Chapitre 5

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Jeudi 30 août – 14h 30 – Quais de Seine, Paris

PDV Clarke

« Et là, il le regarde, et il lui dit : "... Mais moi non plus Monsieur". »

Tout le monde éclate de rire à la chute de l'histoire d'Octavia.

Octavia, Raven, Lincoln et moi sommes assis par terre dans le petit square jouxtant la Seine et la bibliothèque la plus grande de Paris, la bibliothèque François Mitterrand. Endroit prisé par toutes les générations et en particulier des étudiants, nous avons eu la chance de trouver un carré d'herbe à l'ombre d'un arbre. Sa fraicheur est bienvenue, dans cette chaude après-midi de la fin août.

Le bruit des voitures passant en contrebas ne me gâche pas le plaisir que j'ai à passer encore un peu de temps avec mes amis. L'air sent le chaud, l'herbe brûlée et les gaz d'échappement, mais l'odeur est finalement agréable. Quelques bières et des paquets de chips posés entre nous, les voix fusent de tous les coins dans une douce cacophonie.

Non, la seule chose qui gâche mon plaisir à cet instant est la présence supplémentaire de Lexa. Elle est assise quasiment en face de moi, et contrairement à d'habitude, elle ne semble pas vouloir tuer quelqu'un par son simple regard. Elle participe à la conversation régulièrement, l'agrémentant de petites remarques suffisantes et de sourires en coin qui me font grincer des dents, surtout quand je vois tous les autres rire de bon cœur à ses paroles. Mais ce qui m'agace plus que tout, ce sont ses coups d'œil glacés à mon égard. Elle se permet même de m'en jeter toutes les deux ou trois minutes.

Elle me fait enrager mais je ne peux pas m'empêcher de la regarder en douce. Je déteste sa queue de cheval haute et brune, qui fait ressortir ses pommettes. Je déteste son short en jean noir, qui révèle ses longues jambes musclées. Je déteste son T-shirt légèrement oversize au logo de Game of Thrones, parce que je voudrais le même.

« Et toi Clarke, tu dois bien avoir une anecdote marrante de ton voyage ? »

Je relève les yeux vers Raven en sursautant légèrement. J'avais totalement perdu le fil de la conversation. Je me reprends très vite et fais un grand sourire.

« Bien sûr ! En janvier, je faisais une randonnée dans une forêt du Laos, c'était absolument magnifique. Je m'arrête pour manger. Je sors mon sandwich, je m'apprête à croquer dedans quand on me l'arrache des mains ! Je ne vous explique pas le bond que j'ai fait, je croyais être seule ! Et puis je regarde autour de moi et... C'était un singe ! Je me suis fait racketter par un singe ! »

« Et alors ? Tarzan est venu te sauver ? » rigole Raven.

« J'aurais bien aimé ! J'ai dû rentrer jusqu'à mon hôtel sans manger ! »

« Tiens, mademoiselle j'aime-sauver-les-gens-en-détresse aurait finalement eu besoin d'aide ? » fait Lexa d'un ton grinçant.

Je lui jette un regard mi-étonné, mi-agacé. Pourquoi commence-t-elle à me casser les ovaires ainsi ? Je pensais que notre règle tacite était de ne pas se parler !

« Mademoiselle j'aime-sauver-les-gens-en-détresse ne s'inquiètera en tous cas plus jamais pour toi ! »

Et puis je réfléchis à ses paroles : a-t-elle vraiment été agacée d'être « secourue » par moi ? Lexa a l'air d'être une fille foncièrement indépendante, et c'est donc tout à fait possible.

« Je pense en effet que c'est préférable, Clarke. »

Je frissonne alors qu'elle prononce mon prénom. Je ne sais pas ce qui me prend, mais je lui tends alors la main :

Ne m'approche pas (Clexa)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant