Chapitre 1: Douce nuit

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La chaleur était étouffante. Tout était vague, flou. La fumée me brûlait les yeux. Le plancher, rongé par les flammes, craquait sous mon poids. J'avançais à l'aveugle, essayant désespérément de trouver ma femme et ma fille. Soudain, je la vis, Jane, ma tendre épouse. Elle criait, sa peau ne tenait plus à son ossature, elle n'avait plus de cheveux sur le crâne; et la charpente de la maison tentait de résister, mais elle céda. Je la vis tomber et s'effondrer sur Jane, encore suffocante. Je criai de rage, la scène sous mes yeux. Je n'arrivai plus à respirer, je m'asphyxiai. Je m'écroulai sur le sol à moitié détruit et rampai tant bien que mal entre les débris, la cendre et les cadavres. Je parvins jusqu'à la chambre d'Elizabeth. La porte était étrangement intacte. N'ayant plus de force, je la poussai avec difficulté. Elle était là, sur son lit, la tête rentrée dans les genoux, bras serrés autour de ses jambes maigres, pleurant de douleur.

"Viens ma chérie, dépêche-toi !, dis-je avec souffrance, rejoins moi !"

Elle leva lentement la tête, fronça les sourcils, plissa les yeux et serra les dents : " Non Papa, répondit-elle, toi tu n'étais pas là, les amis de Maman sont venus mais toi, tu n'étais pas là, tu aurais pu nous sauver, tous ! C'est de ta faute ! De TA FAUTE ! "

Elle répétait cette même phrase de plus en plus fort puis sa voix diminua, encore et encore, jusqu'au silence, total. Tout devint flou, les formes miroitaient, zigzaguaient et tournaient dans tous les sens; et puis plus rien, le noir complet.

Je fus agité et secoué par les épaules de gauche à droite frénétiquement. J'entraperçus, les yeux mi-clos un rayon de soleil, puis un homme coiffé d'une sorte de chapeau ou béret et c'était lui qui m'agitait dans tous les sens. Il me criait en anglais : " Réveillez-vous Monsieur, il faut vous réveiller !!! "

Lorsque j'ouvris les yeux pleinement, je me souvins de tout : J'étais monté dans un train pour Paris depuis Londres, et étant donné l'état affolé du contrôleur, j'avais dû somnoler un peu, un peu beaucoup même. Encore endormi, je lui répondis lentement et calmement : "Bonjour Monsieur, je suis bilingue, vous pouvez me parler en cenfrais, non en français darpon, non pardon !

- Très bien Monsieur Smith, répondit-il dans un français parfait, comme il vous plaira.

- Excusez-moi, demandai-je, mais quelle heure est-il et où suis-je exactement ?

- Il est précisément neuf heures et quarante-deux minutes et vous êtes à la Gare Saint-Lazare à Paris Monsieur Smith, bienvenue en France !

- Je vous remercie Monsieur ?

- Pardigon, Gilbert Pardigon !

- Merci Monsieur Pardigon.".

Et il continua son chemin vers la fin du wagon

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 20, 2021 ⏰

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