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Je me suis rendormi deux fois, incapable de me libérer de l'étreinte de Jungkook sur mon corps. Le soleil est haut dans le ciel et découpe de larges bandes de lumières sur nos visages. Impossible de replonger cette fois-ci et je parviens à m'extirper hors du lit. Ma peau colle à mon vêtement, ma tête lourde me fait ployer vers le sol et ma bouche pâteuse me donne la nausée. Je sors sans bruit en direction de la cuisine. J'ai besoin d'un verre d'eau et d'un cachet. Assise sur le canapé dans un cardigan beige, ma mère sirote un café, le son de la télévision à peine perceptible.



« Coucou mon chéri. »

Je ralentis le pas et adresse un petit signe de la main. Tous mes gestes sont au ralenti.


« Tu as bien dormi ?

- Oui, plutôt. »

Je tire la boite de médicament du buffet et attrape un verre propre prêt de l'évier.


« Et toi, avec Julian ?

- Super ! On a très bien mangé. D'ailleurs... », elle hésite, « j'aimerais qu'on parle tous les deux quand tu en auras l'occasion. »


Le silence se poursuit quelques secondes. Il flotte entre nous deux, ectoplasme trop perceptible qui m'obstrue la gorge. Je retiens de justesse une quinte de toux. L'air est asséché et le petit vent par la fenêtre entrouverte n'y change rien. Les mots se préparent et s'alourdissent dans le creux de mon estomac. Ils vont avoir du mal à remonter le long de ma gorge et risquent de s'écraser à ses pieds. Il faut tuer ce silence, avec ces mots enclume. Je ne veux pas reporter à plus tard ce qui a déjà été compris. Ma mère croit sans doute me prendre au dépourvu. Je le lis dans sa façon lâche de détourner les yeux sur son feuilleton, de serrer ses mains minces sur la hanse de sa tasse.

« Tu voudrais habiter avec lui. Avec Julian. »


La stupéfaction s'inscrit dans les rides autour de sa bouche. Elle détourne les yeux, plus loin que sur le poste, vers un endroit lointain. Hors de ma portée. Assise dans ce canapé, ma mère n'habite déjà plus avec moi. Je perçois un frémissement de colère dans mes veines, et les paumes de mes mains me démangent. Je regarde cette bouche molle et peinte d'un rose ténu, cette bouche qui a encore des baisers à donner. Ses mains encore pleines, où les os et les veines ne cherchent pas encore à déchirer la chair. Ma mère vit, après tant d'année en ombre muette entre quatre murs, et elle ne vit pas pour moi.


« Je ne veux pas que tu te sentes pressé. Je sais que tu n'es pas prêt à quitter l'appartement. »

Elle coule vers moi un de ses regards creux. Ceux dont les sourcils et la torsion de la bouche laissent penser à de la compassion, et dont je sais qu'il ne résulte que de la pitié. Ce regard nourrit ma colère. Je serre les poings. Ce sont tous mes doigts qui me démangent maintenant.

« Tu auras bientôt quitté la faculté. Je ne veux pas que tu sois perturbé dans tes études. »

La honte de mes mensonges étouffe la colère.


« Les voisins d'en face ont une chambre de disponible. Ils me l'ont proposé hier.

- Hier ? Tu les as croisés ? Pourquoi t'auraient-ils proposé une chambre ? »

Le remède |JinKookYoon|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant