PROLOGUE

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Ma mère m'a toujours dit que si notre famille était considérée comme "maudite", alors j'étais la plus maudite de toutes.

Evidemment, ça, c'était avant de me passer une lame sous la gorge.

Une femme charmante, ma mère...

Heureusement, elle ne m'a pas fait de mal bien longtemps. Seulement huit petites années. Juste assez pour m'ôter toute envie de lui pardonner et tout remord lorsque j'ai retourné son flingue contre elle, sans aucune hésitation, pour lui décocher une balle en plein front.

Si je n'avais pas fait ça, elle aurait assassiné ses deux propres fils, mes frères adorés qu'elle prenait plaisir à menacer lorsque je me montrais trop rebelle, avant de se tourner vers moi et de finir le boulot.

C'était ce qu'elle voulait, ce qu'elle avait toujours voulu. Me voir avilie, prostrée, soumise. Le rejeton raté de la famille enfin remis à sa juste place : loin des regards, loin des oreilles. Dans cette pièce lugubre qu'elle avait tout spécialement fait construire pour moi, elle me torturait jour après jour.  De mes trois ans, la première fois où elle m'a frappée, je n'ai jamais connu que la peur de me retrouver une nouvelle fois attachée dans cet endroit infecte, à sa merci. Je n'avais jamais rien demandé qu'une once d'amour maternel... mais c'était manifestement trop pour elle.

À part son statut et la fortune colossale qu'elle devait à son mari, notre père, rien ne comptait. Les gosses, c'était pour faire grossir son ego. Agrandir la meute et étendre son pouvoir de domination.

Quelle blague ! Jamais cette femme n'aurait dû devenir mère. Mais il fallait un héritier. Plusieurs même, dans l'idéal. De quoi se faire bien voir des Anciens et assurer à l'illustre et ancestrale famille Nakyl une succession digne de ce nom. Faire perdurer la lignée, transmettre le Gêne.

Même si moi... j'étais plus un accident qu'autre chose. Une donnée non prévue dans l'équation.

Je suis persuadée que ma venue au monde était si insupportable pour ma mère que c'est la raison pour laquelle je suis sortie prématurée et albinos. 

À ma naissance, elle a failli m'enrouler le cordon ombilical autour du cou pour m'étouffer. N'aurait été la présence de mon père en salle d'accouchement, elle ne se serait pas retenue.

Comme je le disais précédemment, une femme charmante cette Anne Nakyl, non ?

Le seul frein à sa folie destructrice envers moi était notre père. Richard était un homme doux, aimant, il adorait me raconter des histoires avant de m'endormir... je n'avais principalement pas de contact avec une autre personne que lui, mes frères étant sans cesse occupés ailleurs par ma génitrice. 

Mais mon père était hélas écrasé par l'influence omniprésente d'Anne. En cela, il n'a jamais compris que tous les soirs, lorsque tous étaient endormis, sa femme me sortait du lit de cette chambre factice pour m'emmener dans ma "véritable" chambre...

Je ne sais pas si c'était l'amour qu'il portait à Anne ou autre chose qui l'aveuglait. Jamais il n'a remarqué son manège, ni ses regards glacials, ni ses propos cruels à mon intention... il faut dire qu'elle était douée pour brouiller les pistes. Et pour me convaincre de ne pas parler de ce qui se passait une fois la nuit tombée. 

Mais il a bien fallu que tout ça dérape. Anne en était arrivée à un point de rupture, si bien que ce jour funeste où tout s'est arrêté, ma tortionnaire avait oubliée de fermer la porte de ma geôle. 

A la suite des révélations atroces de ce qu'elle me faisait subir, mon père ne l'a pas supporté. Non seulement il avait perdu la femme qu'il aimait mais en plus, apprendre que celle-ci était folle à lier et torturait sa fille... il s'est suicidé quelques jours plus tard et nous a légué son immense fortune, à mes frères et moi. 

Nous avons quitté la demeure familiale sans un regard en arrière, laissant derrière nous ces années d'enfer. Nous sommes partis pour ne jamais revenir.

Mais recommençons sur de bonnes bases... Et pour que tout soit clair dès le début : je suis une louve. Comme ça c'est dit.

Attention, rien à voir avec les loups-garous de Twilight, de The Vampire Diaries (merci mon dieu, je me voyais mal souffrir autant lors de mon hypothétique transformation), ou encore ceux de Harry Potter (le sort de ce pauvre Lupin me donnait des cauchemars, enfant). Non. Mes frères et moi, on ne se transforme pas.

Ou plus

La malédiction qui pèse sur la famille Nakyl dure depuis tellement de siècles qu'il est facile de voir le temps comme syndrome principal de détérioration. Nos ancêtres savaient se transformer mais depuis quatre générations maintenant, ce n'est plus le cas. Non pas que mes frères et sœurs et moi en soyons affectés, au contraire : nous n'aspirons qu'à être normaux. 

Si ce n'étaient nos physiques particuliers ou nos capacités surhumaines, nous serions comme le commun des mortels.

Et ne me parlez pas d'aconit-tue-loup, de décoction d'argent ou de ce genre de bêtises qu'on voit dans les films, les romans ou les jeux vidéos ! La seule menace mortelle qui pèse sur nous reste identique à ceux des humains normaux. Si nous cicatrisons plus vite, une blessure grave aboutira au même résultat que pour vous...

Mais la discussion tourne dans un registre sombre que je n'aime pas vraiment aborder. Aucun de mes frères et sœurs non plus, d'ailleurs. Nous préférons nous concentrer sur l'essentiel : notre meute, notre famille. 

Et notre famille s'est drôlement agrandie en seize ans de vagabondages et de voyages !

Mes frères et moi avons écumé quasiment toute l'Europe, dans un désir presque vital de découvertes et de partage, avant de partir vers l'Asie et plus particulièrement le Japon. Nous y avons fait notre première rencontre avec des êtres aussi maudits que nous.

Savoir que nous n'étions pas les seuls nous a comblé d'une joie indescriptible.

Cette liesse a redoublé alors que nous parcourions la Suède, où nous attendait notre deuxième rencontre.

Puis nous avons traversé l'océan, vers la Première Puissance Mondiale, ce pays aux nombreuses facettes qui nous attirait depuis des lustres...

L'Amérique, berceau de la Liberté, celle-là même que nous prônons, nous a offert notre troisième et dernière rencontre et a permis à notre meute de devenir encore plus animée qu'elle ne l'était déjà.

Aujourd'hui, nous sommes dix. Dix frères et sœurs à jamais liés par un amour inconditionnel... et une malédiction.

Je m'appelle Louanne Nakyl, j'ai 24 ans et, entourée de ma meute, j'ai débuté ma nouvelle vie quatre ans auparavant...

Dans un grand manoir à la lisière est de Central Park, à New York.

J'ai hâte de voir ce que la Grosse Pomme a à nous offrir à mes frères et sœurs et moi ! 


A suivre...



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Je suis ravie de vous retrouver pour une nouvelle fanfiction sur l'univers des jeux Is it Love? Carter Corporation.

J'ai hésité un moment avant de me décider sur le prochain personnage à faire les frais de mon imagination quelques fois... loufoque (lol). J'ai finalement opté pour Giorgio Maccini, vu dans l'histoire de Daryl et celle de Ryan (saison 3). 

Mais chaque chose en son temps... puisqu'il s'agit d'abord de vous présenter mes nouveaux personnages et notamment ma petite merveille, Lou. 

J'espère qu'elle vous charmera autant qu'elle le fera avec tous les autres <3

En avant pour le premier chapitre !

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Le Masque de la Lune - TOME 1  (Is it Love? Giorgio Maccini)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant