La Fête

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Il y a quelques jours, Eloïse aurait tout donné pour se retrouver au milieu de ses semblables. Pour ressentir la chaleur et l’agitation d’une foule humaine. Se noyer dans la musique trop forte et s’assourdir d’alcool. Pour refaire partie du monde qu’elle avait quitté trop brusquement.

Mais alors qu’elle observait Aaron converser, toucher, effleurer cette femme à la peau ébène, elle aurait voulu disparaître. Être avalée par le sol. N’importe quoi, pour ne plus assister à la scène qui se déroulait sous ses yeux.

Lorsqu’elle l’avait aperçu au milieu de la foule, son cœur s’était gonflé de joie, avant qu’une douleur lancinante ne le réduise en miette.

Quatre jours ! Cela faisait quatre jours qu’elle attendait son retour, des nouvelles, un signe de vie ! Et il foulait son inquiétude aux pieds. N’était-elle pas sa partenaire ? Avait-elle si peu de valeur à ses yeux qu’il ne prenne même pas la peine de la prévenir de son retour ?

La colère monta en elle, étranglant sa gorge et son bon sens. Elle but une gorgée de son verre pour se donner du courage, et se dirigea vers le couple d’un pas décidé.

- Bonsoir, les salua-t-elle d’une voix sourde. J’espère que je ne vous interromps pas.

Aaron et sa compagne se tournèrent vers elle d’un seul mouvement félin. Cette dernière se tourna vers lui et leva un sourcil, l’interrogeant sans qu’une parole soit prononcée.

- Pas du tout, répondit le loup avec un grand sourire. Eloïse, je te présente Farah, une amie.

La jeune femme eut peur que ses dents ne cèdent, tant sa mâchoire était crispée. Elle savait qu’Aaron était maladroit, mais à ce point ? Elle eut presque envie de l’attraper par le col de son t-shirt et de le secouer pour lui remettre les idées en place. Mais outre le fait qu’un tel comportement soit pour le moins immature, il y avait peu de chance qu’elle arrive à le faire bouger ne serait-ce que d’un millimètre.

Elle inspira profondément, et afficha un sourire poli.

- Je suis ravie de rencontrer quelqu’un qui est si cher à Aaron.

Elle avait l’impression qu’un acide lui brûlait la gorge et teintait chacune de ses paroles d’un venin qu’elle était bien en peine de contrôler. Aaron et Farah étaient-ils conscients du feu qui lui ravageait les entrailles ? Elle tenta de le contenir, afin de conserver le peu de dignité qui lui restait.

- Après tout, il est tellement occupé en ce moment qu’il doit vraiment t’estimer pour t’accorder ces quelques instants.

Même Aaron, pourtant habituellement si obtus, parut sensible aux paroles de son calice. Son visage, jusqu’ici accueillant, se figea, avant de s’affaisser légèrement, et il détourna le regard. La jeune femme en ressentit une joie coupable, qu’elle tenta aussitôt d’étouffer.

- Nous nous connaissons effectivement depuis longtemps, répondit Farah. Et tu es ?

Pour la première fois de la soirée, Eloïse prit la peine d’observer celle qui occupait toute l’attention d’Aaron.

Farah était sans aucun doute agréable à regarder ; sa peau foncée, ses cheveux indomptables et ses yeux profonds lui conféraient une beauté exotique et une prestance certaine. Mais ce qui la différenciait des silhouettes anonymes de la foule, c’était cette aura sauvage qui se dégageait d’elle, cette lueur prédatrice qui brillait dans ses yeux. Une aura qui n’était pas sans rappeler celle d’Aaron.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 21, 2021 ⏰

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