76-Rébellion

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Point De Vue de Chelsea

Samedi 4 novembre 2017

Je soupire en me passant les mains sur le visage. Mon reflet dans le miroir ne peut pas faire plus parlant. Mes yeux sont tous rouges et gonflés et si j'étais pas contre le maquillage il y a longtemps que je me le serais peinturlurer jusqu'à ressembler à un personnage en 3D.

Je me sens tellement cassée, déçue, frustrée.

Je n'aurais jamais imaginé que maman puisse me faire une chose pareille.
Mon père.
Dix sept ans d'ignorance.

Ce n'est pas juste qu'elle m'empêche de le rencontrer. Et cette gifle... pourquoi ? J'admets que j'ai été extrême dans mes paroles mais j'étais en colère. J'avais raison. Elle n'avait pas le droit de faire ce qu'elle a fait. Et elle va continuer avec cette histoire d'injonction. Il faut que je fasse quelque chose. Il faut que je mette ma menace à exécution.

Mais comment m'y prendre?

Je ne sais pas. Une chose est sûre, avec ce qui s'est passé hier elle sera plus vigilante et toute tentative du style fouillage de bureau n'aboutira pas pourtant je suis sûre que c'est là que je trouverais tout ce que je cherche.

Tout sur celui que je cherche.

Papa...

Je t'en supplie...aide-moi à te retrouver. Je me fiche de savoir pourquoi tu t'es souvenue de moi après tant d'années.. tout ce que je veux c'est te rencontrer.

Ah mon Dieu.....

C'est tellement dur...

Il faut que je sorte d'ici. Cette chambre, cette maison, maman...tout m'étouffe. J'ai besoin de m'en éloigner même pour quelques secondes.

Je souffle et essuie des larmes que je n'avais même pas eu conscience de pleurer.

Je pars retirer mes vêtements de la veille. Avec tout ce...tout ce brouhaha d'hier soir j'ai oublié.

Je m'engouffre sous la douche et me laisse submerger par les jets d'eau. Ça aussi j'ai oublié.

Dans la plupart des films, quand les héroïnes ont le blues elles font ça. Elles disent que ça les soulage. Moi je ne ressens rien. Est-ce que ce sont elles les menteuses? À moins que ce soit moi l'insensible? Peut-être que mes problèmes à moi me colent plus à la peau que les leurs. Aucun moyen de le savoir malheureusement et à vrai dire je ne pense pas que le savoir m'aiderait à grand chose.

Dix sept ans que je me lave. Mes problèmes n'ont pas disparu pour autant. Ce n'est pas pour ça que je vais arrêter. Je veux pas avoir un cancer de peau. En revanche tout ce que je gagnerai à rester sous ce jet d'eau c'est une peau frippée de grand-mère alors je ferme le robinet et je pars me brosser.

C'est stupide d'avoir encore la tête à une telle routine alors que ma vie est sens dessus dessous mais je crois qu'en fin de compte ce sont des choses qu'on accomplit plus avec la force de l'habitude que par envie au fur et à mesure que le temps passe.

Quand je repars vers mon dressing mes doigts se font frénétiques pour trouver quoi me mettre. Sur les nerfs, je tire un grand pull et un gros bas de pyjama. C'est moche mais de toute façon je vois pas qui ça intéresserait que je me mette sur mon trente et un.

Je sors de mon dressing et toujours avec la même frénésie, quitte les murs de ma chambre. Dans l'allée, certaines employées de la maison me dévisagent avec une sorte de compassion déplacée quand d'autres préfèrent éviter mon regard. Tout le monde a dû nous entendre hier soir et c'est tant mieux. Je veux qu'ils sachent que j'ai mal, que je souffre. Même si ça ne résoudra pas le problème ça me soulagera un peu. Parfois la douleur du malheur s'atténue quand elle est partagée. Quand j'atteins le salon c'est madame Parks que je croise cette fois. 

2RHS ZONE (Tome 1) [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant