Échange royal

Prises au piège

- Aïe! Ok, un peu moins serré finalement.
La princesse soupira et reprit quelques couleurs tandis que sa gouvernante desserrait son corset.
- Merci.
Anrie regardait son reflet dans le miroir tout en s'efforçant de garder la tête haute et le dos droit. Elle replaça une mèches de ses cheveux bruns qui s'était échappée de l'élégant demi-chignon qu'elle portait. Sa gouvernante revint derrière elle, les bras envahis de jupons.
- Ne vous inquiétez pas, vous êtes ravissante.
- Merci, Inès, tu es très aimable.
Cette dernière sourit, puis commença à aider la princesse à enfiler sa crinoline. Anrie continuait de pratiquer sa posture. Ce soir, un bal était organisé au palais en l'honneur de son anniversaire et c'était aussi l'occasion qu'avait choisit son père pour annoncer au royaume avec qui elle devait se fiancer. Sédryc de Juldora était le nom de celui à qui elle était promise et c'est tout ce qu'Anrie savait sur lui. Les fiançailles étaient avant tout un accord commercial permettant d'unir les deux royaumes. C'était la coutume chez les nobles, alors la princesse s'y était attendue depuis sa naissance. Jamais elle n'en voudrait à son père de s'être chargé de lui trouver son prince charmant, car elle savait tout ce que ce mariage apporterait au royaume. En effet, les Juldora avaient promis une somme très importante, ce qui permettrait notamment de reconstruire certains villages qui avaient été touchés par un ouragan. Revoyant les images des maisons en ruines et des enfants apeurés, Anrie se rappela pourquoi elle faisait cela. Pour son peuple.

Inès, sa gouvernante, apporta la robe bleu poudre qu'elle avait sélectionnée pour cette soirée importante. Anrie sourit en la voyant.

-N'est-elle pas ravissante? Demanda Inès, visiblement fière de son choix.

-Elle est parfaite. Confirma sa majesté.

Inès sourit et aida la princesse à enfiler sa tenue. Elle sauta de joie en voyant le résultat. Anrie le remarqua et lui fit un câlin: «Merci Inès».

Soudain, des bruits de foule commencèrent à se faire entendre. Anrie couru jusqu'à la fenêtre de sa tour pour voir ce qui se passait. Des gens importants de tous les royaumes avoisinants descendaient avec grâce de leur carrosse tandis que son peuple arrivait à la marche ou la course, le sourire aux lèvres. La princesse remarqua les regards de dégoûts que certains des nobles portaient aux paysans. C'était effectivement bien rare que ces derniers étaient invités à de telles réceptions, mais puisque l'union des deux royaumes concernerait aussi les villageois, Anrie avait trouvé important qu'ils soient présents.

«Toc! Toc! Toc!»

La princesse se retourna vers la porte, intriguée car elle n'attendait personne. Inès alla ouvrir et un garde fit son entrée dans la pièce.

-Votre majesté, le roi souhaite vous voir dans la salle du trône. Il demande à ce que je vous escorte.

Anrie croisa les bras.

-Je peux très bien m'y rendre seule, merci beaucoup.

-Sa majesté savait que vous vous y opposerez, mais il m'a demandé d'insister, affirma le garde. Avec l'ouverture imminente des portes, il craint que quelqu'un puisse s'en prendre à vous.

-Si je puis me permettre, hésita Inès, le roi n'a pas tort.

Anrie céda et accepta de suivre le garde jusqu'à la salle du trône. C'était l'une des plus grandes pièces du palais et c'était ici que le roi rencontraient les nobles lors des cérémonies officielles. Le trône en question était en velours bleu marin et se trouvait au niveau du mur du fond, centré. Anrie croyait que son père s'y trouverait, mais le siège était vide. Elle balayait la pièce du regard à la recherche de ce dernier lorsque quelque chose attira son attention. Parmi les différents portraits des anciens rois et reines affichés sur les murs, se trouvait une peinture représentant un forêt. Elle avait toujours été là, mais cette fois-ci, les rayons de soleils perçant à travers les arbres semblaient sortir du tableau et illuminaient la grande salle. La princesse s'avança vers la peinture et la lumière qui l'aveugla lui confirma qu'elle n'avait pas rêvé.