Chapitre 1: Une large boite en or

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Chapitre 1: Une large boîte en or

Son regard épuisé parcouru un instant la salle. Les présents apportés des quatre coins du royaume s'amoncelaient, tous plus communs les uns que les autres.
Tout était bien trop ennuyeux, prévisible...
Du vu et revu.

Le prince aimait la musique, sa mère se plaisait à faire des louanges à la terre entière, vantant les superbes morceaux qu'il composait pour elle; alors la moitié des invités avaient amené en cadeau toutes sortes d'instruments de musique, tous -ou presque- rendus inutilisables par le surplus d'ornements en tout genre dont ils avaient été gavés.

Le roi, lui, préférait vanter ses progrès au maniement de l'arc, de l'épée ou bien même à son habileté incroyable à chevaucher n'importe quel cheval, aussi sauvage soit-il; des arcs de tout bois, des épées de toutes formes lui avaient donc été offerts.

Un cheval même ! Qui lapait paresseusement l'eau de la fontaine ornant un coin du jardin intérieur.
On disait monts et merveilles de ce cheval... Que personne ne tenait sur son dos plus d'une minute par exemple, qu'il semblait voler lorsqu'il galopait librement dans les larges plaines gorgées d'herbe couleur émeraude des lointaines contrées d'où il provenait, ou bien que ses yeux reflétaient l'histoire du monde.
Le prince avait détaillé son corps musclé, il semblait dense, la chair fortifiée par ses longues traversées d'étendues de vagues vertes. Sa robe était aubrune, longue, folle et s'estompait en même temps qu'elle s'allongeait au niveau de ses épais sabots maltraités par la liberté.

Les festivités battaient leur plein, toutes et tous discutaient joyeusement dans la cour intérieure du château, couverte par la chaleur légère du milieu d'été.

Les Els de bois s'étaient surpassés. Donnant à chaque fleur, chaque brin d'herbe un vigoureux coup d'éclat. L'herbe ne restait point froissée sous le pas des nombreux invités et servants, les fleurs brillaient à la lumière des chandeliers, couvertes d'une rosée tardive et les arbres robustes portaient fièrement leurs feuilles d'un vert étincelant.

Le prince fut sorti de sa rêverie en apercevant un petit groupe de jeunes nobles discuter entre eux. Ils n'avaient pas plus de treize ans. Déjà plus occupés à imiter les jeux de pouvoir et d'humiliation de leurs parents qu'à se soucier de se faire des amis. Le prince voulut, pendant un bref instant, se lever et descendre l'estrade où lui et ses parents se tenaient assis, pour rejoindre cet horde de gamins turbulents.
Il s'imagina leur apprendre ce que personne ne penserait jamais à leur dire. Puis, il se ravisa, en se rendant compte que ces quelques jeunes, encore couverts des baisers de leurs mères et des rondeurs juvéniles de l'enfance étaient déjà perdus.

Ces nobles apprenaient sans doute aux côtés d'un vieux professeur avide d'or et d'une réputation solide. À cet âge, ils pouvaient encore avaler un maximum de foutaises politiques et sauvageries propres à l'espèce humaine afin de devenir le parfait successeur des terres convoitées de leurs pères...

Même du haut de ses dix-neuf petites années de vie, le prince vivait une vie plate, le regard aussi vide et sage qu'un vieillard attendant la mort, seule aventure qu'il n'aurait pas encore vécue.
Le roi et la reine, fiers de leur héritage bien plus parfait que dans leurs rêves les plus fous, désespéraient d'offrir à leur enfant une distraction.

Ils avaient tout essayé, toutes les activités possibles et imaginables; le roi et la reine avaient appelé les meilleurs professeurs, qui avaient tout enseigné aux oreilles las du prince, puis repartaient, non sans vanter la parfaite maîtrise du prince de son art complexe et sa superbe capacité d'apprentissage.
Et le noir sombre des yeux du prince se révélait encore plus terni d'ennuis qu'avant.

Alors que le regard noisette de la reine rencontrait une énième fois celui noir encre du roi, dénotant de leur impatience commune, quelqu'un prit enfin son courage à deux mains et vint présenter sa fille comme prétendante au statut d'épouse du prince Simon. Cela invita silencieusement les autres invités à leur tour à venir présenter leurs filles.

Simon n'écoutait que d'une oreille, à la fois soucieux de faire honneur à ses parents et profondément ennuyé par la situation.

Lorsque le dernier comte -ou autre, peu importe- vint présenter sa fille, le prince soupira si doucement que seul son père réussit à l'entendre.
"Ces jeunes femmes ne sont-elles point à ton goût, mon fils ?"
Le prince sursauta, c'était la première fois de la soirée que son père lui adressait la parole. Il se racla la gorge, déliant sa voix et répondit sur le même ton, indéchiffrable par le reste de l'assemblée. "Je ne sais pas, père... Comment avez-vous choisi mère ?"
Le roi resta silencieux un instant avant de répondre.

"Elle resplendissait au milieu de la foule. Sa peau était aussi lisse que la porcelaine et ses cheveux blonds accrochaient la lumière du soleil."
Le prince sembla réfléchir aux yeux de son père, qui en fut soulagé. Simon ne trouva aucune femme dans l'assemblée qui lui donnait envie de la regarder comme son père regardait la reine. Son regard ne rencontrait que des sourires faux, et ses oreilles bourdonnaient à force d'entendre la musique trop forte des musiciens.

"Quelle jeune prétendante trouve grâce à vos yeux, père ?"
"Et bien..."
Le roi parcourut la cour de ses vieux yeux noirs et tomba sur la fille du comte le plus riche du royaume, puis sur la fille du seigneur avec la force armée la plus puissante, puis sur la plus belle des prétendante, tout juste âgée de 16 ans; le même âge que la reine quand elle avait épousé le roi.

"Je ne sais pas mon fils. Que veux-tu ? De l'argent ?" Il désigna la première prétendante.
"De la puissance ?" Il désigna la seconde.
"De beaux enfants ?" Il fut coupé dans son geste par son fils qui reprit la parole.

"Qu'est-ce que mère vous a apporté ?"
"Les trois à vrai dire." Le roi pouffa, fier de sa réponse, mais le prince ne le remarqua pas.

Le royaume avait besoin de grandir, donc de terres et de plus d'habitants. L'argent pourrait grandement aider. Mais la protection d'une armée plus puissante serait la bienvenue avec la menace des immergés... Alors que le prince, ne parvenant pas à se décider, se tourna à nouveau vers son père, la porte menant au jardin intérieur s'ouvrit sur les serviteurs accompagnant un comte, sa femme et sa fille, ainsi qu'une étrange et énorme boîte en or sculpté portée par quatre Els.

Le El du vent tenu de présenter chacun des invités s'exclama assez fort pour que tous entendent, son souffle porté par sa magie aérienne. "Le comte et la comtesse Valesque ! Accompagnés de la prétendante du prince, Annie Valesque, leur fille !"
Les retardataires avancèrent dans le jardin, suivis de près par leurs Els, portant la boîte d'or.

"Mon roi, ma reine."
Le comte s'agenouilla respectueusement avant de relever la tête vers le prince.

"Prince Simon ! Je suis venu vous proposer la main de ma fille, Annie."
Il se releva et approcha la boîte, qui brillait à la flamme des chandeliers.

"Bien sûr, nous ne sommes pas venus les mains vides, mais avec un présent à la hauteur de votre indéfectible perfection !"
À ces mots, les Els du comte lâchèrent brusquement la lourde boîte qui s'écrasa sur le sol avec un bruit sourd qui fit reculer l'assemblée.

Sous le choc, elle s'ouvrit...

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Bonjour ! Petit message pour vous dire que j'espère que mon histoire vous plaira et n'hésitez surtout pas à consulter au fur et à mesure le premier chapitre:

"le nuancier" qui vous aidera à situer les différentes couleurs.

Bonne lecture <3

ELSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant