Patriarche Yiling

Après avoir vu son clan se faire massacrer sous ses yeux, ses parents adoptifs se faire lâchement assassiner et les corps de ses amis s'empiler, Wei Wuxian s'était enfui avec son frère pour rejoindre leur sœur. Jiang Cheng avait perdu la tête avant même qu'ils n'atteignent leur point de rendez-vous et avait plaqué le brun contre le sol terreux. Le champ dans lequel ils se trouvaient était humide et les insectes s'y baladaient à leur guise. Cependant la sérénité des oiseaux n'était plus, la terreur imposée par le clan Wen les avait fait taire et aucun d'eux n'osait chanter. L'ambiance était lourde, pesante sur les frêles épaules du plus âgé qui essayait tant bien que mal de garder la face. Après tout, avant de mourir madame Yu lui avait ordonné de protéger Jiang Cheng coûte que coûte, peu importe les dangers, et ce même si sa vie devait se mettre en jeu. Sa mère s'en fichait bien de ce qui advenait de Wei Wuxian, après tout il n'était même pas son fils biologique. En revanche, son vrai enfant, lui, l'inquiétait beaucoup plus. En même temps, il était censé prendre la relève sur eux. Mais avec la puissance actuelle de leur clan, même si les deux commandants n'étaient plus, il ne pouvait rien faire de plus que s'évader.

Le violet criait à tort sur son frère, expulsant toute sa haine sur son visage, tâchant ses joues de larmes et emprisonnant sa respiration. Les mains de Jiang Cheng étaient enfermées sur le cou délicat de Wei Wuxian, lui laissant une marque rouge de rage. Quand il l'eut lâché, il se laissa tomber sur son torse bombé, pleurant la mort de sa famille et lamentant leur impuissance. Il hurlait de plus belle, laissant transparaître toute sa haine au brun, qui lui, ne disait rien. Il avait un rôle à jouer. Il ne pouvait donc pas se permettre une figure aussi pitoyable. La morve coulait du nez de Jiang Cheng qui murmurait pour lui-même "Je veux mon père, je veux ma mère". "Du haut de ses 16 ans, il n'a toujours pas réussi à canaliser ses émotions..." pensa Wei Wuxian par la suite, essayant d'ignorer ses pleurs incessants.

La lune se montra bien vite, faisant trébucher le soleil. Les cigales ne fredonnaient pas leur air habituel, sûrement parce qu'elles avaient toutes été décimées par cette ordure de Wen Chao. Il n'avait aucune pitié, piétinant les pauvres, éventrant les riches. Torturant les faibles, riant des forts à ses genoux. C'était un grand sadique, un malade qui aimait voir les gens à ses pieds. Jiang Cheng voulait le tuer à son tour, venger ses parents, laver leur honneur sali par ses piètres mains. Et Wei Wuxian, quant à lui, voulait l'assister, le protéger, veiller sur lui comme le bon grand frère qui était. Mais ce bon grand frère qu'il était disparu aussitôt la mission réussie. Ils avaient maudit Wen Chao si fort qu'une maladie l'avait frappé, sa peau s'était pelée, ses cheveux étaient tombés, sa chair s'était aussi consumée et ses yeux s'étaient soudain remplis d'une certaine peur. Après cette dure vengeance, Jiang Cheng avait reprit les commandes de leur clan. Mais Wei Wuxian, lui, au contraire avait suivi une autre voix. Il s'était tourné vers la pratique démoniaque, n'ayant pas vraiment d'autres choix puisque son noyau d'or s'était fait absorber juste avant leur massacre chez les Wen.

Par la suite il s'était trouvé un village, et même une autre famille... c'était entre-temps. Il était un peu plus joyeux. Il n'avait plus à supporter l'égoïsme de son frère et son commandement cruel. Wei Ning lui tenait compagnie, il l'aidait à planter le lotus, il méditait avec lui et éteignit les bougies lors du couché. Ce jeune homme qu'il avait sauvé d'une mort certaine était devenu son ami, et de bonne grâce, ou par reconnaissance peut-être, il lui avait ouvert les bras. Il l'avait accueilli avec sa sœur, sa grand-mère et le reste de son entourage. Et ça, Wei Wuxian en était extrêmement heureux. Il s'amusait avec A-Yuan, il rigolait avec le vieux laboureur et jouait même pour eux de la flute sans oublier leurs festins exceptionnels accompagnés d'alcool. C'était sa nouvelle vie qui débutait. Et il l'aimait.

Mais c'était sans compter sur les autres clans. Comme ils étaient reclus, comme Wei Wuxian avait trahi le clan Jiang, autrement dit le sien, pour aller voir ailleurs, comme il avait pratiqué lâchement la magie démonique et qu'il s'était même tourné vers de simples villageois, ils voulaient sa mort. Il ne pouvait effectivement plus faire marche arrière, il était à présent un traître et devait le rester. Son honneur et la vie de ses amis étaient en jeu.