Point de vue de Fuldur :
La mort.
Quand on grandit dans un monde de sorciers, on entend souvent des mises en garde venant de partout, nous disant d'être prudent avec telle ou telle chose au risque de finir mangé par un dragon ou noyé par une sirène. Seulement ça n'a jamais vraiment eu une dimension réelle parce que j'ai toujours écouté les consignes. Je sais qu'un dragon peut me tuer en moins de cinq secondes avec son souffle ardent alors il ne me viendrais jamais à l'esprit d'en mettre un en colère.
C'est comme quand on traverse la rue et qu'on doit bien regarder pour ne pas se prendre une calèche en pleine tête. On a conscience que le danger existe mais il ne nous paraît pas réel.
Je me sens idiot parce que je vis avec des dragons depuis bien avant ma naissance et pourtant je ne sais pas à quel point une brûlure peu être grave. Je ne savais même pas que ça pouvait créer des infections ou qu'on pouvait en mourir.
Chez les sorciers, la mort est une occurence affranchie de toute magie, quelque chose qu'on ne peut combattre, ou du moins rare sont ceux qui l'ont fait et qui ont réussis à revenir. Comment peut-elle être en vie après être morte deux fois ?
Nous arrivons à l'infirmerie et madame Trifeuille invite Arabella à s'installer sur un lit. Cette dernière passe un vêtement sous sa jupe avant de la retirer et de laisser apparaître ses jambes meurtries. Ça n'a plus rien d'humain, elle doit tellement en souffrir.
Ce matin elle a perdu connaissance dans la classe de Sir Delan. Maintenant je pense qu'elle a réussis à faire de l'humour malgré la douleur. Est-ce que s'est pour se prouver qu'elle est forte qu'elle fait ça ? Ou peut-être qu'elle en a besoin pour que ça lui soit moins pénible. C'est bien ça, pénible, elle se tordait de douleur sous nos yeux et nous nous sentions tous impuissant.
"Je sais que c'est moche mais tu n'es pas obligé de me regarder comme si je portais toute la misère du monde sur les épaules ! Rit-elle.
- Ah...Désolé si je t'ai mis mal à l'aise.
- Ce n'est pas grave, approche."
Je m'approche d'elle à sa demande et elle m'attire juste à côté d'elle en prenant mon bras.
"Mes jambes vont mieux et sont beaucoup plus présentables qu'il y a quelques années.
- Vraiment ?
- Tu vois, les morceaux qui ne sont pas tout à fait de la même couleur un peu partout ?
- Oui, c'est assez visible.
- Ce sont des dons de peau. Cette peau a appartenue à quelqu'un d'autre avant qu'on ne me la greffe pour m'aider à guérir. J'ai une trentaine de morceau comme ça sur le corps. Ce sont les zones qui ont été le plus brûlé qui ont reçu ces dons.
- C'est possible de donner sa peau ? Je veux dire c'est un peu...
- Glauque ? Tu n'imagine pas à quel point ! Le don d'organe est possible tant que le donneur et le receveur sont compatible. Par exemple on peut donner un rein, sa moelle osseuse, ce genre de chose, certaines personnes donnent leur foie et d'autres encore plus généreuses donnent leur coeur.
- Mais...On ne peut pas vivre sans son coeur.
- Les personne qui donnent leurs coeurs sont des gens qui disent qu'après leurs mort, les médecins sont autorisés à prélever leurs organes pour permettre à d'autre gens de vivre mieux, ou de vivre tout court. C'est pareil pour la peau.
- Et tu vis avec la peau de gens mort sur toi ?"
Cette idée me donne envie de vomir.
"Je sais, c'est dégoutant ! Mais d'une certaine manière, une partie de ces personnes vis avec moi et me permet d'aller mieux. Je...Je les remercie énormément pour ça, avant ma peau était tellement sensible et mes jambes tellement exposées que je pouvais choper une infections si quelqu'un avait des gaz dans la pièce !
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Witch in a Wheelchair
RomanceQuand on lit une histoire, on s'attend à voir un héros en parfaite santé sur deux jambes qui n'a pour seul vrai problème qu'un peu de violence par ci et par là et beaucoup de problèmes de l'ordre de l'honneur et de la morale dans des contexte réels...