L'attaché-case

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Huit heures. Ton réveil sonne. Encore une journée en ce monde. Hourra.

Le programme de ta journée est toutefois réjouissant, non ? Aujourd'hui, tu as décidé de détruire la dernière chose qui te maintient encore un peu en vie. Ou en tout cas qui te permet de payer les factures de cet appartement miteux de Londres dans lequel tu t'es installé.

Alors tu te prépares. Tu enfiles la même chemise que celle que tu portais la veille. Tu ne prends pas la peine de raser cette barbe naissante qui commence à envahir ton visage. De toute manière, tu n'arriverais pas à supporter ton reflet dans le miroir.

Alors tu te diriges rapidement en direction du Chemin de Traverse. Tu entres dans la boutique. Celle qui bientôt ne sera plus la tienne.

Dix-neuf heures. Tu ranges tes documents dans ton attaché-case. Une énième journée de travail ennuyante achevée. Tu te fonds dans la masse de ces femmes et de ces hommes qui quittent eux aussi le Ministère pour retrouver leurs familles. Et toi, tu étouffes. Parce que ta famille, c'est tout ce que tu cherches à fuir aujourd'hui.

Alors tu décides de ne pas emprunter cette cheminée qui te ramènera dans ce sombre manoir. Tu privilégies plutôt la sortie des visiteurs et tu te diriges en direction du quartier moldu. Là bas au moins, personne ne sait qui tu es. Qui aurait cru que le monde moldu serait un jour ton échappatoire ?

Tu pousses la porte de ce petit bar et tu te diriges vers une table, en retrait. Alors que tu attends qu'une personne vienne prendre ta commande, ton regard se dirige vers le comptoir. Un homme visiblement éméché parlemente avec le barman pour qu'il accepte de lui servir un verre. Le barman refuse. Le ton monte.

Tu analyses la scène avec plus d'attention. La voix de cet homme à l'allure négligée à moitié assis sur son tabouret te semble familière. Ses cheveux flamboyant aussi.

Tu secoues la tête. Tu te trouves bête à imaginer des fantômes du passé se retrouver dans un bar moldu. Tout le monde n'a pas aussi mal tourné que toi.

Pourtant, alors que l'homme au comptoir s'énerve encore un peu plus et que tu reportes ton regard sur lui, tu l'aperçois sortir une baguette de sous sa manche.

Tu ne réfléchis pas. Tu te lèves à toute vitesse et tu te diriges vers le comptoir juste à côté de ce sorcier dangereux sur le point de blesser le barman. Les souvenirs de cette guerre vieille à présent de plus de dix ans ressurgissent.

Qu'est-ce qu'il te prend au juste ? Tu as toujours fui et aujourd'hui tu te sens l'âme d'un héros ?

Tu as besoin de ce verre. Pourquoi est-ce que ce connard de barman ne peut pas le comprendre ?

- Deux verres de whisky, s'il vous plaît.

Tu tournes vivement ta tête en direction de l'homme qui vient de s'installer sur le tabouret à côté de toi tout en faisant tomber la baguette que tu t'apprêtais à utiliser. Tu l'observes quelques secondes. Qui est-il ? L'alcool que tu as déjà ingurgité t'empêche pendant quelques secondes de le reconnaître et finalement, tu finis par te souvenir de ces cheveux platine et de ce regard hautain.

- Draco Malfoy. Plus de doute, je suis bien arrivé en Enfer.

- Weasley ?

Tu ne prends pas la peine de répondre. Tu te baisses pour récupérer ta baguette toujours au sol, mais Malfoy l'écrase de son pied.

- Rends-moi ça Malfoy.

- Tu comptes encore t'en servir contre ce pauvre type ?

- Ça te regarde pas.

L'attaché-case (OS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant