ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 48

325 48 10
                                    

Maël était vanné. Il n'avait plus l'endurance de ses vingt ans et suivre le rythme du petit Lucas était bien plus difficile qu'il n'y semblait.

Il avait passé la journée en compagnie de son filleul à l'aquarium. Ce dernier, avide de connaissances et curieux comme pas deux, avait dû leur faire faire six fois le tour de l'aquarium pour voir chaque spécimen présent. Le petit gars avait fini par s'endormir sur le chemin du retour à la maison. Le blondinet était resté partager le repas avec ses amis avant de rentrer dans ses pénates.

Une fois à la maison, il prit une douche et se vêtit d'un vieux jean sans forme avant de se rendre sur sa terrasse avec une tasse de café. Le soleil était encore haut dans le ciel et le paysage arborait des lueurs orange qui réchauffaient le décor froid. Bien que fatigué, Maël se sentait bien à cet instant. Il se laissa tomber dans un fauteuil, croisant ses jambes devant lui. Il profita du calme pour méditer quelques minutes.

Il ne rouvrit les yeux que de longues minutes plus tard, le soleil avait commencé de décliner. Il vida sa tasse de café qui avait refroidi pendant son absence et se leva. En jetant un rapide coup d'œil en direction de la plage en contrebas, il capta un mouvement inattendu. Quand il se concentra dessus, il se rendit compte qu'il s'agissait en fait d'une personne qui se tenait debout sur la plage, tourné dans sa direction.

Maël déposa sa tasse sur la petite table et s'avança au bord du plancher du bois pour pouvoir mieux discerner l'individu. Malgré tout, il était trop loin. C'est alors que la personne s'avança, remontant la bande de sable dans sa direction d'un pas vif. Maël fronça les sourcils, intrigué par la situation. Pourtant, il ne bougea pas de là où il était, laissant la personne s'approcher. Quand celle-ci ne fut plus qu'à une vingtaine de mètres de lui, à la naissance des marches en pierre, il la reconnut.

Leo.

C'était Leo.

Maël n'en croyait pas ses yeux. Sans qu'il en ait conscience, il descendit les marches artificielles de sa terrasse, réduisant la distance entre eux. Son regard ne quittait pas le visage de Leo. Ce dernier n'avait pas changé dans le fond : toujours la même jeunesse irréelle. Ce dernier lui souriait, des larmes brillaient dans ses yeux.

Leo était là, devant lui.

Le cœur de Maël battit la chamade, son sang pulsait dans ses oreilles et sa peau semblait se recouvrir d'un champ électrique qui le faisait trembler. Soudain, il s'élança en courant dans les marches. Il vit Leo l'imiter et rapidement ils se retrouvèrent à mi-chemin. Ils se rentrèrent dedans violemment mais ne s'attardèrent pas là-dessus alors que les bras puissants de Maël s'enroulaient autour du corps fin de la sirène et le tirait à son torse. Il plongea son visage dans ses cheveux et inspira son odeur. Il sentit Leo sangloter contre son torse alors qu'il s'accrochait à lui comme si sa vie en dépendait.

Au bout de quelques minutes, il éloigna légèrement Leo pour pouvoir le regarder dans les yeux, le maintenant toutefois en étroit contact avec lui. Il caressa les traits de son visage et notamment les légères incisions qui marquaient désormais les traits de son visage. Il s'agissait de deux lignes courbes qui suivaient la forme de ses pommettes, sous ses yeux félins. Sous ses lignes, trois points étaient alignés. Le renflement que le blond sentit sous ses doigts lui confirma qu'il s'agissait de scarification. Ses doigts descendirent ensuite sur la ligne droite qui courait de sa lèvre à son menton. Il sentit Leo exhaler à son contact. Le regard de Maël remonta dans ses yeux alors qu'il peinait à trouver les mots exacts pour exprimer sa surprise.

« Que... Comment ? »

« Plus tard. » Souffla Leo alors qu'il caressait ses lèvres de son pouce, quémandant silencieusement l'autorisation. « Tu m'as tellement manqué, Maël... »

Le chant de l'océan. Tome 2 : mor-brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant