Eddie, my boyfriend [BxB]

Prologue

"- Cent soixante-dix-sept, cent soixante-dix-huit, cent soixante-dix-neuf, cent quatre-vingt.

- Annhhh mmhhhh oh oui..."

Eddie secoua la tête et soupira longuement. L'idiot qui gemissait comme s'il était dans un film porno, c'était son colocataire de chambre, Joe. Ça lui avait pris exactement trois minutes pour atteindre l'orgasme, il avait compté les secondes. Pas parce qu'il était un pervers qui aimait écouter les autres se masturber, non. C'était une astuce que son psychologue lui avait recommandé quand il sentait son sang bouillir et qu'il voulait utiliser ses poings. Autant dire qu'il comptait comme jamais dès qu'il était en présence de Joe. Ce type l'énervait comme personne. Et ça n'arrangeait rien qu'on l'ai forcé à partager une chambre avec lui depuis la fois où il s'étaient tous les deux violemment battus.

Eddie, Joe et une trentaine d'autres jeunes entre trois et dix-neuf ans vivaient dans ce centre d'accueil. Ils avaient tous une chose en commun. Ils étaient voués à eux-mêmes avant d'atterrir ici. Mais une fois recueillis par Doyle Carafelli-Moore et Chelsea Salsman, les propriétaires, tous retrouvaient l'espoir de pouvoir finalement s'en sortir. Tous sauf Eddie. Il ne pensait pas qu'il arriverait à quoique ce soit un jour. Pas par manque de volonté ou par manque de savoir-faire. Mais simplement parce que c'était un schéma qu'il avait vu se répéter encore et encore dans sa courte vie. Il finissait toujours par tout gâcher.

"- Mmmhh putain c'est bon.

- T'as pas fini de t'astiquer?! cria Eddie."

Joe tourna vivement la tête vers lui et essaya de cacher son pénis même si Eddie ne pouvait pas du tout le voir, premièrement à cause de l'obscurité de la pièce et deuxièmement parce qu'il ne regardait même pas dans sa direction. Leurs lits étaient contre des murs opposés.

"- Merde mec, je savais pas que tu étais réveillé.

- Même si je dormais, je ne le serais pas resté bien longtemps avec tes râles d'ado en chaleur.

- Ouais ça va, tu fais pareil de toutes façons.

- Non Joe. Parce que quand moi j'ai envie de sexe, je me fourre dans un corps chaud pas dans le creux de ma main droite. Mais je suppose que tu ne peux pas comprendre vu que t'es encore puceau.

- Retire ça tout de suite!

- Ferme la et laisse moi dormir ducon."

Il se tourna dans le lit pour faire face au mur mais sentit la main de Joe sur son épaule qui le retint. Quand il leva les yeux, le jeune garçon au cheveux bruns se tenait près de son lit, le visage froissé et visiblement prêt à en découdre.

"- Tu ne m'appelles pas ducon, ducon, le menaça-t-il en pointant un doigt sur lui.

- Tu viens sérieusement de me toucher avec ta main pleine de sperme? grogna Eddie en retour."

À ce point, la confrontation était inévitable. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, Eddie bondit de son lit et se jeta sur Joe. Ils tombèrent tous les deux au sol mais le brun se retrouva sous lui. Il lui asséna un coup de poing en pleine face, puis un deuxième, puis un troisième. Eddie était superbement bâti pour son âge. À seulement dix-sept ans, il avait une carrure de boxeur et c'est pour ça que très rapidement, Joe se mit à saigner sous son poing. Néanmoins, le brun aussi avait du muscle et il ne comptait pas se laisser faire. Il frappa Eddie dans les côtes et ça le fit basculer. Il en profita pour grimper sur lui et le rua à son tour de coups de poing. À un moment, ils réussirent tout deux à se relever et leur bagarre continua. Il se frappaient et se cognaient partout où ils pouvaient. Ils renversèrent tables, chaises et tout ce qui se trouvait dessus. Le boucan finit par alerter les occupants des autres chambres et quand il virent de quoi il s'agissait, ils allèrent immédiatement prévenir Chelsea.

La psychologue vivait avec eux au centre. Elle avait une chambre au premier étage. Ce sont les coups rués sur sa porte qui la réveillèrent. Craignant qu'il y ait un problème avec les enfants, elle quitta précipitamment son lit et ouvrit la porte.

"- Qu'est-ce qui se passe? demanda-t-elle.

- Eddie et Joe, dit l'un des gamins. Encore."

Il finissait à peine de parler qu'un énorme boum se dit entendre deux étages plus haut. Chelsea attacha rapidement sa robe de chambre et grimpa deux à deux les escaliers qui la menèrent jusqu'à la chambre des deux garçons. Arrivés sur place, elle vit que quatre autre garçons de la même carrure que nos deux bagarreurs avaient réussi à les séparer. Malgré ça, ils se démenaient et se criaient des insultes à tout va.

"- Bon maintenant, stop!"

Chelsea avait élevé la voix et tapé un pied au sol.

"- Je ne veux pas entendre ce genre de langage devant les plus petits, est-ce que c'est clair?

- Oui Chelsea, murumurèrent les deux à l'unisson.

- Il va falloir que vous vous calmiez vous deux. Ça ne peut pas continuer comme ça."

Elle prit une grande inspiration et posa une main sur son front pour essayer de reprendre un peu contenance. Elle avait encore le sommeil dans les yeux et trois heures du matin était bien trop tôt pour régler ce genre de conflits.

"- Allez, tout le monde retourne dans sa chambre et extinction des feux, zou!"

Le vacarme avait attiré la plupart des enfants. Et près de la moitié d'entre eux était dans le couloir ou à la porte de la chambre de Joe et Eddie. Mais tous s'éxécutèrent quand elle leur ordonna de retourner dormir. Elle remercia particulièrement les quatre qui avaient limité les dégâts en retenant Eddie et Joe. Au final, elle se retrouva seule avec les deux adolescents.

"- Vous ne me rendez pas les choses faciles les garçons. Pourquoi vous ne pouvez pas simplement vous entendre? Vous avez tellement de choses en commun pourtant.

- Je n'ai rien en commun avec lui.

- Plutôt mourir que d'être comme lui."

Chelsea soupira avant de reprendre.

"- Eh bien je suis désolée mais vous allez devoir apprendre à vous supporter. Parce qu'aucun de vous ne quittes le centre pendant les deux semaines qui viennent si je vois ne serait-ce que l'ombre d'une dispute entre vous deux.

- Quoi? Chelsea, tu ne peux pas faire ça, se plaignit Joe.

- Bien sûr que si. Vous êtes désormais assignés à domicile messieurs. Quand vous m'aurez montré que vous pouvez faire preuve d'un minimum de civilité, on pourra rediscuter. Maintenant au lit."

Elle les laissa ensuite et regagnit sa propre chambre.

"- C'est à cause de toi tout ça, accusa Joe.

- Rien ne serait arrivé si tu avais une libido normale. Trouves toi quelqu'un à baiser plutôt.

- Pff, tu dis ça comme si c'était le truc le plus simple au monde.

- C'est le truc le plus simple au monde.

- Ah oui? Donc tu n'auras aucun problème à me trouver un plan cul alors.

- Si ça peut m'aider à faire des nuits complètes, pas de problème."

C'est donc comme ça qu'ils se mirent d'accord. Eddie allait trouver une personne pour réchauffer le lit de Joe. Ce n'était peut-etre pas le genre de liens que Chelsea espérait que les deux garçons créent entre eux mais c'était mieux que rien.
Aucun des deux ne prit la peine de ranger le chaos qu'ils avaient créé avec leur bagarre. Ils se dirigèrent chacun vers leur lit et dormirent le peu de temps que la nuit leur permit.