Pas de princesse.

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Il était une fois. 4 mots qui, selon d'antiques sources, annonçaient le début d'histoires de princesses, de monstres et de princes héroïques, charmants, gentils, existants. Le prince tuait le monstre et sauvait la princesse, qui l'aimait alors en retour, et ils vivaient heureux pour toujours. Si ce fut le cas un jour dans le réel, les choses ont bien changé. Aujourd'hui, il n'y a pas de princesse, les monstres gagnent et les princes se cachent. C'est bien dommage.

*****

Le soleil terminait sa course au delà des montagnes, et pourtant j'étais encore dehors. Je savais que le temps m'était compté et qu'il fallait que je me dépêche de trouver un abris inoccupé si je voulais survivre une nuit de plus. Mais j'étais fascinée par ce spectacle désormais synonyme de mort qu'était le ciel à l'heure du crépuscule. Je m'arrêtais encore un instant pour emplir ma mémoire de ces magnifiques couleurs, puis me mis en quête d'un espace vivable dans les décombres de la ville. La plupart des maisons étaient déjà utilisées, où trop délabrées pour espérer y dormir. Voilà le lot des nomades comme moi : affronter la mort chaque soir, éprouver la bonté diminuante des gens, dans l'espoir de retarder la sentence finale d'un jour de plus.

Alors qu'un corps de ferme aux airs abandonnés se dessinait devant moi comme une oasis au milieu du désert, le soleil finit de se noyer dans les eaux sombres de la nuit, et les cris commencèrent à fuser. On ne Les entendait pas se déplacer, on ne Les voyait pas venir, seuls les cris de Leurs victimes trahissaient leur présence. On disait même que, lorsqu'on en voyait un, on était déjà mort. Pour une raison inexplicable, ils ne rentraient pas dans les maisons et ne tuaient que la nuit. Il nous fallait donc rentrer avant le dernier rayon de soleil.

Le premier cri se fit entendre à quelques dizaines de mètres, sur ma gauche. Une femme. Ils étaient tout près. Je savais qu'il ne servait à rien de se cacher, que mon seul espoir résidait dans ce bâtiment au toit de chaume qui me faisait face. 100 m, peut-être moins. 100 petits mètres. 100 longs mètres. Je n'aurai peut-être pas le temps. Mais le souvenir de tous les cris d'agonie de Leurs victimes me poussa à tenter la course.

Dans ce que je cru un dernier élan de courage, je couru. Chacune de mes foulées sur la terre meuble était un instant de gagné sur la mort. J'avais parcouru la moitié de la distance lorsque je vis l'autre se diriger aussi vers la porte de la ferme, lui aussi courant pour sa vie. Nous courrions côte à côte lorsque je sentis quelque chose frôler ma colonne vertébrale, un frisson inexplicable. Je croisais le regard de l'autre, et compris qu'il ne m'aiderait pas, que ma seule chance était d'atteindre l'entrée avant lui. Je rassemblais alors toutes mes forces et le dépassait de quelques centimètres lorsque son cri, effroyable, retenti dans mes tympans, et que je le sentis se dérober à mon champs de vision. Pour lui, c'était fini. Pour moi, pas tout à fait. Alors qu'il ne me restait que quelques mètres un pavé sorti du chemin et me fit trébucher. Je m'étalais de tout mon long à moins d'un mètre de la porte. Je sus alors que c'était fini.

Et pourtant, on me rattrapa. Une main sortie de nul part m'aggripa le poignet et me tira à l'intérieur de la maison. J'entendis la porte se refermer, et un soupir se fit entendre. Soulagement ou exaspération, je ne sais pas, toujours est-il que j'étais en vie.

Alors que je réfléchissais, toujours à terre, au sens de ce qui venait de se passer, une paire de baskets blanches se dessina devant mes yeux. Sérieusement ? Des baskets blanches ? Enfin bon, leur propriétaire m'avait sauvée, ce qui n'était pas mon cas. Puis des genoux se ployèrent et je vis un visage se dessiner face à moi.

*****

"Ça va ?". Deux mots prononcés avec une légèreté tirant presque vers le mépris, ou serait-ce de l'inquiétude vaguement dissimulée ?

La nuit ne pardonne pas Où les histoires vivent. Découvrez maintenant