En arrivant à Los Santos, Donatien de Montazac ne pensait pas trouver autre chose que le vignoble qu'il avait préalablement acheté. Ce n'était pas comme s'il pouvait réellement s'y attendre, qui aurait penser qu'un gars trouvé sur linkedIn et deux gamins trouvés au bord de la route seraient devenus aussi importants pour lui ? Et il ne pensait pas non plus que la vente de vin lui aurait apporter en plus de l'argent, des amitiés et des aventures improbables. Bon, d'accord, il se serait bien passer de se faire enlever presque tous les jours. Mais c'était la rançon du succès n'est-ce pas ? Il était Donatien de Montazac, personne ne pouvait l'ignorer dans cette ville, et plus personne le faisait.
Cela avait malgré tout un goût amer de laisser les habitants de cette ville partir. Au fil des jours et des semaines il s'était habitué aux bizarreries de chacun, comme un quotidien un peu étrange. Et sans trop s'en rendre compte, en plus d'être des clients fidèles, ces gens étaient devenus une famille. Quelque chose qui, finalement, lui manquait plus que l'argent. Après tout s'il avait de l'argent, c'était bien pour le dépenser pour ceux qui comptaient, n'est-ce pas ?
La nuit était tombée sur le domaine et la fête étant finie, tout le monde était parti. Ou presque tout le monde, les Croutes étaient évidemment restés. Les deux cousins avaient gentiment demandé de rester dormir, ce qu'il avait accepté sans trop de problème. Expliquant que si ses employés dormaient directement au domaine, ils se mettraient plus rapidement au travail dès le lendemain. Mais bien sûr c'était aussi parce qu'il aimait les avoir à l'oeil. Juste au cas où l'un d'entre eux tombe dans le cas dès qu'il avait le dos tourné.
Les deux cousins s'étaient installés dans le salon et semblaient s'être endormi côte à côte sur la même canapé. Donatien les observa un instant et s'étonna un peu lui-même à sourire. Les Croutes méritaient bien du repos après n'être presque pas tombés dans le coma aujourd'hui. Tout doucement pour ne pas les réveiller il s'approcha d'eux et retira sa longue veste rouge pour la déposer sur eux. Il se disait qu'une couverture pourrait leur être utile. Malheureusement son geste fit sorti l'un des deux Croutes de son sommeil.
-M'sieur Don Tello ? prononça Antoine à moitié endormi.
-Vous êtes encore réveillé Antoine ?
-Moui.
-Vous devriez vous rendormir, conseilla-t-il tout en redressant un peu la veste sur eux, il est tard.
-J'suis pas fatigué ! protesta l'adolescent dont les yeux se fermaient d'eux-mêmes.
Cela le fit rire. Sa protestation naive lui rappelait à quel point Antoine était encore si jeune.
-Bien sûr Antoine, en tout cas moi je vais dormir. Bonne nuit Antoine.
Donatien sortit du salon mais resta malgré tout dans l'embrassure de l'entrée, vérifiant qu'Antoine se rendormait bien.
-Bonne nuit monsieur Don Tello, lui dit-il celui-ci d'une faible voix, bisou.
-Bisou Antoine.
Et sur ces derniers mots, il éteignit la lumière et se dirigea vers sa chambre. Mais avant de pouvoir l'atteindre, il croisa une autre personne encore réveillée sur son domaine. Il reconnut immédiatement ses cheveux roses.
-Oui Kiddy ? Qu'est-ce qu'il y a ? J'vais dormir là.
-J'voulais demander, euh, je peux rester aussi ?
-Bien sûr.
Cela paraissait être même l'évidence même. Il avait passé énormement de bons moments avec Kiddy. Et d'autres un peu plus difficiles, dira-t-on.
-D'accord, j'dors sur le canapé ?
-Si vous voulez mais j'vous préviens il y a déjà les Croutes.
-Oh, ok. C'est pas grave je prendrai un fauteuil.
Semblant s'être mis d'accord, Donatien fit quelques pas vers sa chambre avant se s'arrêter.
-Et une dernière chose Kiddy...
-Oui ?
-Vous pouvez veiller sur les Croutes ?
Cela fit sourire Kiddy.
-C'est déjà ce que je fais Dona.
Cela le fit sourire également. Ces derniers mots lui suffirent et Donatien se décida enfin à aller se coucher. E alors que la porte de sa chambre se referma derrière lui, il songea à tout ce que ces dernières semaines lui avaient apportées. Le pire comme le meilleur. Le pire ayant au final valu le coup pour vivre le meilleur. C'est sur cette pensée qu'il se coucha et ferma les yeux sur cette pensée, alors que le reste de la ville s'endormait avec lui.
