Le voyage d'une naine libre

Erebor (2/4)

        Voilà plusieurs jours que nous cherchions cette pierre, et les nains semblaient de moins en moins rassurés pour la santé de Thorin. Pourtant ils tentaient de faire comme si tout allait bien. Bombur faisait attention à chaque repas de me servir le plus grand bol et restait toujours devant moi tant que je n'avais pas avaler la première cuillère. Kili et Fili s'en amusaient, et Bilbo disait que c'était un geste très attentionné de la part du nain. Oin venait souvent me demander si mes douleurs étaient bien parties, Bofur se joignait souvent aux deux frères pour rire et je m'amusais beaucoup en leur présence. Je m'inquiétais de ne pas revoir Gandalf, lui qui nous avait dit être de retour avant même que nous n'entrions, nous étions ici depuis un long moment et toujours aucune nouvelle de lui. Quand on essaya d'en parler avec Thorin, celui-ci s'énerva. Il ne voulait plus entendre parler du magicien et nous ordonna de reconstruire le mur de l'entrée. Je ne comprenais plus, nous avions gagné, plus personne ne s'en prendrait à nous avant un bon moment. Il leur fallait reconstruire la cité pour accueillir leur peuple, pas se barricader comme des voleurs dans leur grotte. Je voyais que les autres ne comprenaient pas trop le roi, eux non plus. Pourtant ils ne dirent rien et obéirent, voilà pourquoi je me retrouvais à porter une pierre beaucoup trop lourde avec l'aide de Bifur. Enfin, jusqu'à ce que Dwalin ne me prenne la pierre des mains. C'était un point auquel j'avais eu du mal à me faire au départ, mais il semblerait que le guerrier m'ait prit sous son aile, comme Bard le faisait avec Bain. Me voyait-il comme sa fille? Cette pensée me réchauffait inconsciemment le coeur, lui qui semblait si dur et peu aimable aux premiers abords, il était en réalité très attentionné envers ses proches. Son coeur était tendre et il prenait sans cesse garde à ce que je ne me blesse pas. Kili en riait, jusqu'à ce que Fili lui fasse remarquer que Dwalin faisait pareil avec eux. J'avais une place dans la compagnie, même Thorin qui n'était entièrement dans son état normal, semblait me voir comme l'une des leurs. 

         La nuit passait et le mur se construisait, si bien qu'au matin nous étions désormais fortifiés dans cette grande montagne vide. Assise aux côtés de Dwalin, j'observais la vue depuis le haut de cette barricade. J'avais trouvé une place ici, et pourtant je me souvenais de jours plus beaux que celui-ci. Dwalin me contait des aventures fantastiques qu'il avait vécut auprès de Balin, de ses frères d'armes et de Thorin. Il me racontait l'arrivée de Smaug, la bataille de la Moria, une parmi tant d'autres. Dwalin devait avoir vécut plus d'aventures que je n'en avais lu. Il me raconta aussi les années passées à courir après Kili et Fili alors qu'ils n'étaient que des enfants. Je riais à l'évocation de toutes les bêtises qu'ils avaient pu faire. Le brun vint d'ailleurs à notre rencontre pour nous apporter le déjeuner alors que je mourrais de rire.

-Qu'est ce qu'il se passe ici?

-Je... J'ignorais... Mon fou rire m'empêchait de répondre clairement, ce qui faisait de plus en plus sourire Kili. Si seulement il savait... J'ignorais pas que tu t'intéressais aux hommes elfes.

-C'est même pas vrai! Il s'indigna alors que je me tenais le ventre tant je ne contrôlais plus mon rire. Et puis de toute façon, qui arriverait à distinguer un homme d'une femme elfe? Ils sont tous pareils!

-Je ne pense pas que Tauriel apprécierait beaucoup cela. Je souris en reprenant mon souffle.

-Tauriel?  Dwalin avait l'air sévère d'un père et Kili me fit les gros yeux alors que je haussais des épaules.

-C'est... une elfe de la forêt. Elle nous a soignés quand nous étions à Esgaroth.

-Tu ne me l'avais pas dit. M'accusa le maître nain.

-J'ai oublié. On a pas vraiment reparlé de toute cette histoire pour être honnête. Thorin voulait qu'on trouve sa pierre.

-L'Arkenstone n'est pas une simple pierre, Kaya. C'est le coeur même de cette montagne, l'héritage de la maison de Durin.