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Pour plus d'expériences, il est recommandé d'écouter la musique en élément multimédia. Bonne lecture.

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Assise près de la fenêtre, à ma table favorite de la bibliothèque de l'internat, je lisais un livre. Je devais absolument le terminer ce soir-là, car j'avais une interrogation de français le lendemain sur ce sujet.

- "Le Rouge et le Noir"... Merci du cadeau, fis-je en relisant une seconde fois la page sur laquelle j'étais bloquée depuis cinq minutes.

Je n'y pouvais rien, je n'accrochais pas avec l'histoire. J'ignore si c'était le style d'écriture ou l'intrigue aussi molle que de la guimauve, mais dès que je lisais une phrase, elle ressortait aussitôt de ma mémoire. Super énervant.

Derrière les fenêtres à carreaux, la nuit s'installait doucement, et les premières étoiles apparaissaient sur la toile céleste. En temps normal j'aurais pu regarder ce spectacle depuis mon dortoir...

"Allez, plus vite j'aurais terminé, plus vite je pourrai regagner mon lit", pensai-je pour me motiver.

Je replongeais la tête la première dans ma lecture, quand un bruit attira mon attention. Je levai la tête et scrutai parmi les vieilles rangées de livres. Je reconnus le son comme une démarche que je connaissais, et soupirai un peu. Quelques instants plus tard, la silhouette d'un homme d'une cinquantaine d'année entra dans mon champ de vision.

M. Allain, le concierge et surveillant. Il avait toujours eu un comportement amical, parfois paternel avec moi. Pourquoi moi ? Aucune idée... Peut-être parce que nous sommes tous deux réservés et solitaires.

Je me souviens du jour de mon arrivée dans l'établissement. La directrice avait fait son discours de rentrée, son ton sévère m'avait glacé. Elle avait insisté sur l'honneur que nous avions d'être acceptés au sein de l'institution, tandis qu'elle m'avait lancé un regard dégoûté, sans aucune once d'humanité. J'avais pleuré pendant tout son discours.

M. Allain avait été la seule figure heureuse que j'avais aperçue au milieu des professeurs stricts et de mes camarades scolaires. La grande majorité d'entre eux étaient orphelins ; leur chance d'être admis dans l'académie était telle qu'ils s'étaient immédiatement conformés à la discipline.

Je ne savais pas ce que je faisais là. C'est ce que j'avais réalisé pendant l'accueil on ne peut plus froid de la directrice. J'en voulais à la Terre entière. À mes parents en premier lieu.

Ils avaient divorcé quand je n'étais encore qu'un bébé, et depuis ce jour ils se battaient, non pas pour avoir la garde parentale, mais pour me refourguer littéralement à l'autre. J'avais rapidement compris qu'aucun des deux ne souhaitait me garder.

La première décision qu'ils avaient pris était de m'envoyer vivre chez ma grand-mère paternelle. J'avais découvert le bonheur, enfin. Elle avait été si douce, m'apprenant à lire, à écrire, compter. Souvent quand je rentrais de l'école, elle était dans la cuisine à préparer ses délicieuses confitures dont je raffolais tant. Mais un jour, mon père était venu "me chercher", comme il avait dit. J'avais été si heureuse quand il m'avait dit de préparer mes affaires. Jusqu'au dernier moment je croyais qu'il avait enfin décidé de se comporter comme un père présent et aimant. J'aurais tout accepté pour vivre enfin en famille, même avec une belle-mère et des demi-frères et demi-soeurs.

C'était en voiture que j'ai réalisé que je m'étais complètement trompée. Il m'avait annoncé que ma mamie chérie était morte pendant que j'étais à l'école. J'allais vivre avec mon père jusqu'au jour de l'enterrement. Après, j'allais être envoyée chez mes grands-parents maternels.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 11, 2022 ⏰

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