Lorsque je m'exprime, je ne passe pas par quatre chemins, tout dépend de la personne -une seule me terrifie-. Hors de question que je me présente, vous saurez la suite plus tard, en temps voulu. Les presentations sont assomantes de toute façon.
Sachez d'abord que je suis une lycéenne "banale" faisant partie des "normaux" auxquels ont ne fait pas attention, à part, pour s'en railler.
En ce moment, je suis sujette à de l'harcelement.
En "temps" normal, ça aurait du être la grande reine, la garce du lycée qui est respectée et crainte par son entourage. Ou bien, le roi du lycée, peu importe.
Tout simplement une personne populaire qui méprise les "êtres insignifiants" dans lesquels je faisais partie.
Seulement voilà, ce n'était pas le roi -ni la reine- du lycée, non. Pas exactement. Oui, effectivement c'était une personne populaire. Une personne qui, durant une courte durée de mon existence, je respectais et idôlait même. Une personne qui, avait un rôle à endosser.
« - Mmh, interessant, je ne savais pas que tu tenais un journal intime, ironise-t-il le souffle contre ma joue, ce qui me fit sursauter.
- Co-co, je bafouille, les yeux écarquillés d'horreur. Depuis combien de temps était-il là? Penché sur moi, à lire par dessus mon épaule?
- Co...Co quoi, rit-il me détaillant de ses émeraudes. Oh je t'ai fait peur, peut-être?
- Non, tu m'as surprise, c'est tout, déglutis-je péniblement, déstabilisée par son souffle glacial sur ma peau. »
Il recule sans me quitter des yeux. Son regard est tellement insistant que je finis par baisser les yeux sur mes mains, tripotant, nerveusement l'ourlet de mon t-shirt. Avec un soupir lasse et exagéré il s'empare du journal à la couverture bordeaux -le troisième en deux mois-, les autres avaient "mystérieusement" disparus mais pour rien au monde, je ne l'accuserais, même-ci j'étais certaine de son implication. Portant ses longs doigts pâles à son visage, il se pince l'arête du nez puis d'un geste brusque referme le journal.
Les secondes filaient, les minutes passaient et toujours rien, il demeurait immobile, tête baissée, il m'était impossible de déchiffrer son expression puis soudainement, il est secoué de petits tremblements, comme s'il... Il... Non, je n'y crois pas! Hésitante et maladroite, je lève une main vers sa touffe de cheveux châtains clairs, semblables aux miens pour le réconforter puis je la laisse retomber le long de mon frêle corps. Me pinçant les lèvres, je jette des œillades partout vers lui, nerveusement puis soufflant je finis par le détailler, toujours immobile.
D'une voix mal assurée, je lui demande :
« Tu pleures? »
La question reste en suspension dans l'air, ricoche contre les murs étroits avant qu'un lourd silence ne retombe dans la chambre. Il ne bougeait toujours pas, ses tremblements avaient cessés. Au fur et à mesure que le silence s'étirait, une boule se formait dans mon ventre et ma nervosité augmentait en flèche. Et si je venais de le blesser? Et si ce comportement violent et peu sympathique -voire pas du tout sympathique- n'était qu'un leurre, une façon très maladroite de me protéger? Tel un...
« Oh ma chère petite sœur... Martyrisée, par son grand-frère, avance-t-il d'une voix pleine de sarcasme, il poursuit d'une voix grave en relevant lentement la tête, la petite Kylie Westbrooks, lycéenne banale est maltraitée par le populaire Sean Westbrooks, entre autre, son grand-frère. »
Il se lève de tout son long, et plane au dessus de moi comme une ombre menaçante. Tremblante, je replie maladroitement mes jambes contre ma poitrine et les entoure de mes bras, la tête tout contre mes genoux, je me berce, les paupières fermement closes. Un rire cruel, dérangeant et atrocement fort emplit la pièce qu'était ma chambre. Des bruits de déchirure, une petite douleur sur la tête puis des pas, des claquements de portes me signifiaient qu'il était enfin parti. Mon grand-frère, mon bourreau, Sean avait quitté la maison, m'enfermant certainement dans celle-ci mais il n'était plus là, je pouvais respirer, quelques heures.
Je lance quelques regards dans la pièce, sur la petite bibliothèque, le bureau, la grande armoire en bois puis sur mon couvre lit où mon journal gisait, les pages récemment écrites, arrachées. Une seule larme vient rouler le long de ma joue et je l'arrête aussitôt me demandant comment je ferais pour supporter une nouvelle semaine de moqueries malsaines dont l'auteur n'était autre que mon frère.
Mes parents étaient morts dans un accident d'avion, il y a 1 an seulement. Sean étant majeur a gardé la maison et... Moi avec.
Il se donne à cœur joie de faire de ma vie un enfer.
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Feelings
General FictionLes sentiments sont parfois contradictoires. /!\ Âmes sensibles abstenez-vous.