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J'entends des voix tout autour de moi. Des voix étouffées, des voix de panique, des voix qui m'appelle. J'entends des bribes de mots, des mots techniques, des mots effrayants. Hémorragie, arrêt cardiaque, sang. Des termes tout aussi compliqués et tout aussi effrayant. Je ne sais absolument pas où je suis. Surtout, je ne sais pas pourquoi je suis là.


Tout est flou, tout est blanc. Je vois des lumières qui tournoient au plafond, des lumières qui sont aveuglantes. Mais petit à petit m'a vue revient à la normale et je distingue des sièges, des fauteuils roulants, des personnes en blouse blanche, je crois remarquer des ambulanciers. Je vois des personnes courir à droite à gauche, des personnes qui demandent de l'aide, je vois des enfants qui s'agitent dans ce qu'on dirait une salle d'attente. Je l'impression qu'on entre dans une pièce assez grande avec des tas de machines qui font du bruit, j'entends mon père hurler mon nom de l'autre côté de la pièce. C'est un cri de panique, d'inquiétude. Il hurle sur les personnes autour de lui, leur demande des explications. Je vois qu'une femme essaye de le faire sortir de la pièce, d'essayer de le rassurer, mais je ne comprends pas pourquoi. Des gendarmes prennent le relais et essayent tant bien que mal de le contenir et de le rassurer, mais c'est peine perdue. Mon père continue sans relâche à crier mon nom, à me supplier de rester en vie, à me supplier de ne pas le laisser seul. Qu'il fallait que je sois forte.

Sans que je ne m'y attende, on me transporte sur un lit, l'une des personnes en blouse blanche donne des ordres pendant que les autres suivent ses ordres. Son visage s'approche du mien. C'est un homme, il a une barbe naissante, de petites fossettes qui apparaissent sur ses joues, un visage bien tracer comme les mannequins dans les défilés. Il a des yeux bleus, tellement bleus qu'on pourrait les confondre avec la mer. Il a une voix très douce, mais en même temps si roque et je ne sais pas pourquoi, mais ça voix me rassure. Il a l'air d'un homme qui est posé quand il le faut, mais à l'inverse peut être explosive quand on cherche un peu trop la petite bête. À la manière dont il est habillé et comment il donne des indications, je devine que c'est un médecin. Je sens une odeur familière, que je reconnaîtrais entre mille. C'est le parfum " Explorer" de Montblanc, et je le sais, car mon père porte exactement le même parfum. Je lui avais offert à son anniversaire.

Quand il m'examine, je ressens une vive douleur dans les côtes, ça me fait un mal de chien, cette douleur est insoutenable, je m'agite, les personnes tout autour me disent de ne pas bouger, de rester tranquille, mais c'est impossible. Respirer me fait mal, j'ai mal absolument partout, je suis en train de souffrir, je ne comprends rien à ce qui se passe, ça m'angoisse. Je dois me calmer, mais c'est impossible, j'ai peur, j'ai très peur.
Je prends conscience d'un coup que je suis aux urgences et que la patiente ici est bien, c'est moi. Je demande au médecin pourquoi et comment je suis arrivé là. J'essaye de me rappeler ce qui c'est passé, mais je n'y arrive pas, c'est impossible et ça me frustre de ne plus avoir aucun souvenir. C'est là que d'un coup, j'ai un flash, je revois des images avec ma mère.

Je me rappelle que moi et ma mère, on revenait d'une après-midi dans la forêt. On a fait du footing ensemble, c'était cool. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas passé une après-midi entre mère et fille. On n'a pas passé énormément de temps avec ma mère depuis que je suis entré en école de journalisme. Elle était contre que je suive cette voie. Elle voulait absolument que je fasse de grandes études qui comme elle disaient qui me serviront dans la vie. Sauf que ce qu'elle me proposait n'était pas fait pour moi. Elle me disait souvent qu'elle me verrait médecin, car selon elle, je suis quelqu'un qui aime aider, qui a de la compassion envers les gens, certes, c'est vrai, mais ce n'est pas parce que j'ai toutes ces qualités que je vais forcément devenir médecin.

Je suis une personne très curieuse, même un peu trop si je puis dire. Certes, c'est une qualité d'être curieux, mais cela peut devenir un énorme défaut qui peut apporter de gros problèmes surtout dans le milieu du journalisme.

Pour moi le journalisme, c'est de l'investigation, il faut essayer de trouver le vrais du faux, tout doit être bien fondé même si pour la plupart des journalistes écrive des papiers qui ne sont que mensonges comme les paparazzi, mais pour moi, je ne les considère pas comme des journalistes. La seule chose qu'ils savent faire, c'est d'empiéter dans la vie des stars et des personnes influentes, de les suivre à la trace nuit et jour, stationner devant leur maison, devant les restaurants où ils mangent. S'ils pouvaient, ils attendraient devant la porte des toilettes pour avoir une photo. Oui, vous l'avez compris, j'ai la haine contre eux, car à cause d'eux et des mauvais journaliste, beaucoup de personne refuse de nous recevoir par peurs qu'on ne modifie leur dire pendant les interviews.

Après cette course enivrante, ma mère m'a proposé d'aller boire un café en rentrant pour se remettre de ces efforts. Elle a pris la volant direction la maison. Elle me parlait de sa rencontre avec mon père il y a 30 ans. Mes parents se sont rencontrés à fac de droit. Mon père l'avait vue pour la première fois quand ma mère a rembarré un mec un peu lourd avec des sous-entendus pas très catholiques si je dois dire, mais ce qu'il ne sait pas, c'est que ma mère est une femme qui ne se laisse intimidée par personne. Ma mère, c'est une vrai bad bitch. Elle me disait à quel point mon père a galéré pour la séduire, qu'il avait essayé de maint et maint fois de la draguer avec des idées tout aussi farfelues les uns que les autres jusqu'à que ma mère décide d'aller voir mon père et de lui proposer d'aller boire un café. Et oui, m'a mère à pris les devant et à partir de ce jour, mes parents ne se sont plus quittés. Elle ne pouvait pas imaginer sa vie sans lui à ses côtés. À cette époque-là elle n'avait que 18 ans, mais pour elle, c'était certain qu'un jour, elle allait l'épouser et qui lui ferait des enfants. Et c'est grâce à cet amour que je suis née.

Pendant ma dernière année de lycée, c'était sujet à la dispute avec ma mère qui ne comprenait pas pourquoi je voulais devenir journaliste, elle a tenté en vain d'essayer de me convaincre de reconsidérer mes choix. Malheureusement pour elle, je suis très têtu et je n'en fais qu'à ma tête. Et quoi qu'elle dise ou quoi qu'elle fasse, elle ne réussirait pas à me faire changer d'avis.

Avec mon père, ce n'était pas la même relation qu'avec ma mère. Enfant unique mon père jouait souvent avec moi, même quand il avait plein de dossiers en attente. Il consacrait la moitié de son temps à ce que je ne sois pas malheureuse et l'autre moitié à faire des bêtises avec lui. Mon père quand il veut peut-être un grand enfant ce qui est énervé au plus haut point ma mère. On la mettait dans des états pas possibles. Il m'a toujours encouragé et soutenu dans mes choix saufs dans mes choix amoureux. Je n'ai pas eu beaucoup de petits copains, mais à chaque fois que je leur en présentais un mon père devenait une tout autre personne. Une voix très grave, un regard qui lançait des couteaux, tout pour les faire fuir. Après, je me dis que c'est normal, que je suis sa grenouille comme il aime m'appeler et qu'à part lui aucun autre homme ne pourra jamais m'aimer comme lui, il m'aime.

Donc ça a été très difficile de laisser mon père à la maison tout seule. J'ai oublié de dire que mes parents depuis quelques années, ça n'allait plus très bien entre eux. Ils se disputaient à longueur de journée pour tout et n'importe quoi. Ma mère se plaignait souvent du fait que mon père ne faisait pas assez attention à elle, qu'il a délaissé souvent. Et je voyais que mon père en souffrait beaucoup de ces disputes, il essayait de faire d'efforts, mais ce n'était pas assez. J'en ai vu des matins où quand je me levais, je voyais mon père coucher dans le canapé du salon. Ça me brisait le cœur, car mon père ne mérite aucunement de souffrir. Ma mère a de la chance de l'avoir, mais elle passe ses journées à se plaindre de lui. Même si j'aime ma mère de tout mon cœur, je ne peux accepter ce manque de respect, mais je suis leur enfant et je ne peux pas interférer dans leur dispute.

Mais passons.

Je n'arrive pas à me souvenir de la suite, pourtant, j'essaye, mais la suite des évènements reste encore un brouillard. Des gendarmes sont postés juste devant la pièce, je m'inquiète, je me demande pourquoi ils sont là. D'abord où est ma mère, je ne la vois pas, je ne l'entends pas crier mon nom. Je tente de me lever pour aller à sa recherche, mais les médecins m'en empêchent de toute manière, je n'allais pas aller très loin de vue mon état.

La pièce commence légèrement à tourner, je vois tout au ralenti, j'entends que des bribes mots, j'ai envie de dormir. Une sorte de lumière blanche m'appelle à la rejoindre, j'ai très envie d'y aller. Petit à petit, je commence à sombrer dans un sommeil et puis plus rien.

À quoi bon ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant