House Of Memories [Kiribaku]

.4.

Pdv Kirishima
Il est épuisé.
Dès l'instant où je le touche, il cesse de se débattre et se laisse aller contre moi. Quand même, je ne peux pas le faire dormir ici. La porte est entre-ouverte. Si je me débrouille bien, peut-être que... Je le mets sur mon dos. Sa tête retombe dans mon cou. Son souffle s'est calmé. Tant mieux.
Je sors discrètement. Si le cuisinier me voit, je suis fichu. Je passe devant les cuisines. Il pionce comme un mort. Parfait. Il faudrait quand même voir à changer le personnel, c'est pas le plus compétent.
Je monte les escaliers. Sa chambre... Où est-ce qu'elle peut être ? C'est gigantesque. Des couloirs de partout, de grands espaces, des portes de tous les côtés... Je me perds sans bouger.
Je regarde à gauche, à droite. A tout moment, je peux croiser un domestique, ou même sa famille. Et alors, je ne sais pas ce qui m'arriverait.
Une fille apparaît devant moi. Je ne l'ai pas vu arriver. Je suis mort. Elle ouvre la bouche, regarde Katsuki et se tait. Elle sourit et parle doucement.

- Tu es son ami ?
- En quelque sorte, je suppose...
- Je m'appelle Mina.
- Kirishima.
- Il ne laisse personne le toucher, d'habitude.
- Ah ?
- Je te fais confiance pour t'occuper de lui, t'as pas l'air méchant. Appelle moi si besoin.

Elle me tend une petite cloche.

- Heu, oui, mais... Sa chambre?
- Au fond du couloir, à gauche. Il n'y a personne, tu peux y aller tranquille.
- Merci !

Je vais dans la direction indiquée. Une grande et belle porte se présente. Je l'ouvre avec quelques difficultés. Quelle idée de mettre des mécanismes aussi élaborés pour une simple porte...
La chambre est immense. Mais vide.
Il n'y a qu'un grand lit, avec une commode à côté. J'y dépose l'objet donné par Mina quelques minutes plus tôt.
Le reste... Rien. Une salle de bain sur la droite. C'est tout.
Bakugo est plein de poussières. Je fais couler l'eau dans la baignoire. Il est toujours sur moi. Il dort. Il avait de grosses cernes, ce n'est pas surprenant qu'il tombe de fatigue comme ça. S'il s'agit vraiment de fatigue.
Je le fais glisser de mon dos et le mets maladroitement dans le bain.
Je le lave comme je peux. Ses cheveux sont étonnement doux. Il ne se réveille pas. Je le porte ensuite à son lit. Je le borde. Il a l'air calme, quand il dort. Ses sourcils se froncent, comme s'il faisait un cauchemar. Peut-être que c'est le cas. Un gars comme lui, fort et doué en combat, je me demande bien ce qui pourrait le tourmenter. En regardant autour de moi, je trouve une réponse. J'espère me tromper, en quelques sortes, mais ça peut être lié à ce qu'on trouve dans sa chambre : rien. Aucun effet personnel, aucun souvenir.
Une vie sans souvenir, ça m'a l'air douloureux.
Je touche son front du dos de la main. Tiède, normal. Pas de quoi s'inquiéter. Mais je reste quand même un peu. Un pressentiment, peut-être. Quelque chose comme ça. Après quelques minutes à attendre au bord de son lit, je me dis que ça a l'air d'aller. Il se serait réveillé, si ce à quoi il rêvait était vraiment horrible.
Je devrais retourner dans la salle. Je vais avoir des problèmes, sinon. Et lui aussi.
Je me lève et fais un pas.
Il attrape mon poignet. Je me retourne. Ses yeux sont à moitié ouverts.

- Reste...

Sa voix est faible. Il n'a pas l'air méchant du tout, comme ça. Je ne réponds pas. Il doit être à moitié réveillé, dans les vapes. Il doit me prendre pour quelqu'un d'autre. Il me serre plus fort. Sa main se relâche un peu lorsque je me rapproche. Je suis debout, à côté de lui.

- Je vais attendre ici, alors.

Il soulève un peu la couverture.
C'est une invitation ?

- J'ai froid.

Je souris doucement. J'aurais du mal à le détester, après l'avoir vu comme ça. Il a l'air juste normal. Rien de plus ni de moins. Pas un meurtrier, rien du tout. Juste un homme dans son lit. Je le rejoins. Il ne réagit pas vraiment, mais, en effet, il frissonne. Je caresse ses cheveux pour essayer de le calmer. Son visage devient déjà plus paisible. Je le regarde dormir un moment. La porte s'ouvre. Je sursaute et me fige. Un blond entre.