Chapitre 34

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[ Ivy ]

Mes jambes avaient du mal à supporter mon poids. Le chemin que j'avais à faire de ma chambre à la petite salle où se trouvait Dumbledore me semblait insurmontable. Ma vision se troublait de plus en plus au fur et à mesure que j'avançais.
Mes parents étaient morts, ils avaient été tués.
Je n'osais pas me l'avouer et l'entendre était déjà suffisamment douloureux. Je redoutais ce que Dumbledore avait à me dire mais il le fallait. Je devais savoir ce qu'il s'était passé.
Une fois arrivée devant la porte de la pièce, malgré la faible once d'énergie qu'il me restait, je toquais mollement.

- Entrez, dit le vieillard.

Quand je poussais la porte, je découvris Dumbledore assis sur un fauteuil en velours vert. La pièce était presque plongée dans le noir et ce n'est qu'en m'approchant que je pu deviner les cernes du directeur de Poudlard, il avait mauvaise mine. Celui-ci m'invita à m'asseoir sur le deuxième fauteuil qui se trouvait en face de lui. Je m'y rendis sans grande conviction.

- Vous vouliez me parlez ? je dis d'une voix cassée qui me surprit.

- Oui, commença-t-il. J'imagine que Ginny t'a appris la nouvelle...

J'acquiesçais de la tête.

- ... Mais je souhaite tout de même te mettre au courant de certains détails.

Il leva sa tête qui, jusqu'à présent était baissée. Ses cernes se montrèrent plus creusées que je ne l'aurais pensée et ses joues l'étaient d'autant plus. Alors, il m'expliqua.

- Quand Draco et toi êtes rentrés de Poudlard hier, tes parents étaient déjà en danger. Quelqu'un, sûrement un mangemort, leur a lancer le sortilège d'Imperium. Ils n'étaient plus eux-mêmes.

Le vieux sage s'arrêta de parler pour me laisser le temps d'encaisser la nouvelle. Je savais que quelque chose clochait. Draco aussi le savait. Nous l'avions senti.
Mon regard ne fixait plus Dumbledore comme auparavant mais le vide le plus total. Enfin, d'un point de vu extérieur. Devant moi, toute mon enfance auprès des gens que j'aimais défilait. Des souvenirs les plus anciens aux plus récents. Des plus tristes aux plus joyeux. Les larmes montaient mais je ne les laissait pas prendre le contrôle, je ne voulais pas les laisser me prendre ma jeunesse, les laisser noyer mes derniers moments passés en leur compagnie.
Puis sans m'en rendre compte, la colère prit place dans mon esprit. Ma haine pour le responsable de leur mort était telle que j'aurais pu torturer la crapule qui leur avait fait subir ça pendant des jours.

- La même personne qui était, je suppose, présente dans la maison au moment de notre retour les a tués ? je demandais d'une voix plus rauque.

Il hocha la tête d'un air désolé. Je ne l'étais pas.

- Vous avez un nom ? Un indice ? Quoi que ce soit qui nous permette de connaître son identité ? je dis plus agressivement.

Je ne me rendis compte qu'après sa réaction que je m'étais levée sous le coup de l'émotion. Alors, je me rassis doucement en voulant paraître décontractée.

- Peter Pettigrow, dit-il sans me préparer.

- Le même ? je lâchais d'un ton plein de dégoûts.

- Oui, celui-ci.

Cette même crapule qui m'avait déjà volé mon meilleur ami il y a plus d'un an venait de me voler ma famille. Mes yeux voyaient rouges, j'inspirais de la haine et j'expirai du dégoût. Ma tête tournait mais la colère m'animait.

- Comment pouvez-vous en être aussi sûr ? je demandais à Dumbledore.

Le vieil homme fit amener à l'aide de sa baguette, un bout de parchemin. Il me la posa sur mes genoux tremblants. Je pouvais très nettement voir apparaître les mots « acte de décès de Peter Pettigrow ». Je le lisais rapidement mais sans toute fois en manquer une partie. L'homme qui avait tué mes parents était mort à mon domicile, a priori de suicide.

- Et qui nous dit que c'est cet homme qui a tué mes parents ? je demandais en relevant la tête.

- Les cinq derniers sorts jetés par sa baguette dont deux sortilèges d'imperium et trois de mort, m'expliqua Dumbledore.

- Qu'il pourrisse en enfer, je dis avant de me lever, de faire un mouvement de tête remerciant le directeur et de partir.

Je fermais la porte et repris quelques instants mes esprits avant de rejoindre un endroit isolé de la maison pour me calmer. La maison était grande et haute, alors je montais en cherchant un espace inhabité. C'est au bout d'une trentaine de marches que je trouvais mon bonheur. Je me située au grenier, il n'était pas propre mais pas non plus infréquentable. Je dépoussiérais un canapé et m'y installais avant de tomber de sommeil.

...

Plus que deux minutes avant minuit. Ginny qui était dans le lit à ma gauche ne dormait pas, elle attendait. Hermione qui était au fond de la pièce, contrairement à nous, dormait comme un loir.
Ginny avait ramené un cupcake de la cuisine, y avait ajoutée une bougie et l'avait allumée.
Il faisait noir dans la chambre et au milieu de celle-ci, Ginny et moi, assises sur nos lits, face à face, avec un cupcake dans les mains, étions là, muettes et immobiles comme des statues. Seuls les sourires parlaient.
Quand l'heure arriva enfin, ma meilleure amie me tendit le gâteau.

- Joyeux anniversaire, Ivy, chuchota-t-elle avant que je souffle la bougie de mes seize ans.

Cet anniversaire discret ne me déplaisait pas même si j'aurais aimée recevoir au moins une lettre de mes parents. Cédric aussi aurait été le bienvenue. Malheureusement, aucun d'eux n'était là et je devais faire avec. C'est dans ces moments là que je me rendais compte que rien n'était acquis, encore moins les gens qu'on aime.
Après avoir soufflée ma bougie, Ginny me tendit un petit paquet.

- Cédric voulait te l'offrir l'année dernière et l'avait acheté en avance pour être sûr de l'avoir, dit-elle la voix chargée d'émotions.

Je détournais la tête du paquet pour la regarder dans les yeux. Elle était sincère et semblait aussi touchée que moi.
Je défis le noeud puis le papier cadeau sans faire trop de bruit pour ne pas réveiller Hermione. Une petite boîte en velours rouge se dévoila. Je l'ouvris.
Au centre d'un petit coussin, une petite chaîne de couleur or serpentait. Le bracelet était simple mais les initiales gravés dans une petite plaque rattachée au maillon faisait le charme de celui-ci. D'abord le C de Cédric, puis le I de mon prénom puis le G de Ginny. Les trois lettres étaient toutes séparées par un point.

- C'est ridicule comme cadeau, j'avais dis.

Pourtant, la manière dont ma voix avait tremblée trahissait mon émotion. Ginny avait acquiescé avec un faible sourire avant qu'une larme ne roule sur sa joue droite. Je me levais alors pour la rejoindre sur son lit et de la prendre dans mes bras.

- Merci, je dis.

Puis elle m'aida à attacher la chaîne autour du poignet gauche avant que nous nous endormions le cœur à la fois lourd mais léger.

Prophecy - Draco MalfoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant