Partie 2 : Chapitre 12

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Chapitre 12 : Mensonges et trahison

L'averse s'abattait inlassablement sur les mèches brunes de Keiji, vidant l'énergie de celui-ci dans son sillage. Le ton maussade du ciel reflétait parfaitement son humeur, c'en était horripilant. Les gouttes chutaient des nuages pour s'écraser fatalement sur le sol, peut-être était-ce là le signe d'une conversation qu'il ne pouvait éviter ? Keiji en avait bien peur, et terriblement conscience. Dans un silence de plomb, il sentit sa chemise lui coller à la peau, l'humidité froide absorbant progressivement sa volonté. Une sensation lourde bien désagréable, pensa-t-il. Son costume en prenait sûrement un coup, mais à l'heure actuelle, Keiji avait bien plus urgent à gérer. Kotaro était écroulé devant lui ; une image si navrante, qu'à sa simple vue, le rédacteur perdit la notion d'optimisme en un clin d'œil. La raison de son regard troublé, posé sur son homme, était sans doute cachée sous cette réflexion ?
Le pop d'un bouchon de champagne le renvoya à ce fameux jour, où Akaashi vécut les pires minutes de sa vie. Ce superbe soir de demi-finale, auquel son copain lui avait redoutablement parlé. Cette après-midi qu'il avait passé à se tourmenter pour lui annoncer qu'il ne partirait pas en France.
Pour lui, il restait.
Pour lui, il refusait.
Pour lui... il serait capable de tout.
Avec lui, il est invincible.
Un nœud se forma dans sa gorge, car ce jour là, le soir tant attendu de cette demi-finale, les plans d'annonce de Keiji étaient complètement tombés à l'eau. Et en fin de compte, il avait bu toute sa bouteille de champagne, fraichement payée pour l'occasion, en compagnie de ses larmes. Les rôles étaient peut-être échangés aujourd'hui, c'était sur Kotaro que la lame de la trahison était tombée. Pour autant... la déchirure que produisait ce sentiment d'avoir trahit l'homme que l'on aime était d'une intensité que Keiji parvenait difficilement à gérer. Une rafale de vent fouetta le visage du rédacteur, le ramenant au moment présent.

Son secret était révélé ; desormais, il devait assumer son choix de l'avoir caché à l'amour de sa vie... Et dire que les seules fois où il tenait un secret, tout se chamboulait tragiquement. Bien que des joyeux éclats de voix s'envolaient de la tonnelle, au vue de la situation, le ventre d'Akasshi se tordait douloureusement d'une incroyable appréhension. Il ne pouvait plus faire marche arrière. Il n'en avait tout bonnement ni le droit, ni la possibilité. L'avenir de leur couple dépendait de cette ultime conversation, il en avait parfaitement - affreusement - conscience. Ceci expliquait en parti la croissance du plomb qui gagnait de plus en plus de place dans son estomac.
Prenant son courage à deux mains pour affronter cette discussion qu'il redoutait tant, Keiji s'abaissa au niveau du volleyeur, apportant une main qui se voulait réconfortante - malgré ses tremblements - sur la nuque de Kotaro. Une amorce douce et patiente, puisqu'après tout, le passé était une histoire d'antan. Leur rupture n'était plus d'actualité. Cela étant dit, alors pourquoi avait-il le même goût désagréable dans la bouche, celui qui vient avant un horrible événement ?
À peine sa paume rentra-t-elle en contact avec la nuque de Bokuto, aussi infime fut ce touché, que le hibou frappa son bras d'une violence inouïe, faisant déguerpir violemment le membre de Keiji. Une exclamation de stupeur s'échappa du cœur du journaliste, car, jamais, Kotaro avait démontré une telle brutalité envers lui. Même quand il était en colère, il restait un parfait gentleman. Certains de ses mots étaient bruts et aussi puissant qu'une balle de pistolet, cela allait sans dire, mais Bokuto n'utilisait en aucun recours sa force.
  Ce geste brusque le rappela à un autre souvenir. Un jour, pendant une fête universitaire à laquelle Bokuto s'était montré particulièrement insistant pour accompagner le rédacteur, un étudiant c'était approché de Keiji. Le gris était parti commandé des boissons - rien de bien fort pour lui - au bar bondé de monde. Discutant pour faire de ce nouvel arrivant une potentielle amitié, Akaashi était des plus cordial avec lui. Lorque Kotaro était revenu avec les verres, l'aura menaçante qu'il dégageait s'était répandue jusqu'au DJ, qui avait arrêté la musique. Une effroyable crainte avait submergé Keiji, formant des scénari d'horreur, désarmé face à son amant.
  Le jeune étudiant s'était levé par fierté, le torse bombé et le menton haut, défiant le volleyeur professionnel en devenir. N'en supportant pas plus, Kotaro avait fini par le pousser de toutesa force, et inévitablement le jeune homme était tombé à la renversé, proche d'un coin de table. Là, Bokuto s'était approché de lui, le poing armé de jalousie ; prêt à lui asséner sa rage. Mais, il s'était stoppé net, au moment où il s'était aperçu que Keiji n'était plus là. La dispute qui avait suivi cette soirée s'était révélée particulièrement cinglante. Les paroles empoisonnées avait irrigué leurs conversations. Et au bout de deux semaines de remarques désobligeantes et de réflexions, Bokuto s'était avancé vers Keiji, en s'excusant avec des onigiri, disant qu'en réalité son comportement se justifiait parce qu'une bombe venait d'éclater chez lui.
Pour ainsi dire, il n'y avait eu que cette unique fois, où le visage excessivement possessif du gris s'était avéré dangereux. Et encore, c'était problématique pour les autres, mais pas pour Keiji. De fait, sa main encore en suspend près du sol, la respiration haletante d'angoisse témoignait bien à quel point cet acte troublait le rédacteur. Et paradaxolement, Akaashi réalisa avec un choc indescriptible, qu'il avait véritablement blessé son tendre aimé, son cœur se fissurant bruyamment dans sa poitrine. Chose qu'il croyait impossible jusqu'alors, légitimé par l'étendu de ses sentiments envers Bokuto. Qu'avait-il fait ?

Noce d'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant