif la mit sur son épaule et s'élança vers la plateforme tandis que les bruits que faisaient la créature s'atténuaient. Il passa la porte et rejoignit Joan qui s'était déjà replié avant de déposer le corps inconscient au sol. Il se retourna alors vivement, craignant de voir la créature leur foncer dessus, mais il n'en vit pas le moindre tentacule. Il se rua alors sur la commande de la porte et la ferma. Avec un peu de chance, la créature ne savait pas ouvrir les portes et ils étaient en sécurités.
Sif pris trois profondes respirations puis regarda ce qui l'entourait à la recherche de quelque-chose qui pourrait bloquer la porte. Ça fera toujours une sécurité supplémentaire. Mais la porte s'ouvrant en coulissant, comme toutes les autres portes du vaisseau, il ne trouva rien qui puisse l'empêcher de s'ouvrir. La seule chose qu'il pouvait faire, c'était de mettre quelque-chose d'assez volumineux devant. Et le mieux qu'il y avait ici, c'est probablement le lit qui avait amené Torval aux quartiers.
Sif se résigna à laisser la porte ainsi et, reprenant la femme inconsciente avec lui, se dirigea pour avertir les autres. Joan le précéda pour aller leur demander de se rassembler auprès de Torval et il ne fallut pas deux minutes pour que tout le monde soit là. Et tous portaient des regards inquiets sur le corps inconscient de la femme blonde.
− Bon, vous m'excuserez l'urgence de la situation, mais on fait face à une situation de crise et j'aurais besoin de la coopération de tout le monde. Il y a un monstre dans le vaisseau, et il a eu sa sœur !
Des exclamations de stupeur s'élevèrent dans la salle et beaucoup d'entre eux commencèrent à paniquer. Sif tenta tant bien que mal de les calmer, mais c'était peine perdue. Il n'avait pas le talent de Noël pour parler aux gens, et elle était soit morte, soit inconsciente.
− Combien de temps pour débloquer la porte menant au sas ? Fit une voix forte.
Tout le monde se tut presque aussitôt et se tournèrent vers celui qui avait posé cette question. Torval. À son regard, il était facile de comprendre qu'il voulait avoir accès aux armes pour affronter la créature. Son visage habituellement souriant était désormais sinistre
− Je l'ignore, répondit Annabelle. Vu l'état dans lequel elle est, ça peut facilement prendre quelques heures.
− Ce sera toujours mieux que rien, surtout si Torval viens vous aider, indiqua Joan. Où est le monstre ?
− Il est resté dans la salle derrière les labos. Je n'ai pu que fermer la porte, et j'ignore s'il peut l'ouvrir ou pas.
− Compris. Vous deux, vous pouvez construire une arme ? Demanda Joan en se tournant vers les deux autres scientifiques
− Quoi, mais...
− Euh, je pense pouvoir arranger quelque-chose comme une bombe, mais je ne suis pas sûre que...
− Parfait, faite ça. Plus on aura d'option, plus on aura de chance de survie. Sif, Typhaine, avec moi dans le labo. Annabelle, va aider Torval avec la porte du sas. Et vous autres, préparer moi un truc pour réduire ce monstre en bouillie.
− Euh, et pour... elle ?
− Laissez la là. Elle ne ferait que nous encombrer.
La réponse cinglante ne plut à personne, mais Sif devait bien reconnaître qu'il savait mener le groupe. Ils passèrent récupérer des couteaux dans la cuisine et s'aventurèrent vers les labos avec prudence. Ils ignoraient tout de la créature qui se baladait dans le vaisseau. Peut-être était-elle capable de se rendre invisible. Il ne pouvait que restait prudent. En arrivant dans les labos, ils purent constater que la grande double porte était toujours fermée. Typhaine pointa alors du doigt la lumière qu'il y avait au-dessus de chaque porte. Ces lumières étaient là en tant qu'indication, et elles permettaient de rapidement savoir l'état d'une porte. La lumière était verte quand tout allait bien, rouge quand l'environnement derrière était considéré comme mortel, orange quand il était dangereux, bleu quand l'analyse était impossible, ce qui était le cas pour la plupart des portes du vaisseau. Mais dans le cas présent, la lumière était éteinte. La porte n'était plus alimentée en énergie.
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Prisonniers de l'inconnu
Science FictionUn équipage de dix personne se réveille, complètement amnésique dans un vaisseau totalement clos. Que s'est-il passé ? Pourquoi tout le monde semble avoir perdu la mémoire ? Et pourquoi la moitié de l'équipage est équipée de combinaison bleu tandis...