~OS~

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Le sniper local et la personne la plus chanceuse de l'humanité adoptent par inadvertance trois adolescentes.

C'est certainement la meilleure façon de décrire ta relation avec ton équipe.

Ces trois dernières dorment à poings fermés depuis plusieurs heures. Tu t'avances dans les couloirs labyrinthiques de l'immeuble où vous avez monté votre camp, t'aidant de ta lampe-torche pour te diriger dans les ténèbres. Tu es presque de retour à la base lorsque tu entends quelqu'un s'approcher lentement vers toi. Sans hésiter, tu fais volte-face pour aveugler l'intrus et attrapes ton pistolet.

— Wow, doucement. C'est moi.

Sniper Mask... Ou devrais-tu dire, Yuka. Tu avais tellement l'habitude de son surnom que ça te fais presque étrange de l'appeler par son vrai prénom.

Presque.

Tu abaisses la lumière.

— Excuse-moi. Tu as vu quelque chose ? demandes-tu.

— Non. Les masqués sont très calmes ce soir, probablement trop.

Tu es d'accord avec lui. Aikawa prépare sûrement un sale coup dont vous vous passeriez bien...

Quand Yuka arrive à ta hauteur, tu forces un petit sourire sur tes lèvres.

— On peut rien y faire pour le moment. Faisons une pause, murmures-tu en ouvrant doucement la porte.

Vous pénétrez silencieusement dans l'appartement afin de ne pas réveiller vos trois belles au bois dormant. Alors que Yuka se dirige vers la kitchenette, tu t'écroules dans le canapé. Bien vite, tu ressasses tout ce qui a pu t'arriver depuis que tu as atterri ici. Les histoires de dieux, d'anges, de survie et de morts... dommage qu'il te soit impossible de mettre ton cerveau en veilleuse : rien que de réfléchir à la logique de ce monde te donne mal à la tête.

Tu te tournes légèrement, juste assez pour voir le dos de Yuka, en train de préparer son café et une autre boisson chaude. Tu as un sourire doux. Ce n'est rien de spécial, mais il te fait toujours celle que tu préfères lorsque vous terminez de patrouiller ou après une journée difficile. L'intention est la bienvenue, surtout venant de lui.

— Tu sais, commences-tu en fixant le plafond, ça m'a fait plaisir que tu aies décidé de rester avec nous. J'avais rien dit lorsque tu nous as annoncé  que tu voulais partir... Je comprenais tes raisons. Mais tu m'aurais beaucoup manqué.

Il s'est figé le temps d'une seconde, avant de reprendre comme-ci de rien n'était.

— C'est réciproque, finit-il par répondre d'une voix un peu plus grave que d'habitude.

Ton sourire s'est fait plus grand. Tu ne t'autoriserais jamais à le dire à voix haute, mais ça te fais chaud au cœur de savoir qu'il aurait ressenti la même chose. Sa présence te rassure, te donne confiance en toi. Aussi longtemps que vous serez côte à côte, rien ni personne ne pourra se mettre dans votre chemin. Pas même cette sombre merde d'Aikawa.

— Voilà pour toi, déclare Yuka en posant ta tasse sur la table basse en face de toi.

Tu pensais qu'il allait s'assoir dans le même temps, comme vous le faites habituellement. Vous discuteriez de tout et de rien et partageriez le silence de la nuit. Mais il contourne la table pour s'installer à côté de toi.

Oh.

C'est nouveau, ça. Pas malvenu mais surprenant. Tu te redresses alors qu'il pose sa propre boisson.

— Je suis heureux que tu sois ici aussi.

Perplexe, tu le fixes, l'invitant à poursuivre.

— Les choses auraient été bien plus lentes si tu n'avais pas été là. Ou elles auraient pu très mal tourner... Je n'ose même pas imaginer ce qui serait arrivé à Kuon sans toi.

À l'évocation de cet incident, une violence douleur s'est réveillée dans ton dos. Tu ne regrettes en aucun cas de lui avoir sauvé la vie... mais il y a eu un prix à payer. Cependant, il n'est pas question que tu te montres faible face à lui. Ton visage se fend d'une expression faussement arrogante alors que tu lui rétorques :

— Bah ! Quel genre de parent aurais-je été si je n'avais pas été capable de protéger ma fille ?

Il pousse un "tss", amusé, mais pas autant que tu ne l'as espéré.

Tu prends une gorgée de ta tasse. Le liquide chaud passe au travers de ta gorge. Ah, trop bon.

— Merci Yuka, remercies-tu sincèrement, j'avais vraiment besoin de ça.

— ...Avec plaisir, se contente-t-il de te répondre en ajustant son chapeau feutre.

Il finit par décider de l'enlever. Tu te fais la remarque qu'il n'a pas du tout fumé ce soir - ce qui est très étonnant. Il prend toujours une ou deux cigarettes entre chaque patrouille. Seule l'odeur du tabac froid flotte encore dans l'air...

Tu te laisses aller sur le canapé, fermes les yeux un instant. C'est si calme. Pour une fois... Tu peux enfin apprécier un instant suspendu en compagnie de la douce présence de minuit et de l'homme qui fait battre ton cœur. Tu ignores s'il partage ce sentiment pour toi mais, pour l'heure, ça ne te préoccupes pas plus que ça. Tu te sens bien avec lui.

— Si seulement le temps pouvait s'arrêter...

À peine as-tu prononcé ces mots que tu entends un cliquetis. Tu entrouvres les yeux par curiosité.

Yuka vient d'enlever son masque.

Tu les refermes aussitôt, sans savoir pourquoi. Ton cœur tambourine dans ta cage thoracique : quelque chose est sur le point de se produire. Tu serais cependant bien incapable de dire quoi... ou peut-être ne souhaites-tu pas voir la vérité en face.

— On ne peut pas arrêter le temps... Mais on pourrait être encore ensemble à l'avenir.

Lentement, tu orientes ta tête dans sa direction alors que tes paupières se lèvent. Yuka te fixe droit dans les yeux. La lumière tamisée de la lampe du salon dévoile son expression sérieuse. Sérieuse, mais pas sévère. Un rose tendre colore si subtilement ses joues que s'il ne se tenait pas si près de toi, tu n'aurais jamais pu t'en apercevoir. Et le regard qu'il pose sur toi...

Ce n'est pas la première fois que tu peux contempler son visage dénudé, mais c'est tellement exceptionnelle qu'il l'enlève sans raison apparente que tu ne peux que t'émouvoir de son geste.

— On pourrait... poursuit-il dans un murmure, On pourrait encore partager des moments comme celui-là. Et pas uniquement ici. Quand nous serons de retour chez nous, que tout ça sera derrière nous... Être juste tous les deux, chez toi, ou chez moi, ou dans un endroit qui te tient à cœur... N'importe où... si tu veux bien de moi.

Le brouillard qui paralysait ton esprit s'est évanoui. Tu n'as jamais pensé aussi clairement. Et la joie te submerge.

— Yuka... J'adorerai un tel futur.

Tu te rapproches de lui pour te glisser dans ses bras, suffisamment lentement pour qu'il puisse te repousser s'il ne veut pas de cette embrassade. Mais au contraire, il t'accueille dans un soupir de soulagement. Il est tellement tendu que tu ne peux t'empêcher d'avoir un rictus alors que tu caresses gentiment son dos pour l'inviter à se détendre.

Tu te recules, poses ton front sur le sien.

— Je veux me tenir à tes côtés pour tous les autres minuits à venir... Si tu veux bien de moi.

Yuka a un petit rire léger.

J'adorerai un tel futur, cite-t-il alors que ses mains viennent se poser sur tes joues.

Tu ne te rappelles plus qui a fait le premier pas mais, bien vite, vos lèvres se rencontrent pour la première fois. Espérons qu'il ne s'agira pas de la dernière...

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𝑀𝒾𝓃𝓊𝒾𝓉 𝓈'𝑒́𝓉𝑒𝓇𝓃𝒾𝓈𝑒 [𝒪𝒮] || Sniper Mask x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant