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ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI VIVENT, JE LAVE LE SANG DES ▬▬MARTYRS ▬▬
Bordel de merde, furent les premiers mots qui traversèrent l’esprit d’Emeraude lorsqu’elle émergea.
— Je sais même pas pourquoi on se donne la peine de les accueillir…
Les paupières encore closes, elle sentait à hauteur de son crâne une vive douleur la saisir, comme un étau faisant pression sur ses tempes. Par réflexe, elle fronça les sourcils mais le regretta bien vite, sentant la force écrasant son crâne se faire plus grande encore à ce geste.
— Payer des impôts pour financer des décès, la belle affaire.
Il lui fallut quelques secondes pour comprendre la situation. Et, surtout afin de se soustraire à la douleur en l’oubliant, elle entreprit d’analyser celle-ci.
Derrière l’écran rougeâtre de ses paupières, elle devinait un soleil tapant qui l’aveuglerait si elle s’avisait de les ouvrir. A vrai dire, même entre ses cils clos, elle sentait la brûlure de l’astre picoter sa rétine mais fit le choix de se concentrer sur la douce caresse chaude et réconfortante de celui-ci sur la peau de son visage.
— Et c’est ça, l’espoir de l’Humanité !?
Songeant aux derniers évènements —lors de l’excursion— et à l’heure de retour initialement programmée par le major, elle réalisa qu’ils devaient être aux alentours de midi et que la plupart des commerçants avaient donc momentanément cessé leurs activités pour manger, à l’exception des restaurateurs. Seulement ceux-là avaient dû imiter les autres villageois et s’interrompre afin de participer à l’habituel rituel de flagellations verbales accueillant le retour des combattants.
Par le passé, Edward lui avait déjà parlé de cette habitude qu’avait pris la population. Lors des retours de missions —la plupart du temps particulièrement meurtrières et sanglantes— les soldats y ayant combattu se voyaient récompensés d’insultes en tout genre. Comme si les traiter d’incapables allait leur permettre de ramener les défunts à la vie.
Seulement, même si la jeune femme avait déjà entendu parler de cette sorte de rituel, une partie d’elle avait toujours espéré que son frère l’exagérait alors. Mais elle savait au fond d’elle qu’il n’était pas du genre à grossir le trait dans des situations si graves et sérieuses.
— Mais regarde-moi ça, sérieux !
Malgré elle, ses paupières commençaient à la brûler sérieusement. Seulement le soleil n’avait plus rien à voir là-dedans. Non. La douleur venait d’elle. Des larmes commençaient à s’agglutiner contre sa peau et faire pression pour sortir.
