Le 6 inversé

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Prologue
Paris 15 Mars 2017
Aéroport Roissy Charles de Gaule. J'ai atterrie ce matin à 8h20 après 7 heures de vol. Je n'ai pas dormi durant toute la durée de celui-ci. Résultat : j'ai des yeux de raton laveur, les traits tirés et le teint cireux. Pour ne rien arranger une trainée de mascara séché me donne une allure de Zombie. Je m'en fou. Rien n'a d'importance actuellement pour moi. Je passe les contrôles et je suis la file de voyageurs machinalement. Je ne veux penser à rien, surtout pas à lui.
J'ai demandé à Mathieu mon frère ainé de venir me chercher. Il faut que je l'appelle pour lui dire que je suis bien là. Le temps de récupérer mes bagages. Je prends mon téléphone de ma besace que je porte en bandoulière.  Je  le sort du mode avion : 19 appels manqués. 25 messages, 11 messages vocaux. Tous de lui. Je les ignore tous et j'appelle Mathieu
- allo Mathieu bonjour
- Bonjour sœurette
- j'ai bien atterri je suis en train de récupérer ma valise et je te rejoins.
- Ok. Elodie... ?
- Oui ?
- Il s'est passé quoi avec le footeux ? Il demande
- Pourquoi... ? Tu lui as parlé ?
- J'ai demandé en premier....
- ...Ecoutes c'est compliqué. Il t'a dit quoi ?
- Rien... il m'a juste appelé 50 fois. Et comme on n'est pas les meilleurs amis du monde, je me suis dit que vous vous êtes embrouillés. Encore.
- ...Ha...
- Mais encore ?
- heu....je vois ma valise Matthieu, à tout à l'heure.
- Elodie...
- Mathieu.
- Ok. Je laisse. À tout'
Je raccroche. Il a appelé Mathieu. Il a osé. Aucun respect. Ils se sont toujours cordialement détestés et là il l'appelle. Quel enfoiré.
Je vois une valise rose bonbon au loin. C'est la mienne. Reconnaissable entre milles. jäJe là récupère et me dirige vers le hall.
J'aperçois Mathieu au loin, il me fait signe. Je me dirige vers lui. Il prend ma valise.
- rose criard. Qui s'assemble se ressemble...
- Mathieu s'il te plait.
- c'est bon j'arrête.
Il me scrute. Je flanche et sans le vouloir mes yeux sont inondés de larmes qui dévalent de mes joues. Je me sens si minable. J'y étais presque. Merde.
Il fouille son sac, en sort un mouchoir et me le tend. Je le prends sans un mot et me dirige vers la sortie en regardant droit devant moi. Je sens son regard qui ne me lâche pas. Il pose la main sur mon épaule pour m'obliger à m'arrêter. Je me retourne :
- pas maintenant...
- tu veux boire un café ?
On a parlé au même moment. Je lève les yeux vers lui. Son regard est doux, sincère, protecteur. Je lui en suis reconnaissante.
- oui, je veux bien...
- ça marche.
Nous buvons notre café en silence. J'ai apprécié ce moment de sérénité. J'ai souvent des moments comme ça avec Mathieu... je sais qu'il me laisse le temps de me poser avant de me cuisiner. Mais je lui suis reconnaissante pour le sursis.
Sur le chemin qui me mène à l'appartement, j'ai le visage tourné vers l'extérieur. Je regarde les rues de paris défiler et je sens la lassitude me gagner. Je ferme les yeux.
Dans l'avion j'ai vu cette femme avec ses enfants. Des jumelles, si adorables. Elles m'ont regardé avec curiosité car je pleurais sans me cacher. Elles me fixaient. Je leur ai souri et elles m'ont rendu mon sourire puis une des jumelles m'a donné sa sucette. Il ne veut même pas d'enfants...
Il ne veut rien d'ailleurs si j'y pense bien. Je me suis fourvoyée. Je me suis lamentablement fourvoyée sur lui, non sur moi. Je suis comme toutes ces autres femmes qui s'accrochent et je déteste ça. Je ne sais pas quand je me suis transformée en cette personne que je déteste tellement, à qui tout le monde dit de faire attention et moi je continue de m'enfoncer. Je lui trouve des excuses. Toujours.
Comment j'en suis arrivée là ? Comment je me suis laissé faire ça ? Pourquoi je n'ai pas tenu compte des warnings qui aveuglaient tout le monde et que j'ai royalement ignoré ?
Je me sens si faible, si pathétique. Je voudrais être plus forte, plus ferme. Je sais pourtant ce que je veux dans ma vie. J'ai suffisamment de volonté et d'estime de moi-même. je suis réfléchie, pragmatique. Mais là je sèche complètement, tellement la situation a l'art de m'échapper et ce n'est pas moi ça. Il  faut que je me reprenne. Je dois me reprendre.
Mon téléphone sonne. Je le sort de ma besace. Je laisse sonner.
Mathieu me jette un regard oblique.
- Tu ne décroches pas...
Ce n'était pas une question mais une remarque
- non.
Après plusieurs sonneries sur mon téléphone,  celui de Mathieu sonne aussi dans l'habitacle. L'écran  dans sa voiture affiche : LA PETITE MERDE. En temps normal on se prendrait le chou pour ça. Mais là je n'ai pas la force.
On arrive au bas de l'appartement à l'avenue Montaigne dans le 8ème. Je tends ma carte à Mathieu pour qu'il ouvre le portail. Nous entrons. Il se gare devant l'entrée. Je vois le concierge qui sort et se dirige vers nous.
- Merci Mathieu. Ça ira...
Il me prend le menton et me force à le regarder. Il me scrute pendant quelques secondes
- Tu sais que tôt ou tard il faudra qu'on en parle ?
- .....
- Je ne te lâcherais pas tant que tu ne me diras pas ce qui s'est passé avec le footeux.
- D'accord. J'ai juste besoin d'un peu de temps. De me poser, de prendre une douche tranquille, je...
- Pas de ça avec moi. Je veux que tu saches que quand je reviendrais il faudra que tu me dises pourquoi tu as disparu depuis trois semaines sans prévenir personne et pourquoi je devais venir récupérer tes restes à l'aéroport de toute urgence.
- Je...oui. D'accord.
- Bien.
Je sors de la voiture.
- Bonjour Mademoiselle Du Poncel. Le concierge me salut
- Bonjour Arnaud
- Vous avez passé un agréable séjour ?
- Il était parfait. Merci.
- Vous m'en voyez ravi.
Mathieu sort de voiture, ouvre la malle arrière et en sort ma valise qu'il tend à Arnaud.
Il me regarde une dernière fois en silence puis monte dans sa voiture et démarre.
Le pauvre. Il est surement à la bourre. Je suis machinalement Arnaud dans le hall puis dans l'ascenseur. Nous sortons, Il m'ouvre la porte, dépose ma valise.
-       Les courses ont été faites mademoiselle.
-       Merci.
Il s'en va. Je laisse mon regard planer sur l'appartement que je prenais pour mon nid d'amour. Il est beau. Bien agencé. Chaleureux et vaste. Je me dirige vers l'immense baie vitrée qui donne sur une grande terrasse. D'ici on a une vue imprenable sur la tour Eifel.
Je me dirige ensuite vers la chambre pour prendre une douche laissant ma valise intacte posée dans le séjour.
Je vais devoir déménager, il est temps que je reprenne ma vie en main une bonne fois pour toute.


























Deux ans plus tôt
Chapitre 1
Elodie
- Mathieu j'y vais là on est à la bourre !
- Minute
Je porte mes chaussures et prend rapidement mon sac accroché  sur le porte manteau.
- M.A.T.H.I.E.U
- OUI c'est bon !
J'entends ses pas dans le couloir il regarde l'heure sur la pendule accrochée au mur.
- Il est 07h05 minutes, ça va calmes toi...
Je lève les yeux au ciel.
- Tu es sérieux là ? Tu me fais le coup chaque matin et chaque matin j'arrive en retard depuis deux semaines. Grouilles toi !
- Tu commences à 08h, ça va on est large.
Il lève les yeux au ciel lui aussi.
- j'aimerais bien arriver 15 minutes avant comme je l'avais prévu depuis le début au lieu de toujours arriver pile à l'heure, voire en retard et commencer directement. Tu tues mon plan de sociabilisation. C'est autour du café du  matin qu'on a tout les potins croustillants...
- Attention tu devrais y aller doucement avec les ragots de couloir tu commences à ressembler à une mégère. Je me disais bien que ton cul prenait la forme de celui de tante Berthe. Combats ce gène sœurette...
Je me mets devant le miroir de l'entrée pour regarder mes fesses. J'entends Mathieu rire dans mon dos. Je le fusille du regard
- Tu es vraiment un gros malade.
Il éclate carrément de rire. Je lui lance un regard mauvais.
- Bon on y va monsieur j'ai 8 ans d'âge mentale ?
Nous sortons et nous dirigeons vers ma Mini. Je monte coté conducteur. Mattieu monte à son tour. Je démarre et roule un moment. Puis je lui dis
- Ceinture...
- Oui bien sur.
Il est sur son téléphone.
- CEINTURE
- Oui c'est bon maman !
Je m'élance dans les rues de paris en slalomant au maximum. Je serais en retard. Encore. Je lance un regard assassin à Mattieu. Il me souri. Fais chier.
Mathieu a deux ans de plus que moi, il est kiné pour sportifs de hauts niveaux. Il a pratiqué le Rugby au niveau professionnel jusqu'à ses 25 ans puis sa carrière s'est crachée suite à une vilaine fracture tibia péroné. Il s'est reconverti en kinésithérapie et depuis un an Il bosse dans le staff  médical des Super saint de Paris le célèbre club de foot.  Rien que ça.
Dans la famille on est dentiste de père en fils depuis au moins quatre générations et comme Mathieu avait choisi une autre voie, c'est moi qui m'y suis collée. Du coup là on sera dentiste de père en fille.
Nous sommes originaires de Renne. De Saint Hélier plus précisément j'y ai passé toute ma scolarité ainsi que les six premières années de ma formation en odontologie.  Après six années  à l'UFR de médecine de l'université de renne1 j'ai voulu voir du pays. J'ai fait un trip dans 5 pays d'Europe avec mon sac à dos et 2 copines. C'était d'autant plus motivant que Luca mon copain de l'époque prolongeait son stage aux USA. A mon retour j'ai fait un détour par Paris ou j'ai squatté le superbe appartement de style haussmannien de Mathieu situé dans le troisième arrondissement à Charogne, vestige de sa gloire passée de rugbyman et d'un coup de pouce de grand papa du coté de maman décédé il ya quatre ans..
J'y ai découvert une ville qui bourdonne de vie et je me suis rapidement faite à la vie parisienne et à ses soirées. Mathieu est devenu le plus parisien des Rennais et un excellent guide. Et puis c'est la ville de l'Amour.
J'ai décidé de m'y établir un moment. Alors je me suis inscrite pour un DESMBD (diplôme d'étude spécialisé en médecine bucco-dentaire) à la faculté de chirurgie dentaire de l'université de Paris. Et puis comme je ne voulais pas retourner vivre à Renne tout de suite et graviter dans l'ombre de mon père qui est professeur en odontologie à l'UFR de médecine de Renne1 en allant travailler avec lui dans le cabinet familial de Renne, j'ai choisi de travailler avec oncle Gilbert qui est le directeur de la clinique dentaire familiale de Paris
Je dépose Mathieu au parking réservé au staff du club de foot.
- Merci sœurette.
- Ta moto est réparée quand ?
- ....
- Alors ?
- En fait elle est irréparable. Trop vieille ça va me couter un bras. Il faut que je m'achète un nouveau joujou.
- Et tu comptais me dire quand que tu as fais de moi ton chauffeur attitré à mon insu ? il va falloir que tu t'intéresse aux transports en communs tu sais que de nombreux parisiens l'utilisent ?
- T'étais pas à la bourre toi ?
-   Tu te fou de ma gueule... qu'est ce qui t'a pris de vouloir te raser la barbe 6h 45 ? Le résultat est le même tu es toujours aussi moche.
Il me fait un grand sourire en m'envoyant un baiser de la main. Je lui tire la langue.
Je lève les yeux au ciel et lui souri en retour. Je démarre.
Je suis en retard comme toujours, je cours dans le couloir je croise Clara elle a fait le même diplôme de spécialisation en odontologie que moi, c'est une jolie brune pétillante on est tout de suite devenue amie et on a postulé ensemble pour travailler à la clinique dentaire de mon oncle.
- T'es à la bourre. Laurent est avec le Pr Du poncel aujourd'hui
- Merde. Quelle plante rampante celui là...
- Surveillez votre langage mademoiselle... fait-elle en imitant le ton snob de Laurent.
On éclate de rire.
Quelle idée de vouvoyer ses collègues.
Enfin il est 18 heures je suis épuisée. J'ai passée plus de 5 heures penchée sur des extractions particulièrement ardues et le reste de la journée à courir dans les couloirs. J'ai pris un sandwich sur le pouce à 14 h. Il était infect.
Mon téléphone sonne :
- Mathieu ?
- Tu peux passer au club ?
- Pourquoi ?
- Un des gars est mal depuis environ deux heures. Tu pourrais jeter un œil ?
- Il est mal comment ?
- Il a mal du coté gauche je crois que c'est une gencive il ne me laisse pas regarder.
- Vous  n'avez pas de dentiste dans votre staff ?
- Non  juste un médecin du sport et comme je t'ai sous la main et que je suis ton seul et unique grand frère préféré...
- C'est bon j'arrive. Tu m'en devras une.
- Merci petite sœur adorée de mon cœur...
- Laisses les flatteries. Je t'ai dit que je venais.
Il éclate de rire.
Je démarre le sourire aux lèvres.
30 minutes plus tard je me gare devant le parking du staff du stade. Je sors mon sac de ma malle arrière et me dirige vers l'entrée.



Chapitre 3
Roland
Je suis assis sur la banquette ma mâchoire me lance terriblement depuis un moment. En fait ça fait atrocement mal. Ce qui a commencé hier comme de simples picotements s'est transformé en boule de feu violente.
Je vois Mathieu revenir avec une bombe. Jean moulant débardeur blanc et petite veste en lin cintrée. Elle a des yeux... En fait je n'arrive à en déterminer la couleur. Mannequin... ? Avec Mathieu...j'ai un doute. Ce mec est capable de se taper toutes les filles moches de Paris parce qu'il est trop pingre pour l'amener dans un restaurant digne de ce nom.
Ils se dirigent droit vers moi. Je la regarde marcher. Canon.
- Roland voici Elodie... Elle va t'examiner.
Je la regarde dans les yeux. C'est encore un coup foireux de Mathieu. Il adore les trucs au rabais au lieu de me chercher un vrai médecin  il est surement  allé chercher une  aide soignante ou un truc comme ça pour me donner un bonbon magique. Quel con.
-      Sans vouloir te vexer mec tu m'as dit que tu connaissais un toubib.
Je la regarde encore de haut en bas. Bien roulée. Elle rougie. Intéressant...
- Je me présente : je suis le docteur Du poncel chirurgien dentiste.
Elle me tend la main.
Je la saisie. Elle est chaude et fine. Je regarde ses doigts fins. Sans  bijoux. Elle a les ongles coupés courts bien manucurés. De belles mains vraiment....
- ha hmmm
C'est Mathieu. Je tiens toujours la main du Docteur du pontavice....Je n'ai rien retenu. Bref ça devient gênant apparemment pour lui et elle. Je lâche sa main. Si cet enquiquineur de Mathieu n'était pas là je l'aurais gardée cette main. Je serais même retourné avec dans mon appart. C'est toujours utile une troisième main.
- heu... Pouvons-nous procéder ? Elle me demande en me regardant hésitante.
Jolie bouche.
Je lui souri. Enfin j'essaie vu que ma mâchoire me lance terriblement. Je me lève. Nous allons tous ensemble à l'infirmerie.
Certain gars nous voyant disparaitre se mettent à siffler. Je les regarde ils me font des gestes obscènes en mimant un acte sexuel.
-         Du calme les fauves. Leur dit Mathieu
-         Bande d'abrutis. Je leur dis en regardant le toubib qui reste imperturbable. Ils rient.
Mathieu me lance un regard surpris. Je l'ignore
Nous entrons à l'infirmerie je m'installe sur le fauteuil. Le docteur du pontavice tire une chaise et l'installe derrière moi. Elle tire une deuxième chaise et installe son sac. Elle s'assoit ouvre son sac et en sort une mini torche de dentiste et une grosse loupe. Elle est vraiment dentiste alors. Je me demande quelle âge elle a. Mathieu est debout au bout de la pièce en train de marcher de long en large comme un mauvais esprit.
-     Voudriez-vous bien ouvrir la bouche Monsieur... ?
-     Excusez-moi. Mathieu tu pourrais nous laissez s'il te plait ?
-       Quoi ?...Pourquoi ?
-       C'est ma consult' et j'aimerais  bien que ça reste privé. J'ai droit à un peu d'intimité mec.
Il regarde la toubib et me regarde.
- Depuis quand tu fais autant de manières Chaman ?
Il me scrute.
- Fais pas chier, j'ai un mal de chien je voudrais juste hurler en paix sans témoin. Tu peux m'accorder ça s'il te plait ? j'ai droit à ma dignité comme inscrit quelque part dans la déclaration universelle des droits de l'homme.
Il lève les yeux au ciel
-   Je t'ai déjà vu chialer dans des postures bien moins dignes et tu t'en fichais complètement. Je t'ai même vu crier cul en l'air et....
-     Merde Mathieu t'es pas non plus obligé d'étaler les détails de notre vie privée devant tout le monde. Tu peux sortir ? Merci.
Le toubib se retient de rire Il me regarde fixement puis secoue la tête en souriant. Non mais c'est quoi son problème ?
- Tu es vraiment un abruti Chaman. Je serais juste devant la porte. Il dit en regardant  docteur du pontavice
Ouais fais vite tu sors.
Il regarde la toubib et lui fait un clin d'œil. Intéressant.
- Tiens-toi tranquille Chaman.
Vas te faire foutre.
La porte se referme. Je m'adosse et regarde le toubib. Je n'avais pas vu ses seins bordel.
Elle  a mis un masque et est en train de porter des gans en latex. Ses yeux sont vraiment fascinants. On dirait la couleur des billes vertes. J'ai toujours adoré cette couleur un peu de vert et un peu de bleu quant j'étais petit. J'adorais jouer aux billes. J'en avais toute une collection. Ouais. J'aimais ça et le football et j'ai choisi ce qui payait le mieux. Je ne l'ai pas quittée des yeux. Elle me regarde et semble gênée. Elle est peut être timide ? Je me demande comment elle connaît Mathieu...
- Pouvez-vous ouvrir la bouche ?
Je m'exécute. Elle scrute.
-     C'est bien du coté droit ?
-   Oui. Comment vous appeler vous ? je lui demande.
Elle me regarde. Elle semble Confuse.
-    Je veux dire, votre prénom.
-    heu...Elodie. Je m'appelle Elodie, ouvrez la bouche s'il vous plait.
-    Enchanté Elodie. Vous pouvez m'appeler Roland.
J'ouvre grand la bouche. Elle commence à regarder dedans. J'espère que je ne pue pas de la gueule... C'est sur si après ça je la drague elle pensera à toutes les vilaines choses qu'elle aura vu dans ma bouche quand je voudrais l'embrasser. Je la regarde plus attentivement. Concentrée, professionnelle méthodique.
Il faut quand même y aller au culot pour vouloir draguer une personne qui a fouillé votre bouche de cette façon. A 35% c'est mort il me reste 65%. A coup sur, Mathieu va me saquer à la minute ou elle va sortir d'ici ça  fait 25% de moins. Il me reste 40% de chance. On y croit c'est jouable.
-     AIE !!!!!!
-     Pardon...Vous avez un abcès péri- apital.
Merde. C'est mort. Après un abcès dans ma bouche, je viens de perdre 25% de chances. Il m'en reste 15%. C'est mince. C'est même anorexique.
Depuis quand les dentistes sont-t-elles si jolies et si jeunes ?
-       C'est grave ? Je demande
-     Pas vraiment mais  il faut la traiter. Elle est assez volumineuse. Vous devez vous rendre dans un cabinet pour faire faire un drainage et un curetage de l'abcès. Ceci empêchera la prolifération de nouvelles bactéries. Pour le moment je vais vous administrer un gel anesthésiant. Mais au préalable veuillez utiliser ce bain de bouche.
Elle fouille dans son sac et en sort un bain de bouche miniature qu'elle me tend. Je le prends, me lève et me dirige vers le lavabo. Je me gargarise je crache. Charmant. Moins 3 % c'est pas ma journée aujourd'hui.
- Putain ça pique vachement !
Moins 2 % elle va me prendre pour une chochotte. Il me reste 10% de chance. Bordel c'est squelettique.
- Ça va s'atténuer rapidement. Je vais appliquer le gel.
Je me rassois. J'ouvre la bouche et je la regarde. Elle est toujours aussi concentrée.
-     Voilà.
-     Vous devriez vous sentir beaucoup mieux dans quelques minutes. N'oubliez pas de prendre rendez-vous avec votre dentiste. Vous pouvez garder le bain de bouche et le gel.
- Merci. Je pourrais avoir votre numéro? Je demande.
Elle me regarde désappointée. Je sens le besoin de m'expliquer
- En cas d'urgence et aussi pour vous remercier. Vous avez été super. Je lui dis.
Pourquoi j'ai dit ça? On dirait que je suis en train de foutre dehors un plan cul.
- Oh... de rien. Ça ne sera pas nécessaire.
Elle retire son masque, ses gans, les jette à la poubelle. Elle me tourne le dos pendant qu'elle se lave les mains. WAHOUUU elle a un cul d'enfer !! Je suis certain que je banderais si le gout de savon et d'alcool dans ma bouche n'envoyait pas des messages erronés à mon cerveau.
-    Et sinon vous exercez ou ? Je demande
-     A la clinique Streuser.
-     Je me sens beaucoup mieux. La douleur a pratiquement disparue.
Elle range son sac. Me regarde et souri. Je lui retourne son sourire.
Bon là obligé d'y aller au charisme, c'est tout ce qui me reste. Je me redresse. Je n'ai plus rien à perdre.
-      J'aimerais vous revoir Elodie si vous le permettez...
-      Non. Désolée.
Petit sourire contrit. Râteau en cour de téléchargement.
-      Vous comprenez j'espère...
-      Non je ne comprends pas. Je ne suis pas votre patient.
Elle se redresse. Croise les bras : Mauvais signe. J'aurais du me taire.
-     Je n'ai pas à me justifier. C'est juste non.
-      Juste non.
-     C'est ça.
Je lui fais un petit sourire. J'ai un nouveau challenge : La mettre dans mon lit.
- D'accord. Je lui réponds.
Elle me sourit en retour. Elle semble soulagée mais déterminée. Nous nous dirigeons vers la porte. Mathieu était juste devant. Il me fixe.
-     Ça va Elodie ?
-    Arrêtes ton char Mathieu. Je lui dis excédé.
On se dirige vers la sortie. Il fait super bon  en ce mois de mars. Je regarde Elodie marcher devant moi. Son jean lui fait des jambes d'enfer elle est vraiment canon.
- Ferme la bouche Chaman !
Mathieu me le dit sur un ton léger. Mais son regard est dur. Putain mais c'est quoi son problème à lui ?

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⏰ Last updated: May 26, 2021 ⏰

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