ALEXANDER
J- 53
23h45
Villa Mercurio, quartier Trastevere, Rome, Italie
— Pourquoi vous avez besoin de nous ?
Je ne réponds pas tout de suite et avale d'un trait la fin de mon verre. Mes yeux se ferment pour me laisser savourer la brûlure de l'alcool dans mon palet et la sensation grisante de chaleur dans ma gorge. J'entends Caleb qui m'imite en s'enfilant son troisième shot de vodka.
— Ça fait des années que Rose prévoit de détruire Grimaldi et son empire et, tu le sais sans aucun doute, c'est plutôt difficle d'arriver à avoir des informations précises de ce qu'il se passe à l'intérieur de son territoire, réponds-je.
— Donc, on est vos taupes ?
Il attrape la bouteille de cognac et se serre un nouveau verre. Je lui tends le mien pour qu'il le remplisse également.
— Non. Vous êtes nos nouveaux associés.
Il tique à ma remarque mais se reprend très vite. Son regard remonte vers le mien puis me fixe, comme pour soupeser la valeur de ces quelques mots, tester la sincérité de ma sympathie. C'est normal qu'ils doutent mais au fond de ses yeux, je vois qu'il est rassuré d'avoir trouvé une forme de sécurité loin de Grimaldi. Vous savez ce qu'on dit, les ennemis de mon ennemi sont mes amis.
— Vous êtes des assassins ? interroge-t-il soudain de but en blanc.
— Non.
Oui. Je soutiens son regard sans rien laisser transparaître et trempe mes lèvres dans ma boisson. Il ne me lâche pas du regard, attendant sûrement que je lui explique alors ce que nous faisons concrètement. Pourtant, cette fois, je ne serais pas en mesure de lui livrer toute la vérité : il n'a pas besoin de savoir la nature exacte de nos activités.
— On se contente souvent de voler les plus beaux tableaux du monde.
Ma réponse est évasive mais il ne s'en rend pas compte et continue de siroter son verre sans montrer aucun signe d'agacement face à mon manque de détails concrets.
— Genre La Joconde ?
J'éclate de rire et l'atmosphère se détend enfin. Il m'observe, perdu par mon soudain fou rire et je n'arrive pas à m'arrêter, soulagé de constater la tournure des évènements et franchement amusé par son manque de références artistiques. Voyant que je suis à deux doigts de renverser mon verre, il tend la main et l'attrape pour le mettre hors de portée de mes secousses hilares.
— T'as vraiment une culture nulle à chier, Caleb.
Il se renfrogne et ce simple geste alimente mon allégresse encore plus. Finalement, après des minutes de lutte avec moi-même, j'arrive à m'en remettre et retrouve mon calme, au moins jusqu'à sa prochaine remarque.
— Pour répondre à ta question, reprends-je du mieux que je le peux non, pas La Joconde. Mais ses petites copines, ça oui.
Il me dévisage, plus perdu encore qu'il y a deux minutes et je vous assure que conserver mon calme dans cette situation est sûrement la chose plus dure qu'il m'a été donné de faire ces dernières années. Je suis rassuré de voir que cet homme pourrait devenir mon ami de par sa bonne humeur et son humour. Peut-être que cette collaboration n'est en réalité que le début de quelque chose de bien plus grand.
— As-tu entendu parler du coup des Poupées Russes à Moscou, il y a deux ans ?
Il hausse les épaules et avale une nouvelle gorgée de sa boisson. J'ai l'impression qu'il risque de dégueuler à tout moment mais c'est un grand garçon qui sait quand sa tolérance à l'alcool est atteinte alors je ne dis rien et attends sagement sa réponse. Moscou. Le plan était déjà une œuvre d'art en soi et ils n'ont rien vu venir. C'était comme un tour de magie à grande échelle, un putain prestige époustouflant.
VOUS LISEZ
NÉMÉSIS | LES ROSES DE ROME T.1
AcciónTHRILLER ROMANTIQUE ❀ Rome, Italie Avez-vous aperçu leur ombre dans votre dos quand vous vous promeniez dans les plus belles galeries d'art de la ville ? Avez-vous senti l'acier de leur lame sur votre cou alors qu'ils s'emparent de vos précieux tabl...