Johanna | Chapitre 3

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J'étais sur une barque, perdue, en plein milieu de l'océan. Petit point de vie, ballotté par les vagues, ne tentant rien pour arrêter cette force de la nature, je dérivais. Sans but dans l'immensité bleue, quand tout à coup, la tête de Caramel émergea de l'eau et me dit : « T'es prête pour la journée discussion ? »

Quel cauchemar ! Je me relevais d'un coup sur mon lit, assise dans l'obscurité toute relative de ma chambre de clinique. Suffocante. Je n'arrivais pas à reprendre mon souffle. J'avais beau essayer d'absorber tout l'oxygène de la pièce, mes poumons restaient comme hermétiques à cette denrée si précieuse.

Alors ça y était enfin ? J'allais partir pour de bon, étouffée par la tête de Caramel m'annonçant la journée discussion. J'avoue qu'une partie de moi aurait espéré une mort un peu plus héroïque...

Mes poumons prirent d'un coup tout l'oxygène que j'avais tant peiné à inspirer et cela eu pur effet de déclencher une quinte de toux olympique. J'aurais sans aucun doute gagné les J.O de la quinte de toux avec celle ci.

Après m'être calmée, je me recouchait et me rendormais sans peine, 5 minutes avant d'entendre une sonnerie stridente me percer les tympans. Mon réveil. Mrs Jenkins avait eu la merveilleuse idée de nous mettre un réveil tout les matins, à 7h pétantes. On pouvait dire adieu à toute perspective de grasse matinée.

Je me suis levée et j'ai fait ma toilette avant de rejoindre le self pour le petit déjeuné. Prenant mon habituel casse dalle du matin, je me dirigeais vers ma table dans le coin quand on m'attrapa l'épaule. Mrs Jenkins se tenait derrière moi, un immense sourire sur le visage, masquant à moitié une jeune fille qui se tenait droite derrière elle.

« -Johanna, je te présente Madison, ta nouvelle colocataire ! »

L'horreur. On venait de me retirer la seule chose qui m'était tolérable dans cet enfer sur terre, et de me mettre avec miss parfaite. Et je dois dire que l'image qui s'imprimait sur ma rétine correspondait parfaitement à celle que j'avais déjà gravée à l'aide de mon imagination. Blonde aux yeux bleu, les cheveux lisses une robe rose à fleur, qui devait valoir au bas mot la valeur initiale de Gilbert et des ballerines rose cirées. Son visage parfaitement maquillé se fendait d'un sourire enfantin qui me poussa à demander : «

-Mais qu'est ce que tu fous là ?! » Le seul problème, c'est que je l'avais dit légèrement plus fort que je ne voulais, si bien qu'il se fit un silence de mort dans la cafeteria. Tout le monde se figea, et me regarda, avant de regarder Madison en s'apprêtant à courir la soutenir. Celle ci me dévisageait tel un poisson qu'on aurait subitement retiré de l'eau. Elle paraissait estomaquée. N'ayant pas de réponse au bout de deux minutes je décidait de reposer la question quand Mrs Jenkins se mis a me sermonner pour la première fois depuis mon arrivée.

« -Madison vient tout comme toi pour se faire aider suite à une période compliquée. Et je te serrais reconnaissante si pour une fois tu adoptais un comportement positif jeune fille. »

Positif ? Sérieusement ? C'en était trop pour moi. Je lâchais mon plateau avec un haussement simultané des épaules et des sourcils et je me mis à marcher en direction de ma chambre, ignorant les injonctions de Leila. J'avais eu ma dose de socialisation pour la journée. Qu'on ne vienne pas me chercher pour le groupe de discussion, parce qu'il était hors de question que j'y participe.

En arrivant dans ma chambre, j'aperçus bouche bée une dizaine de sacs rose bonbons sur le lit à côté du mien. Je lâchais un juron avant de prendre mon matériel à dessin et de prendre le chemin du toit. Je me mis à dessiner. Jusqu'à la fin de la journée. Plusieurs fois, je dû remballer des médecins qui venait me chercher pour le groupe de discussion. « Je vais très bien et pour la millième fois je n'ai pas besoin ni de me socialiser davantage ni de faire connaissance avec la princesse qui à emménagé avec moi contre mon gré ». Ils revenaient pourtant toute les demi-heure me demander de les suivre pour assister au groupe de discussion.

La journée se finit ainsi. Rien d'extravagant. Je regagnais ma chambre de clinique et me retrouva nez à nez avec Madison. En lui décochant un regard noir, je pris la direction de mon lit pour me coucher, ce que je fit. Je n'avais rien de plus à lui dire. M'installant dans mon lit, je fermais les yeux, et sombrais dans mon univers nocturne sans Madison.

IndividuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant